Sur les
500.000 pièces prêtées par l'Etat à des institutions, 10% manquent à l'appel,
selon un inventaire publié par la commission de récolement des dépôts d'oeuvres d'art.
On savait déjà
depuis des décennies que nombre d'objets et tableaux avaient disparu
d'ambassades, de préfectures, de mairies, de musées, d'universités et autres
bâtiments officiels, comme en 2017 au musée Masséna de Nice où 2466 pièces,
soit un quart de ses collections, manquaient à l'appel, a rapporté le journal
Corse-Matin qui a indiqué que seulement 366 ont été depuis retrouvées alors
que 61 autres avaient été simplement volées.
Ce constat est
accablant et procure un travail considérable à l'Office central de lutte contre
le trafic des biens culturels (OCBC) qui ne dispose que de 28 enquêteurs pour
traquer non seulement ces objets mais faire aussi la chasse aux faussaires, voleurs, receleurs
ou escrocs sévissant sur le marché de l'art en se voyant parfois confier des
enquêtes sur des plaintes qui n'ont pas vraiment de bases solides et lui font perdre du temps.
Au début 2019, la
Commission de récolement des dépôts d'œuvres d'art (CRDOA) a publié la synthèse nationale de vingt ans
d'opérations d'inventaire menées par les dépositaires (Centre des monuments
nationaux, Centre national des arts plastiques, manufacture nationale de
Sèvres, Mobilier national, Service des musées de France, musée de l'Armée et
musée national de la Marine) auprès des structures à qui des œuvres avaient été
confiées 50 ou 100 ans plus tôt.
Ainsi, rien qu'à l'Elysée, un millier de meubles, céramiques ou
tableaux manquent à l'appel alors que le réseau des ambassades de France n'a pu
localiser 60% des 110 000 œuvres dont il
avait la garde. En fait, des milliers d'œuvres ont mal été inventoriées pour finir par disparaître sans que personne ne s'en aperçoive et réapparaître parfois dans
des ventes aux enchères, comme cela a été le cas il y a deux ans pour de la
vaisselle provenant du ministère de l'Intérieur alors que certains hauts
fonctionnaires se sont montrés indélicats, à l'image de l'ancienne préfète de Lozère,
condamnée en 2011 à un an de prison ferme pour avoir subtilisé des meubles et
tableaux de son logement de fonction.
On a également constaté que certains dépositaires des biens
confiés les déplaçaient sans autorisation comme au musée des Beaux-Arts de
Marseille où, sur 125 œuvres déposées, 24 ont été transférées vers d'autres site
sans accord alors que 53 autres avaient été confiées à d'autres musées pour
finir dans les réserves.
Pour sa part, le Centre national des arts plastiques recherche toujours deux
portraits impériaux déposés à la sous-préfecture d'Arles ou La Vierge
et l'enfant Jésus, d'Emile Charles Joseph Loubon, une huile sur toile confiée à la maison
d'arrêt des Baumettes, et s'apprête à porter plainte au sujet d'une décoration
picturale introuvable à la fac de médecine du Pharo, d'un buste de Louis
Adolphe Thiers déposé au musée Cantini retrouvé au Lycée portant le nom de l'homme
politique du 19e siècle, d'une huile de Jacques Thévenet, Boodle's
Club, prêtée au même musée. Au musée des Beaux-Arts, il recherche
encore Les Oliviers à Cassis, une toile de Maurice
Crozet ainsi que Prométhée enchaîné, un
tableau d'Emile Jean-Baptiste Bin.
Le Service des musées de France a de son côté déposé 94 plaintes
dans les Bouches-du-Rhône, notamment pour une marine de Raoul Dufy, recherchée au musée
Cantini, deux peintures déposées par le musée du Louvre au musée des Beaux-Arts
(Le départ de Léonidas d'Auguste Couder et Nymphes à
la fontaine, de Charles Le Brun) alors que six œuvres sont recherchées au
musée Granet d'Aix-en-Provence et 14 autres à la mairie de Marseille.
