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Picasso, roi des rois
01 Juillet 2006


Cet article se compose de 4 pages.
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Sa propension à passer d'un style à l'autre était devenue une constante à partir du début des années 1920 lorsqu'il peignit des œuvres résolument cubistes comme « Les Trois Musiciens » en 1921 puis des toiles réalistes d'arlequins en 1923 pour revenir au Cubisme avec de grandes natures mortes. Ces allers et retours furent autant de questionnements chez cet artiste constamment pris par une rage créatrice qui le consuma jusqu'à la fin de ses jours.

S'étant même essayé brièvement au Surréalisme mais n'ayant pas le tempérament d'un rêveur et encore moins celui d'un adepte aux ordres d'André Breton, il préféra surtout se fier à son inspiration du moment avant d'être confronté à la guerre civile en Espagne qui l'amener à créer en 1937 « Guernica », une immense toile montrant les souffrances de son peuple avec une force révélatrice de sa compassion et de son déchirement intérieur. A partir de ce moment, il produisit des œuvres cubistes expressionnistes remarquables comme « La Femme qui pleure », « Les Femmes assises » ou la « Petite fille à la sucette » et des toiles montrant Dora Maar, sa nouvelle muse.

La guerre en Espagne ne le marqua toutefois pas d'emblée et ce ne fut que lorsqu'il grava au début de 1937 « Songe et mensonge de Franco » qu'il fut amené à évoquer les malheurs de son pays natal. Il fallut le bombardement de Guernica pour provoquer son indignation et à produire des œuvres traduisant l'horreur ou la monstruosité des hommes, ce qui ne l'empêcha pas de peindre en même temps des œuvres plus sereines.

Paradoxalement, la Seconde Guerre Mondiale ne l'amena cependant à aucune dénonciation marquante au plan artistique, comme si cette fois le conflit ne l'avait pas concerné. Il se contenta alors de faire comme les Français durant l'occupation allemande, à savoir survivre sans même essayer de venir au secours de son ami Max Jacob, interné comme juif à Drancy.

Il ne réitéra donc pas son courage, manifesté toutefois de loin lors de la guerre en Espagne, et préféra travailler en solitaire en étant plutôt transparent, manifestant au passage un désintérêt surprenant pour ses semblables ou plutôt son désir de rester sur un piédestal comme pour se protéger du monde extérieur.

Ses œuvres produites entre 1939 et 1945 reflètent néanmoins une certaine terreur comme dans les deux versions d'un chat mi-hyène, mi-loup de 1939. Après les obsèques de Vollard le 1er septembre 1939, il alla en vacances à Royan avec Marie-Thérèse et Maya puis il réalisa des assemblages et des œuvres reflétant son questionnement d'alors. Confronté aux difficiles conditions de la guerre, il peignit dans son atelier de la rue des Grands-Augustins des natures mortes de facture misérabiliste ou essentiellement picturale ainsi que « Le Charnier » en 1945, une évocation douloureuse de la guerre mais aussi un hommage aux victimes des nazis ou encore « La Bacchanale d'après Poussin » peintre entre le 24 et le 29 août 1944 pour exprimer sa joie de voir Paris libéré.

Son adhésion au Parti Communiste en 1944 fit grand bruit mais ce geste parut être celui d'un homme confronté brutalement aux événements politiques qui ne se manifesta pas vraiment comme un communiste convaincu impliqué dans les activités du PCF. En fait, il tenta vraisemblablement par ce geste de se dédouaner de sa passivité plutôt lâche manifestée durant les années d'occupation sans se douter que son engagement allait provoquer de sérieux remous outre-Atlantique où les autorités américaines s'étaient engagées dans une lutte sans merci contre le Communisme en allant même jusqu'à inciter leurs musées à boycotter les artistes européens suspectés d'être des sympathisants du régime de Moscou.

S'étant séparé de Dora Maar au bout d'une liaison qui avait duré un peu plus de sept ans, il se mit en ménage avec Françoise Gilot en 1946 et produisit des œuvres avec des couleurs violentes ou calibrées avec précaution avant de se montrer plus intimiste à partir de 1950 avec des portraits de sa femme et ses jeunes enfants ou des toiles montrant ceux-ci à la plage.

