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Un portrait démoniaque
01 Septembre 2005



Cet article se compose de 4 pages.
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- J'adjuge à 900 000 ? 900 000 une fois, 900 000…

Couler ou revenir à la surface en un éclair. Julius avait dans un ultime sursaut choisi de survivre et de se battre. Il s'était retourné en lançant à l'Anglais un regard plein de bravade et s'était redressé brutalement sur la pointe des pieds en avançant le menton avec arrogance avant de crier : « 950 000 ! ».

Pendue à ses lèvres, la salle avait bruissé de plaisir en le voyant ainsi relever le gant mais l'Anglais n'avait pas paru désarçonné pour autant. Affectant un air blasé, il avait projeté son catalogue en l'air pour signifier que la partie était loin d'être terminée.

« Un million ! », avait hululé le commissaire priseur manifestement ravi de constater que l'estimation haute pour ce tout petit tableau venait d'être largement dépassée.

Plongé dès lors dans un état second, comme s'il avait été sous l'effet d'une drogue euphorisante, Julius avait répliqué du tac au tac et les enchères s'étaient envolées pour arriver à 1,5 million d'euros et ne plus le laisser en découdre qu'avec l'Anglais. Ce dernier avait hésité longuement avant de pousser un peu plus loin mais déchaîné, Julius ne lui avait pas laissé le temps de respirer en lançant un « 1,7 million d'euros » d'une voix tonitruante.

A cet instant, l'Anglais était devenu cramoisi et le catalogue qu'il avait sans cesse propulsé en l'air était resté immobile dans sa main collée le long de sa cuisse comme s'il avait soudainement pesé une tonne.

Julius avait lancé un regard quelque peu inquiet dans sa direction en pestant intérieurement contre M° Courçon qui semblait prendre un malin plaisir à maintenir son marteau suspendu au-dessus de son crâne dégarni comme si le temps s'était alors figé.

L'assistance tout entière avait eu les yeux rivés sur lui tandis que l'Anglais avait baissé la tête pour signifier qu'il abandonnait la partie mais Julius s'était abstenu de jubiler de crainte de titiller l'orgueil de son rival tant que ce tortionnaire de commissaire-priseur n'aurait pas abaissé son fichu marteau pour de bon.

M° Courçon avait élevé son bras encore un peu plus haut tout en pointant l'index de sa main droite dans la direction de Julius, comme Dieu l'avait vraisemblablement fait pour désigner Moïse comme son porte-voix avant d'abattre violemment le marteau sur son pupitre. Le claquement sec du marteau d'ivoire avait eu l'effet d'un couperet de guillotine pour l'Anglais dont les espoirs avaient été décapités tandis que la salle avait instantanément déclenché une salve d'applaudissements qui avait soulevé Julius de bonheur.

Au même instant, ivre d'extase, Julius avait senti son sexe se gonfler et se dresser dans son pantalon sous l'effet de l'excitation qui s'était emparée de lui. Il l'avait enfin eu, ce portrait tant désiré, objet de son plus grand fantasme et lorsqu'il avait été chercher son lot après l'avoir payé au moyen d'un chèque garanti par sa banque, il n'avait eu aucune honte à laisser sa semence exploser dans son froc après avoir éprouvé le plus bel orgasme de son existence.

Excité comme un môme ayant découvert avec émerveillement son cadeau de Noël, il s'était éclipsé comme un voleur de l'Hôtel Drouot avec son petit tableau sous le bras pour vite aller l'accrocher en bonne place dans son salon regorgeant déjà de magnifiques œuvres d'art. Toutefois, ce tableau était devenu illico le joyau de sa collection, une véritable folie mesurant tout juste 21 x 15 cm payée près de deux millions d'euros avec les frais.

Un verre de whisky à la main, il s'était installé l'air béat dans un fauteuil pour contempler à loisir son chef d'œuvre, sa merveille, son trésor, son nouvel amour, son Graal.

« Duna, Duna », une voix s'était mise à roucouler suavement en boucle dans son esprit jusqu'à devenir une lancinante litanie.
« Duna, Duna »…

Il n'avait pu détacher son regard de ce tableau si étrange et si attirant qui avait semblé lui chanter une mélopée ultrasonique comme s'il avait été un chien répondant à un son qu'aucun être humain n'aurait eu la faculté de capter.

Comme les compagnons d'Ulysse succombant aux chants des sirènes, Julius avait été mû par l'irrésistible envie de se lever et d'aller caresser ce portrait si énigmatique. Il avait eu l'impression de devenir une plume en se sentant littéralement soulevé de son fauteuil comme un cosmonaute en état d'apesanteur. Cette sensation avait semblé durer plusieurs minutes avant que ses paupières de deviennent lourdes et qu'il s'endorme, bercé par le doux nom de « Duna » qui avait sans cesse trotté dans sa tête.

Il avait émergé une heure plus tard de son pesant sommeil comme s'il était revenu d'un voyage vertigineux du fin fond des abysses. Hébété, il s'était relevé péniblement puis avait titubé comme un ivrogne en riant cependant à gorge déployée en voyant le tableau envoûtant qui trônait majestueusement devant lui.

Près de deux millions d'euros ! Il s'était presque ruiné pour ce chef d'œuvre qui n'avait été estimé au mieux qu'à moins de la moitié de cette somme. Cet emmerdeur d'Anglais lui avait mené la vie dure mais pour rien au monde il n'aurait laissé échapper ce véritable diamant qui l'avait ensorcelé. Du reste, il lui suffirait de revendre trois ou quatre belles pièces de sa collection, un De Staël dont il commençait à se lasser, un bronze de Bugatti au sujet duquel il avait eu des doutes lorsqu'un spécialiste lui avait révélé qu'il existait des tirages illicites, une aquarelle de Picasso devenue un peu trop tardive à son goût et un « Lop-Lop » de Max Ernst qu'il avait fini par trouver trop stéréotypé.

La vente de ces œuvres pouvait lui permettre de rentrer largement dans son argent mais au bout du compte, cette perspective intéressante n'avait finalement semblé être de peu d'importance par rapport au fait que les journaux allaient célébrer à profusion l'enchère record atteinte par un tout petit format de Lucian Freud tout en faisant de lui un collectionneur à l'égal des grands.

Les journalistes n'allaient pas manquer de lui courir après pour réclamer des interviews et solliciter ses avis précieux sur l'art ou sur la meilleure façon de collectionner. A cette pensée, Julius s'était mis à danser et à pousser des petits cris stridents comme un Indien en savourant à l'avance la gloire qui s'offrait à lui.

Julius était finalement allé se coucher sans pouvoir se calmer et s'était abandonné aux bras de Morphée vers 2 heures 30 du matin plus par épuisement que par l'envie réelle de dormir. Au demeurant, son sommeil avait été terriblement agité et il s'était sans cesse retourné en tous sens comme saisi de spasmes, son esprit ressassant le souvenir de sa fantastique journée victorieuse.

« Duna, Duna », ce nom revenait dans un va et vient démoniaque dans son cerveau jusqu'à le faire délirer comme sous l'effet d'une drogue hypnotique. Vers 5 heures du matin, Julius poussa un cri étouffé, une sorte de râle d'agonisant qui le mit d'emblée en état de panique. « Duna, Duna »… Il se souleva d'un coup et constata que son pyjama était trempé de sueur. Il s'épongea le front, trébucha en sortant du lit et guidé par une force invisible, se rua dans le salon où il alluma la lumière avant de se planter raide comme un i devant le portrait qui avait envahi ses pensées.

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