C'est le 27 octobre 1960 que les membres du groupe des Nouveaux Réalistes animé par le critique Pierre Restany ont signé chez Yves Klein la déclaration constitutive de leur mouvement. Les Nouveaux Réalistes s'étaient lancés dans la récupération de l'objet notamment avec Martial Raysse et ses créations en plastique et César avec ses compressions de voitures.
La dissolution du mouvement intervint en novembre 1970 alors que douze ans plus tard Klein avait exposé le «Vide» chez Iris Clert en ne montrant rien à part le fait que les vitres de la galerie avaient été recouvertes de bleu.
Lors de l'inauguration, on servit un cocktails bleu et la galerie fit le plein de curieux qui découvrirent ainsi l'énergie cosmique et l'idéal universel du bleu.
Reprenant les idées des Suprématistes, Klein avait très tôt entrevu les possibilités de la couleur pure en créant des propositions monochromes. Puis, à partir de 1957, il utilisa les pigments en poudre pour se lancer dans sa période bleue.
Le bleu, quelque peu comparable à l'outremer, que Klein utilisa était une composition secrète élaborée par lui-même qui devint sa référence.
Il utilisa non seulement ce bleu pour ses tableaux mais aussi pour des objets, des éponges et des sculptures comme la «Petite Victoire de Samothrace».
En 1959, l'artiste imagina vendre du «vent» à des amateurs, c'est à dire l'air de Paris contre 150 grammes d'or fin qu'il jetait à la Seine.
Très mystique, Klein poussa la provocation au plus haut point en 1960 en se mettant en scène en smoking et gants blancs avec trois femmes nues enduites de peinture bleue et laissant leur empreinte sur du papier blanc après s'être roulées dessus au son d'une musique monocorde jouée par un orchestre.
Il réalisa ensuite des peintures au lance-flammes comme pour bien prouver son vieux credo selon lequel des feux brûlaient dans le cœur de l'homme. Puis il créa des monochromes de couleur or et fit des portraits-reliefs et des moulages de corps peints en bleu jusqu'à ce funeste 6 juin 1962 où la mort le débarqua brutalement à 34 ans vers le ciel bleu par le biais d'une soudaine crise cardiaque.
Klein est devenu une légende et ses œuvres valent de plus en plus cher sur le marché, surtout celles en bleu comme cette toile de 1958 intitulée RE1 réalisée avec des éponges et des pigments mesurant 200 x 150 cm qui a atteint plus de 47 millions FF le 15 novembre 2000 chez Christie's. Sans conteste, il est le peintre français des années 1960 le plus prisé sur le marché.