Par ailleurs, son adhésion au Communisme ne l'accapara pas trop même s'il tenta d'assumer son choix d'autant plus qu'il avait estimé depuis longtemps que sa liberté comptait par-dessus tout. Néanmoins, son engagement politique freina quelque peu son appétit de renouvellement jusqu'au moment ou un portrait de Staline peu obligeant mit un terme à cette expérience sans trop l'émouvoir. Entre-temps, il avait produit de grandes fresques sur la guerre et la paix ou une immense décoration murale pour le Palais de l'Unesco et peint des natures mortes et des portraits sans oublier de diversifier sa production en allant jusqu'à pasticher des grands maîtres, comme Delacroix, Vélasquez ou Manet.

Les disparitions d'Eluard, son ami le plus proche, de Derain, de Laurens, de Léger et de Matisse mais aussi le départ de Françoise en décembre 1953 furent des événements contrariants que Picasso surmonta en allant se réfugier l'année suivante sur la Côte d'Azur en compagnie de Jacqueline Roque laquelle lui inspira une série de magnifiques portraits d'après Delacroix, un artiste qui le fascina par le biais des « Femmes d'Alger ». Dans le somptueux portrait de Jacqueline en costume turc, il retourna pleinement à la couleur et revint à la tradition analytique du Cubisme.

Picasso contracta un mariage avec Jacqueline Roque en 1961, sept ans après la mort d'Olga Koklova, épousée en 1918 et dont il s'était séparé en 1934, puis continua à travailler sans relâche à Mougins tout en restant très alerte malgré son grand âge.

Il reprit alors d'anciens thèmes et se confronta aux maîtres anciens sans chercher à les copier mais plutôt à les défier pour se chercher lui-même en déployant comme toujours une prodigieuse activité et en manifestant une incroyable liberté.

Durant les dernières années de sa vie, il s'attacha à produire des œuvres dans un style synthétique en mêlant les formulations expérimentées bien des années auparavant tout en ayant trouvé une certaine sérénité en faisant simplement du « Picasso » à travers des œuvres pleines de vie souvent teintées d'un érotisme audacieux.

Au cours d'une carrière extraordinairement longue, Picasso produisit ainsi plus de 110 000 œuvres dont plusieurs dizaines qui marquèrent sans conteste l'histoire de l'art que soit dans les domaines de la peinture, de la sculpture et de la gravure.

N'empêche, l'artiste fut longtemps dénigré voire raillé par la critique avant de parvenir à faire taire ses détracteurs à force d'être constamment présent sur le devant de la scène. Sa formidable production a donné lieu à une impressionnante floraison d'ouvrages le concernant, les uns pour dresser une liste complète de ses œuvres, les autres pour les analyser mais leur foisonnement a fini par brouiller les pistes. Expliquer Picasso s'est donc avéré une tâche des plus complexes d'autant plus que l'homme lui-même a paru insaisissable.

Son moteur au départ fut d'explorer à fond les frontières du monde de l'art avant de trouver de nouveaux tremplins avec le don inné de puiser de nouvelles forces chez ceux qu'il fréquenta, ses amis et surtout les femmes qu'il vampirisa à sa façon, l'amour lui donnant à chaque fois l'élan nécessaire pour rebondir et aller plus loin. De nature égoïste, il se servit de ses différentes liaisons pour se sublimer sans trop se soucier des blessures qu'il pouvait infliger à ses compagnes lesquelles le considérèrent, inconsciemment ou non, comme une sorte de dieu.

Génie précoce et d'une longévité exceptionnelle, Picasso ne fut pas de nature à vendre ses œuvres. En fait, il eut tendance à pratiquement tout garder comme pour s'entourer de ses toiles afin de les analyser lui-même et en créer d'autres différentes. En outre, il dédaigna souvent les expositions et prêta rarement les œuvres de sa collection personnelle au cours de sa vie.

Incontestablement, il fut le premier peintre de son temps jusqu'à devenir un géant dont l'ombre fut tellement immense qu'elle paralysa en France l'évolution de l'art contemporain et ce, même après sa mort laquelle laissa une sorte de grand vide difficile à combler. Il reste toutefois à savoir si son influence fut plus grande que celle de Mondrian, Malévitch, Kandinsky et Matisse ou s'il s'imposa comme le plus grand artiste du XXe siècle seulement à travers son œuvre gigantesque.

Quoi qu'il en soit, Picasso aura réussi à rompre bien des barrières et à donner à l'art un élan salutaire en lui apportant un nouveau souffle et un langage universel qui ont déjà fait de lui le peintre le plus mythique, le plus inventif, le plus prolifique et le plus cher de la planète.

Adrian Darmon

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