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On se doit d'avouer à sa mie qu'il n'y a rien derrière une croûte...
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ART CONTEMPORAIN: JEAN CLAIR A TORT D'AVOIR RAISON par Adrian Darmon
02 Avril 2011 Catégorie : FOCUS
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Cet article se compose de 2 pages.
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Jean Clair a eu certainement raison de porter des critiques virulentes à l'encontre de l'art contemporain dans ses derniers écrits, notamment en dénonçant la spéculation effrénée dans ce domaine, mais son grand tort a été d'ignorer les goûts de la jeune génération qui se sent étroitement en phase avec la création d'aujourd'hui. Certes, il convient de défricher le terrain du contemporain où règne à l'évidence le n'importe quoi, ce qui a pour effet de créer un sentiment de malaise en raison d'un manque flagrant de repères. Avant, les choses paraissaient plus simple, c'est à dire du temps de Picasso et d'autres artistes qui établissaient un pont bien présent entre le moderne et le contemporain. Puis Andy Warhol, issu du monde de la publicité, est venu tout bouleverser en se servant du miroir de la société de consommation pour diffuser à profusion une nouvelle forme d'art. Pour autant, ce n'est pas vraiment Warhol qui a été responsable du grand bordel dénoncé par Jean Clair mais plutôt le déclin de l'art moderne européen à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les Etats-Unis profitant de leur statut de première puissance de la planète pour propulser leurs artistes sur le devant de la scène avec au passage l'aide active de la CIA qui menait alors campagne contre le communisme qui avait fait tomber la moitié de l'Europe sous le giron de l'Union Soviétique. Il s'agissait alors de faire barrage aux artistes européens jugés proches des communistes, Picasso en tête tout en profitant du fait que Paris était en train de perdre son statut de capitale mondiale de l'art. La promotion des artistes américains fut en outre facilitée par l'expansion économique des Etats-Unis alors que les pays européens étaient à genoux après la guerre. Tandis que la Grande-Bretagne et la France se débattaient pour se reconstruire tout en étant sur le point de perdre leurs empires, les Etats-Unis flirtaient déjà avec la prospérité pour ouvrir la route du succès à leurs artistes qui attirèrent vite une clientèle aisée. De nouveaux mouvements artistiques strictement américains émergèrent vite alors qu'en France, la nouvelle génération des peintres eut du mal à s'exprimer après la sombre période de l'Occupation. A cette époque, Bernard Buffet qui se forma durant ls années noires fut ainsi un des rares à être salués par la critique tandis que les piliers de l'art moderne français comme Léger ou Matisse étaient au crépuscule de leur carrière. Il ne resta pour ainsi dire que Picasso qui fit de l'ombre à tous les mouvements qui avaient émergé à Paris après la guerre et pendant ce temps là, New York devint progressivement le centre du monde grâce à de nombreux artistes qui prirent une place enviable sur le marché, tels Pollock, De Kooning, Rothko et tant d'autres avant l'émergence de Warhol qui associa habilement le marketing à l'art. Répondant aux aspirations d'une jeune génération désireuse de rompre avec les codes restrictifs du passé pour expérimenter une sorte de fureur de vivre, le Pop Art, pourtant né en Grande-Bretagne, fit rapidement son nid pour provoquer une révolution artistique aux Etats-Unis avant que l'Europe n'attrape le virus à son tour au moment de la disparition de Picasso qui subitement laissa un grand vide. Orpheline de ce dernier, la France n'a jamais pu ou su trouver et promouvoir des artistes aptes à contrer leurs rivaux américains de sorte que le fossé s'est sans agrandi avec les Etats-Unis qui ont fini par imposer leur vision mercantile de la culture au monde. Pire même, des pays émergents comme la Russie, débarrassée du communisme depuis plus de 20 ans, et la Chine, en passe de devenir la première puissance mondiale, se sont quelque peu inspiré du modèle américain pour faire exploser les cotes de leurs artistes.