L'OCBC a donc du pain sur la planche sachant que le trafic d'œuvres
d'art est le troisième plus important au monde après celui des armes et des
contrefaçons en étant estimé entre 3 et 8 milliards d'euros par an alors que
75% des enquêtes sont liées à la délinquance économique et financière sur le
marché de l'art, inondé de faux et fréquenté par des individus adeptes de l'escroquerie
et du blanchiment d'argent.
Travaillant de concert avec Interpol, le groupe compulse des
catalogues de vente et surfe quotidiennement sur Internet pour repérer les faux
qui pullulent sur des sites comme E-Bay ou le Bon Coin, souvent grossiers et
proposés à des prix défiant toute concurrence, une tâche fastidieuse par
rapport à la traque de faussaires chevronnés qui proposent leurs plagiats pour
des sommes conséquentes alors que les vols ne concernent que 25% des affaires
traitées par 28 enquêteurs, un contingent bien faible vis-à-vis des Italiens
qui disposent d'un service de 200 policiers spécialisés notamment dans le
pillage de sites archéologiques.
Chargé de retrouver les œuvres prêtées par l'Etat qui ont disparu,
le service a déjà fort à faire avec les escroqueries et les plagiats réalisés
dans les pays de l'Est qui aboutissent sur le marché français via des sites de
vente sur Internet où nombre d'acheteurs sont dupés tandis que plusieurs vols dans
des musées français et étrangers n'ont pu être résolus, comme pour les 5
tableaux de Picasso, Matisse, Braque, Modigliani et Léger estimés à 100
millions d'euros qui avaient été dérobés au musée d'Art moderne de la Ville de
Paris dans la nuit du 19 au 20 mai 2010, et dont le voleur a prétendu après son
arrestation qu'il les avaient détruits alors que la Nativité avec saint
François et saint Laurent du Caravage, volée en octobre 1969 dans l'oratoire de
San Lorenzo à Palerme (Sicile) n'a jamais été retrouvée tout comme les œuvres importantes du
musée Isabella Stewart Gardner de Boston emportées en 1990 par des malfaiteurs, soupçonnés par le FBI d'être liés à la mafia.
Sur les
500.000 pièces prêtées par l'Etat à des institutions, 10% manquent à l'appel,
selon un inventaire publié par la commission de récolement des dépôts d'oeuvres d'art.
On savait déjà
depuis des décennies que nombre d'objets et tableaux avaient disparu
d'ambassades, de préfectures, de mairies, de musées, d'universités et autres
bâtiments officiels, comme en 2017 au musée Masséna de Nice où 2466 pièces,
soit un quart de ses collections, manquaient à l'appel, a rapporté le journal
Corse-Matin qui a indiqué que seulement 366 ont été depuis retrouvées alors
que 61 autres avaient été simplement volées.
Ce constat est
accablant et procure un travail considérable à l'Office central de lutte contre
le trafic des biens culturels (OCBC) qui ne dispose que de 28 enquêteurs pour
traquer non seulement ces objets mais faire aussi la chasse aux faussaires, voleurs, receleurs
ou escrocs sévissant sur le marché de l'art en se voyant parfois confier des
enquêtes sur des plaintes qui n'ont pas vraiment de bases solides et lui font perdre du temps.
Au début 2019, la
Commission de récolement des dépôts d'œuvres d'art (CRDOA) a publié la synthèse nationale de vingt ans
d'opérations d'inventaire menées par les dépositaires (Centre des monuments
nationaux, Centre national des arts plastiques, manufacture nationale de
Sèvres, Mobilier national, Service des musées de France, musée de l'Armée et
musée national de la Marine) auprès des structures à qui des œuvres avaient été
confiées 50 ou 100 ans plus tôt.
Ainsi, rien qu'à l'Elysée, un millier de meubles, céramiques ou
tableaux manquent à l'appel alors que le réseau des ambassades de France n'a pu
localiser 60% des 110 000 œuvres dont il
avait la garde. En fait, des milliers d'œuvres ont mal été inventoriées pour finir par disparaître sans que personne ne s'en aperçoive et réapparaître parfois dans
des ventes aux enchères, comme cela a été le cas il y a deux ans pour de la
vaisselle provenant du ministère de l'Intérieur alors que certains hauts
fonctionnaires se sont montrés indélicats, à l'image de l'ancienne préfète de Lozère,
condamnée en 2011 à un an de prison ferme pour avoir subtilisé des meubles et
tableaux de son logement de fonction.
