Le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris organise jusqu'au 16 mars 2003 une rétrospective de l'œuvre de Francis Picabia (1878-1953), un artiste pour le moins éclectique.
Picabia a été tour à tour un précurseur, un provocateur et un artiste aux multiples facettes dont le génie a cependant été contrecarré par une certaine tendance à la facilité et une instabilité qui l'ont mené parfois aux bords de la médiocrité.
Dandy, séducteur, jouisseur, nomade, nanti de plusieurs facettes, de surcroît individualiste en diable et amuseur, Picabia a néanmoins été à maints égards un pionnier de l'histoire de l'art du XXe siècle.
Picabia, qui aimait se faire surnommer le « loustic », commença sa carrière comme peintre post-impressionniste et rencontra vite le succès dans ce registre. Mais en 1908, il prit le parti de s'en détourner pour se lancer dans des expérimentations, notamment dans le domaine du Fauvisme, puis de l'abstraction, qui l'amenèrent à rencontrer Marcel Duchamp.
Il produisit alors des tableaux aux lignes géométriques qui semblèrent avoir un rapport étroit avec le Futurisme italien puis, il changea de cap lors d'un voyage à New York en 1913 en créant une série appelée « Mécanique » en s'inspirant d'illustrations publiées dans des revues. Sept ans plus tard, Tristan Tzara, initiateur du Dadaïsme, qualifia l'œuvre de Picabia comme prophétique lorsque celui-ci dessina les costumes de la « Première Aventure céleste de M. Antipyrine » avec des sacs en papier lors de la représentation qui eut lieu au Théâtre de l'œuvre.
Le scandale créé alors par Picabia l'amusa et l'amena à aller encore plus loin dans la dérision et surtout dans la création au niveau du Surréalisme en animant des happenings déroutants, mais quelque peu lassé de ses facéties, il retourna à la figuration en superposant souvent des visages dans ses œuvres.
La guerre venue, il se lança dans la production de tableaux montrant des starlettes de cinéma dans des poses suggestives copiées dans des revues, des œuvres plutôt fades et sans intérêt qui demandent cependant à être décryptées avec une intelligence aiguë sinon on en viendrait à se demander si le génie Picabia ne se serait pas brutalement épuisé comme un tube de dentifrice devenu totalement vide après une utilisation maximale. Certains critiques décèlent cependant dans ces oeuvres d'un kitsch absolu une certaine ironie et une expérimentation savante du ratage, ce qui semble être une façon élégante de dédouaner l'artiste alors qu'il serait plus simple d'expliquer que sa veine créatrice s'était finalement tarie, comme celle de tant d'ailleurs d'autres artistes, notamment Vlaminck ou Derain après la Première Guerre Mondiale.
A.D
Le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris organise jusqu'au 16 mars 2003 une rétrospective de l'œuvre de Francis Picabia (1878-1953), un artiste pour le moins éclectique.
Picabia a été tour à tour un précurseur, un provocateur et un artiste aux multiples facettes dont le génie a cependant été contrecarré par une certaine tendance à la facilité et une instabilité qui l'ont mené parfois aux bords de la médiocrité.
Dandy, séducteur, jouisseur, nomade, nanti de plusieurs facettes, de surcroît individualiste en diable et amuseur, Picabia a néanmoins été à maints égards un pionnier de l'histoire de l'art du XXe siècle.
Picabia, qui aimait se faire surnommer le « loustic », commença sa carrière comme peintre post-impressionniste et rencontra vite le succès dans ce registre. Mais en 1908, il prit le parti de s'en détourner pour se lancer dans des expérimentations, notamment dans le domaine du Fauvisme, puis de l'abstraction, qui l'amenèrent à rencontrer Marcel Duchamp.
Il produisit alors des tableaux aux lignes géométriques qui semblèrent avoir un rapport étroit avec le Futurisme italien puis, il changea de cap lors d'un voyage à New York en 1913 en créant une série appelée « Mécanique » en s'inspirant d'illustrations publiées dans des revues. Sept ans plus tard, Tristan Tzara, initiateur du Dadaïsme, qualifia l'œuvre de Picabia comme prophétique lorsque celui-ci dessina les costumes de la « Première Aventure céleste de M. Antipyrine » avec des sacs en papier lors de la représentation qui eut lieu au Théâtre de l'œuvre.
Le scandale créé alors par Picabia l'amusa et l'amena à aller encore plus loin dans la dérision et surtout dans la création au niveau du Surréalisme en animant des happenings déroutants, mais quelque peu lassé de ses facéties, il retourna à la figuration en superposant souvent des visages dans ses œuvres.
La guerre venue, il se lança dans la production de tableaux montrant des starlettes de cinéma dans des poses suggestives copiées dans des revues, des œuvres plutôt fades et sans intérêt qui demandent cependant à être décryptées avec une intelligence aiguë sinon on en viendrait à se demander si le génie Picabia ne se serait pas brutalement épuisé comme un tube de dentifrice devenu totalement vide après une utilisation maximale. Certains critiques décèlent cependant dans ces oeuvres d'un kitsch absolu une certaine ironie et une expérimentation savante du ratage, ce qui semble être une façon élégante de dédouaner l'artiste alors qu'il serait plus simple d'expliquer que sa veine créatrice s'était finalement tarie, comme celle de tant d'ailleurs d'autres artistes, notamment Vlaminck ou Derain après la Première Guerre Mondiale.