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Jean Clair a eu certainement raison de porter des critiques virulentes à l'encontre de l'art contemporain dans ses derniers écrits, notamment en dénonçant la spéculation effrénée dans ce domaine, mais son grand tort a été d'ignorer les goûts de la jeune génération qui se sent étroitement en phase avec la création d'aujourd'hui. Certes, il convient de défricher le terrain du contemporain où règne à l'évidence le n'importe quoi, ce qui a pour effet de créer un sentiment de malaise en raison d'un manque flagrant de repères. Avant, les choses paraissaient plus simple, c'est à dire du temps de Picasso et d'autres artistes qui établissaient un pont bien présent entre le moderne et le contemporain. Puis Andy Warhol, issu du monde de la publicité, est venu tout bouleverser en se servant du miroir de la société de consommation pour diffuser à profusion une nouvelle forme d'art. Pour autant, ce n'est pas vraiment Warhol qui a été responsable du grand bordel dénoncé par Jean Clair mais plutôt le déclin de l'art moderne européen à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les Etats-Unis profitant de leur statut de première puissance de la planète pour propulser leurs artistes sur le devant de la scène avec au passage l'aide active de la CIA qui menait alors campagne contre le communisme qui avait fait tomber la moitié de l'Europe sous le giron de l'Union Soviétique. Il s'agissait alors de faire barrage aux artistes européens jugés proches des communistes, Picasso en tête tout en profitant du fait que Paris était en train de perdre son statut de capitale mondiale de l'art. La promotion des artistes américains fut en outre facilitée par l'expansion économique des Etats-Unis alors que les pays européens étaient à genoux après la guerre. Tandis que la Grande-Bretagne et la France se débattaient pour se reconstruire tout en étant sur le point de perdre leurs empires, les Etats-Unis flirtaient déjà avec la prospérité pour ouvrir la route du succès à leurs artistes qui attirèrent vite une clientèle aisée. De nouveaux mouvements artistiques strictement américains émergèrent vite alors qu'en France, la nouvelle génération des peintres eut du mal à s'exprimer après la sombre période de l'Occupation. A cette époque, Bernard Buffet qui se forma durant ls années noires fut ainsi un des rares à être salués par la critique tandis que les piliers de l'art moderne français comme Léger ou Matisse étaient au crépuscule de leur carrière. Il ne resta pour ainsi dire que Picasso qui fit de l'ombre à tous les mouvements qui avaient émergé à Paris après la guerre et pendant ce temps là, New York devint progressivement le centre du monde grâce à de nombreux artistes qui prirent une place enviable sur le marché, tels Pollock, De Kooning, Rothko et tant d'autres avant l'émergence de Warhol qui associa habilement le marketing à l'art. Répondant aux aspirations d'une jeune génération désireuse de rompre avec les codes restrictifs du passé pour expérimenter une sorte de fureur de vivre, le Pop Art, pourtant né en Grande-Bretagne, fit rapidement son nid pour provoquer une révolution artistique aux Etats-Unis avant que l'Europe n'attrape le virus à son tour au moment de la disparition de Picasso qui subitement laissa un grand vide. Orpheline de ce dernier, la France n'a jamais pu ou su trouver et promouvoir des artistes aptes à contrer leurs rivaux américains de sorte que le fossé s'est sans agrandi avec les Etats-Unis qui ont fini par imposer leur vision mercantile de la culture au monde. Pire même, des pays émergents comme la Russie, débarrassée du communisme depuis plus de 20 ans, et la Chine, en passe de devenir la première puissance mondiale, se sont quelque peu inspiré du modèle américain pour faire exploser les cotes de leurs artistes.
Le temps n'est plus où l'évolution dans l'art se basait sur des liens coulant de source avec le passé comme l'histoire de l'art nous l'a appris pour comprendre le passage de témoin entre le Moyen-Age et la Renaissance, entre le classicisme et les arts des siècles suivants, le chaînon entre Turner et les Impressionnistes, les rapport entre Cézanne et les Cubistes, les Fauvistes et l'abstraction, le Futurisme et le Constructivisme, le Dadaïsme et le Surréalisme etc,. Depuis le début des années 1970, le monde a vécu une incroyable accélération à tous les niveaux et notamment au plan de l'information. Au 17e siècle, les premiers journaux apparus en Europe relataient ainsi des faits remontant à plusieurs semaines. A cette époque, le lecteur avait vraiment le temps à la réflexion et sa vie- plus courte que celle d'un individu d'aujourd'hui- s'écoulait au rythme des saisons. Au début du XXe siècle, l'information devint plus rapide avec l'apparition de la radio et la vie des individus fut plus trépidante avec l'émergence de moyens de transport rapides. Aujourd'hui, l'information fuse à la seconde au point de devenir difficilement digeste tandis que le flux des populations a modifié le tissu ethnique et social des pays industrialisés au point de changer radicalement la face de notre monde. Si les différentes catégories artistiques ont été cernées avec précision en devenant figées avec le temps, il n'en a par contre rien été pour le domaine de l'art contemporain, le seul qui génère de nouveaux artistes et permet au marché de l'art de se développer tout en étant le miroir des goûts du public d'aujourd'hui constitué en majorité d'individus âgés entre vingt et 45 ans. C'est là une réalité à prendre en compte pour appréhender les raisons de son succès indépendamment du fait qu'il reflète n'importe quoi. A ce titre, la manifestation d'art contemporain Art Paris qui s'est tenue au Grand-Palais jusqu'au 3 avril 2011 aura démontré ce qui vient d'être écrit, à savoir que les visiteurs faisaient partie en majorité de la nouvelle génération attirée par des créations répondant à se goûts et ses désirs, des oeuvres où le côté décoratif a parfois primé au détriment d'une esthétique que d'aucuns jugeraient de bon aloi avec des références paraissant discutables sans qu'on puisse au final se forger une idée précise de ce qui fera le marché de demain. Il y a eu du convenable et du mauvais à Art Paris où les jeunes amateurs ont acheté ce qui paraissait "tendance" avec aussi l'idée de spéculer sans trop se soucier de savoir si leurs acquisitions étaient artistiquement valables. Ils ont souvent acheté des oeuvres d'artistes comme des actions aujourd'hui performantes sur les places boursières en se comportant comme des traders des places financières qui se doivent d'être réactifs sur l'instant. On ne s'étonnera alors pas que le domaine de l'art contemporain soit sans cesse exposé à des variations au niveau du marché pour dérouter ceux qui se prétendent de fins analystes en la matière. dans ce domaine, les marchands doivent donc maîtriser toutes les subtilités du marketing et de la publicité pour vendre à qui mieux mieux quitte à rendre perplexes des historiens d'art comme Jean Clair qui ont du mal à accepter l'association de plus en plus étroite entre l'art et l' argent... Adrian Darmon
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