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Archives des News

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Un portrait démoniaque
01 Septembre 2005



Cet article se compose de 4 pages.
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Excité comme il ne l'avait jamais été de toute son existence, Julius Lange avait eu sacrément du mal à trouver le sommeil en cette chaude nuit du 27 juin 2005.

S'étant finalement mis au lit à minuit, il avait d'abord feuilleté distraitement un livre sur Jackson Pollock, le maître du Dripping, avant de se sentir envahi par le souvenir de la folle et inoubliable journée qu'il venait de vivre à l'Hôtel Drouot.

Il s'était revu en train d'attendre fébrilement le passage du lot 66 qu'il avait convoité dès qu'il avait reçu par la poste le catalogue de la vente de tableaux modernes et contemporains appelée à être dirigée par M° Courçon.

Hypnotisé d'emblée par l'œuvre étonnante reproduite en pleine page, il s'était retrouvé dans un état d'excitation extrême accompagné cependant de moments d'abattement causés par l'attente de la vente de ce portrait fascinant de « Duna » par Lucian Freud. Fascinant était le mot, tellement ce visage tordu éreinté de douleur au regard vibrant, pénétrant, plein de morgue et de défi avait subjugué Julius jusqu'à le rendre malade de l'envie de le posséder.

Le moment tant espéré était enfin arrivé. Ne tenant plus en place depuis des jours, Julius avait pris la résolution d'acheter ce portrait coûte que coûte quitte à se ruiner pour l'avoir. Les minutes précédant le passage de ce lot si désiré avaient paru durer une éternité. Debout parmi une foule compacte, il avait senti monter en lui une peur panique pareille à celle qui devait s'emparer de n'importe quel soldat bondissant d'une tranchée sous une grêle de balles ennemies.

Justement, les ennemis acharnés à s'emparer du lot 66 s'étaient probablement tapis dans cette salle surchauffée prêts à le poignarder à coups d'enchères assassines.

« Lot 66, portrait de Duna par Lucian Freud, un véritable petit bijou peint par le célèbre artiste britannique en 1982. Commençons à 250 000 », avait annoncé le commissaire priseur.

- 260 000, 270 000, 280 000, 300 000 …

Tout en égrenant les enchères, M° Courçon avait dodeliné de la tête en balayant la salle d'un regard circulaire afin de prendre le pouls de l'assistance. Il ne lui avait fallu que quelques secondes pour juger que la situation était favorable pour faire monter la sauce nonobstant le fait qu'il lui serait loisible de mettre la pression au moment adéquat lorsqu'il serait arrivé au niveau de l'ordre d'achat le plus haut qu'il avait reçu avant la vente.

- 350 000… 400 000…450 000 …

Jusqu'alors, Julius s'était contenté de surveiller la salle afin de repérer ses rivaux, un Américain à l'air goguenard, un Français impassible et un Anglais plutôt nerveux. Il était entré dans la danse à 600 000 euros en levant d'un geste furtif le stylo qu'il tenait entre son index et son pouce avec l'espoir de rester incognito le plus longtemps possible mais à 750 000 euros, le commissaire priseur avait pointé malicieusement son marteau dans sa direction en attendant une contre-attaque du marchand anglais qui n'avait pas cessé de dresser son catalogue au dessus de sa tête pour montrer qu'il était lui aussi bien décidé à participer jusqu'au bout à la bagarre.

Soudain irrité, Julius avait alors senti des gouttelettes de sueur dégouliner le long de sa colonne vertébrale tandis que son cœur s'était mis à battre brutalement la chamade.

- 800 000 !…

Cet enquiquineur d'Anglais n'avait guère semblé disposé à lâcher prise et Julius avait eu l'impression que le sol se dérobait sous ses pieds en brandissant cette fois son stylo rageusement pour surenchérir à 850 000.

Il y avait eu à cette seconde un moment de flottement dans la salle alors que tous les regards avaient convergé sur lui comme s'il s'était retrouvé nu comme un ver au milieu de l'assistance. Il avait rougi de confusion avant de baisser les paupières en priant le ciel qu'au supplice qu'il subissait succéderait enfin la joie ineffable d'emporter le morceau.

- 850 000… 850 000 une fois, deux fois…

« 900 000 ! », avait lâché l'Anglais comme si celui-ci avait reçu une violente décharge électrique propre à lui enflammer les cordes vocales.

Sur le coup, Julius avait été tétanisé et incapable d'articuler un mot. Il était resté la bouche ouverte comme un poisson cherchant désespérément à gober de l'oxygène dans une eau trop vaseuse. Le souffle coupé, il avait eu l'effarante sensation que son cœur s'était soulevé jusqu'à venir se coincer dans son larynx. A cet instant, il avait bien cru défaillir alors que ses tympans avaient reçu en écho le murmure de la salle accompagné de la sollicitation pressante du commissaire priseur à poursuivre ou non les enchères.

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