Le Musée des Beaux-Arts de Lyon présente jusqu'au 7 janvier 2001 une exposition consacrée à la peinture vénitienne intitulée «Settencento, le siècle de Tiepolo». Alors que l'Italie sombrait progressivement dans une longue léthargie, Venise brillait encore de mille feux au XVIIIe siècle malgré l'instauration d'une dictature policière qui fit fuir de nombreux citoyens épris de liberté comme Casanova.
Venise survivait surtout par la grâce de ses artistes, notamment Piazetta, Longhi, Pittoni, Tiepolo, Bellotto, Guardi, Marieschi ou Canaletto dont la réputation s'étendait hors de ses limites. Venise était admirée de tous pour sa beauté mais rares étaient ceux qui y sentaient souffler un vent de liberté.
Il n'y avait qu'à Venise où la peinture trouvait encore son plein épanouissement alors qu'elle se mourait à Florence ou à Rome. Les peintres vénitiens avaient ainsi la faveur des collectionneurs anglais, espagnols ou allemands alors que les Français y goûtaient peu, préférant le charme des œuvres de Chardin, Fragonard ou Boucher.
Il n'en reste pas moins que les Vénitiens glorifièrent Tiepolo et dédaignèrent Guardi ou Canaletto considérés à leur manière de peintres des équivalents de nos cartes postales. Pourtant Guardi ouvrit la voie à des représentations novatrices dont s'inspirèrent nombre d'artistes du XIXe siècle.
Mais ce fut Tiepolo qui attira vers lui une gloire presque sans partage et devint immensément riche au bout d'une carrière exemplaire. Il est vrai que ce virtuose hypnotisa bien des amateurs durant plus de deux siècles qui virent en lui un maître de la fresque et des compositions audacieuses. Bref, un véritable génie du pinceau.