Figure du Nouveau-Réalisme, l'artiste Arman, de son vrai nom Armand Pierre Fernandez, est mort d'un cancer à l'âge de 76 ans le 22 octobre 2005 à New York. Né à Nice d'un père brocanteur qui lui avait donné la passion de la collection, Arman se lança sur la scène artistique grâce à Yves Klein qui lui avait dit un jour que pour se faire connaître, il lui fallait créer des choses sortant de l'ordinaire. Ayant fréquenté l'Ecole des Arts Décoratifs et l'Ecole du Louvre, il suivit ce conseil dès 1954 en réalisant des compositions sous l'influence de Kurt Schwitters puis en 1960, il s'ingénia à remplir la galerie d'Iris Clert avec des déchets et des détritus.
En 1960, Arman créa avec Klein, Tinguely, Spoerri et Niki de Saint-Phalle le groupe des Nouveaux Réalistes dont la doctrine fut d'insérer des éléments de la vie courante (poupées, assiettes, objets divers) dans leurs oeuvres. Il réalisa également des "Colères", une série constituée d'objets cassés ou destructurés ainsi que des accumulations (de violons, de tubes de peinture, de pendules, de pinceaux, de statuettes, de valises et autres)
Etabli aux Etats-Unis, Arman prit la nationalité américaine en 1972 mais garda un grand attachement pour la France qu'il visita régulièrement.
Humaniste dans l'âme, militant engagé contre le racisme, Arman considérait qu'il lui fallait combattre la bêtise par la provocation tout en essayant de changer la manière qu'avaient les gens à voir les objets. Lors du vernissage de son exposition rétrospective au Musée d'Art Moderne de Nice en 2001, ce provocateur né avait dénoncé la société de consommation en détruisant un living-room au bulldozer pour le réduire à l'état de débris et en faire une oeuvre militantiste.
Collectionneur-fou, il amassa chez lui d'impressionnantes collections d'armes, de masques africains, de montres, de vieux postes de radio qu'il revendait de temps à autre pour acheter d'autres choses qui lui plaisaient.
Celui qui disait que l'art était fait pour parler à tout le monde perdit toutefois un peu de son aura en se faisant bêtement piéger lors d'un reportage télévisé consacré au galeriste Nahon dans lequel il se laissa aller à parler immodérément d'argent et à faire ainsi croire qu'il avait un esprit plutôt mercantile. Il est vrai qu'à New York, l'association de l'art contemporain avec l'argent a toujours été un sujet moins tabou qu'à Paris.