La vente record d'un bouquet de tournesols de Vincent Van Gogh le 30 mars 1987 par Christie's risque de déboucher sur un scandale majeur au sein du monde de l'art suite aux affirmations de deux chercheurs selon lesquelles ce tableau ne serait rien moins qu'un faux. L'œuvre avait été vendue 39,921 millions de dollars au magnat japonais de l'assurance Yasuo Goto et cette enchère faramineuse, provoquant d'abord une formidable sensation à travers le monde, avait été le point de départ d'une incroyable spéculation qui dura jusqu'à la Guerre du Golfe de 1991.
Le chercheur italien Antonio de Robertis avait signalé en 1993 que cette œuvre n'était pas de la main de Van Gogh mais de celle de son ami, le peintre de Pont-Aven Emil Schuffenecker. Personne ne voulut cependant prendre au sérieux ce trouble-fête inconnu qui venait ainsi chatouiller les hautes autorités du marché de l'art.
De Robertis a néanmoins trouvé un allié de poids dans sa campagne en la personne de Benoît Landais, un chercheur français qui a travaillé de nombreuses années sur les tableaux et la correspondance de Van Gogh. Ce dernier a déjà jeté un pavé dans la mare en affirmant qu'au moins une centaine d'œuvres figurant au catalogue raisonné concernant l'artiste étaient douteuses.
Le tableau vendu à Londres ne serait donc qu'une pâle copie de celui exposé à la National Gallery de cette même ville avec au moins une douzaine d'erreurs flagrantes relevées par Benoît Landais au niveau stylistique.
Van Gogh avait peint d'abord 12 tournesols puis 14 et avait réalisé deux autres versions de ces tableaux. Or le peintre n'avait mentionné que deux tableaux de 14 tournesols dans les lettres adressées à son frère Théo. L'un est à Londres et l'autre au musée d'Amsterdam. Celui de M. Goto n'a ainsi pas de provenance sûre. Le catalogue de Christie's signalait qu'il provenait de la famille de Van Gogh or il avait été précédemment admis que ce tableau se trouvait en la possession d'Emil Schuffenecker lequel fait à présent l'objet d'une polémique puisqu'on l'accuse d'avoir réalisé la plupart des faux Van Gogh dénoncés par Benoît Landais. Si le tableau venait à être considéré comme faux, M. Goto pourrait bien se retourner en justice contre Christie's et une telle affaire risquerait d'être un véritable gouffre financer pour cette firme en cas de condamnation surtout que la procédure pourrait durer des années.