On a également constaté que certains dépositaires des biens
confiés les déplaçaient sans autorisation comme au musée des Beaux-Arts de
Marseille où, sur 125 œuvres déposées, 24 ont été transférées vers d'autres site
sans accord alors que 53 autres avaient été confiées à d'autres musées pour
finir dans les réserves.
Pour sa part, le Centre national des arts plastiques recherche toujours deux
portraits impériaux déposés à la sous-préfecture d'Arles ou La Vierge
et l'enfant Jésus, d'Emile Charles Joseph Loubon, une huile sur toile confiée à la maison
d'arrêt des Baumettes, et s'apprête à porter plainte au sujet d'une décoration
picturale introuvable à la fac de médecine du Pharo, d'un buste de Louis
Adolphe Thiers déposé au musée Cantini retrouvé au Lycée portant le nom de l'homme
politique du 19e siècle, d'une huile de Jacques Thévenet, Boodle's
Club, prêtée au même musée. Au musée des Beaux-Arts, il recherche
encore Les Oliviers à Cassis, une toile de Maurice
Crozet ainsi que Prométhée enchaîné, un
tableau d'Emile Jean-Baptiste Bin.
Le Service des musées de France a de son côté déposé 94 plaintes
dans les Bouches-du-Rhône, notamment pour une marine de Raoul Dufy, recherchée au musée
Cantini, deux peintures déposées par le musée du Louvre au musée des Beaux-Arts
(Le départ de Léonidas d'Auguste Couder et Nymphes à
la fontaine, de Charles Le Brun) alors que six œuvres sont recherchées au
musée Granet d'Aix-en-Provence et 14 autres à la mairie de Marseille.
L'OCBC a donc du pain sur la planche sachant que le trafic d'œuvres
d'art est le troisième plus important au monde après celui des armes et des
contrefaçons en étant estimé entre 3 et 8 milliards d'euros par an alors que
75% des enquêtes sont liées à la délinquance économique et financière sur le
marché de l'art, inondé de faux et fréquenté par des individus adeptes de l'escroquerie
et du blanchiment d'argent.
Travaillant de concert avec Interpol, le groupe compulse des
catalogues de vente et surfe quotidiennement sur Internet pour repérer les faux
qui pullulent sur des sites comme E-Bay ou le Bon Coin, souvent grossiers et
proposés à des prix défiant toute concurrence, une tâche fastidieuse par
rapport à la traque de faussaires chevronnés qui proposent leurs plagiats pour
des sommes conséquentes alors que les vols ne concernent que 25% des affaires
traitées par 28 enquêteurs, un contingent bien faible vis-à-vis des Italiens
qui disposent d'un service de 200 policiers spécialisés notamment dans le
pillage de sites archéologiques.
Chargé de retrouver les œuvres prêtées par l'Etat qui ont disparu,
le service a déjà fort à faire avec les escroqueries et les plagiats réalisés
dans les pays de l'Est qui aboutissent sur le marché français via des sites de
vente sur Internet où nombre d'acheteurs sont dupés tandis que plusieurs vols dans
des musées français et étrangers n'ont pu être résolus, comme pour les 5
tableaux de Picasso, Matisse, Braque, Modigliani et Léger estimés à 100
millions d'euros qui avaient été dérobés au musée d'Art moderne de la Ville de
Paris dans la nuit du 19 au 20 mai 2010, et dont le voleur a prétendu après son
arrestation qu'il les avaient détruits alors que la Nativité avec saint
François et saint Laurent du Caravage, volée en octobre 1969 dans l'oratoire de
San Lorenzo à Palerme (Sicile) n'a jamais été retrouvée tout comme les œuvres importantes du
musée Isabella Stewart Gardner de Boston emportées en 1990 par des malfaiteurs, soupçonnés par le FBI d'être liés à la mafia.