ArtCult : Les actualités du marché de l'art .
Rechercher dans le site :
  Accueil
  Actualités
  Dossiers
  Marché de l'art
  Outils d'experts
  Communication
Recherche
Rechercher dans la page News :
Rechercher dans le site :

Citation
A trop peindre des coqs, certains artistes finissent par avoir un style trop en poulet (AD)

Actuellement
Dernieres petites annonces
15/10: UN MOMENT DE DECOUVERTE ARTISTIQUE
UN MOMENT DE DECOUVERTE ARTISTIQUE SUR ferse.hubside.frA très bientot sur le site!!! ...
24/07: RECHERCHE OEUVRES MAJEURES
We are a consulting firm of Art and Antiques, whose main activity is themanagement of p...
08/04: RECHERCHE OEUVRES D'ARTISTES ROUMAINS
Collectionneur recherche oeuvres importantes d'artistes roumains: Pascin, Janco, Maxy...
> Passer une annonce
Estimation d'oeuvre d'art
Envoyez nous une photographie accompagnée d'une description afin de bénéficer de notre expertise.
Soumettre une estimation

Lettre d'information
Entrez votre email pour souscrire à notre lettre d'information :

News

Catégorie :
60 titres
Page précédente 52/60
Retour
LA PREPONDERANCE DES PEINTRES JUIFS DANS L'ECOLE DE PARIS par Adrian Darmon (2e partie)
17 Novembre 2008
Catégorie : FOCUS

Les premiers artistes juifs qui s'installèrent à Paris furent Eugène Zak en 1900 puis Mela Muter en 1901, Walter Bondy, Rudolf Lévy, Louis Marcoussis et Bela Czobel en 1903, suivis par Jacques Gotko, Savely Schleifer et Julius Pascin en 1905, Leopold Gottlieb et Amedeo Modigliani en 1906 ou Henrik Hayden en 1907. Adolphe Feder arriva en 1908 tout comme Georges Kars et Otto Freundlich puis Granowsky, Georges Merkel et Maurice Mendjisky en 1909, Marc Chagall, Moïse Kisling, Marek Szwarc, Roman Kramsztyk, Abraham Weinbaum et Alexandre Altmann en 1910, Jacob Balgley en 1911, Isaac Dobrinsky, Alice Halicka, Pinchus Krémègne, Marie Marevna, Simon Mondzain et Kikoïne en 1912, Mané-Katz, Isaac Païles, Chaïm Soutine, Marcel Slodki Nathan Grunsweigh et Henryk Epstein en 1913, Simon Glatzer en 1914. Ceux-là permirent à d'autres peintres coreligionnaires de les rejoindre mais le déclenchement des hostilités en 1914 stoppa pratiquement cette transhumance en forçant même des artistes comme Rudolf Lévy, Freundlich ou Bondy à revenir en Allemagne tandis que Chagall alla se mettre au service du régime soviétique avant de prendre la sage précaution de retourner en 1923 à Paris où plus de 150 de ses tableaux avaient disparu durant son absence. D'autres s'engagèrent dans l'armée française et certains dans l'armée allemande. La guerre finie, une nouvelle vague d'émigration eut lieu avec les arrivées à Paris de Molli Chwat et Joseph Hecht en 1918, de Vladimir Naïditch, Abraham Berline, Willy Eisenchitz, Alexandre Frenel, Ary Lochakow, Vladimir Naïditch, Adolphe Milich, Léon Zack et Zygmunt Landau en 1920, de Vera Rockline, Alice Hohermann et Lazare Volovick en 1921, d'Alexandre Fasini, Grégoire Michonze et Meyer Cheychel en 1922, de Max Band, Ossip Lubitch, Zygmund Menkes, Robert Pikelny, David Olère, Marc Sterling, Joachim Weingart, Zelman Utkes, Léon Weissberg et Michel Adlen en 1923, d'Isaac Antcher, David Brainin, Joseph Bronstein, Philippe Hosiasson, Aaron Krewer, Alfred Aberdam David Seiffert et Maurice Blond en 1924, d'Arbit Blatas, Esther Carp, Ephraïm Mandelbaum, Felix Roitman, Jacques Chapiro, Simon Segal et Georges Ascher en 1925, d'Issachar Ryback, Abraham Mintchine, Sigismond Kolos-Vary et Raymond Kanelba en 1926, de Henryk Berlewi, Joseph Pressmane, Alexandre Riemer et Eli Grunmann en 1927, de Jacob Macznik, Joseph Raynefeld, Lasar Segall, Ossip Weinberg et Frania Hart en 1928 et de bien d'autres, encore suivis à partir de 1933 de Moses Bagel, Jankel Adler, Jézékiel Kirszenbaum et Jacob Markiel pour ne citer que ceux-là.

 

Si nombre de ces peintres durent exercer différents métiers pour trouver leur pitance d'autres eurent la chance à partir des années 1920 de compter sur l'appui de collectionneurs et de marchands comme René Gimpel, Paul Guillaume, Berthe Weill, Yadwiga Zak, la veuve d'Eugene Zak très tôt disparu, Léopold Zborowski,ou Katia Granoff. Ces derniers permirent aux artistes appartenant à ce qu'on appelle l'Ecole de Paris, de se faire connaître en France et à l'étranger, notamment Soutine, Pascin, Kisling, Lasar Segall, Zak, Epstein, Hayden, Eisenchitz, Marevna, Freundlich, Mané-Katz, Vera Rockline et Modigliani, un des rares avec Yehouda Cohen, né à Salonique, à ne pas être originaire d' Europe de l'Est.

 

N'étant pas un mouvement, l'Ecole de Paris a en fait désigné un groupement de peintres étrangers ayant abordé tous les styles de leur époque. Les uns ont été cubistes comme Hayden et Marcoussis, les autres ont été figuratifs, abstraits, expressionnistes voire surréalistes. Les plus célèbres ont été Marc Chagall et Chaïm Soutine. Il convient également de signaler que plusieurs artistes rattachés à cette école et dont on a moins parlé étaient français de naissance, comme Jean Adler, Bernard Altschuler, Max Jacob, Isis Kischka, Léopold-Lévy, Jane Lévy, rené Lévy, Marcel Lherman, Maxa Nordau, Isaac Schonberg, Paul Ulmann ou Gabriel Zendel. Par ailleurs, il faut souligner que nombre de peintres non-juifs, notamment russes, polonais, ukrainiens ou même italiens, espagnols ou sud-américains furent étroitement reliés à l'Ecole de Paris entre 1910 et le début de la Seconde Guerre Mondiale.

 

De nombreux peintres étaient issus de familles profondément religieuses, certains comme Chagall ou Mané Katz restant fortement attachés aux traditions juives à travers leurs œuvres alors que d'autres comme Kisling ou Soutine ne voulurent pas en faire cas dans les leurs. Il y a pourtant des repères communs dans ce qu'ils ont créé, à savoir souvent un côté pathétique ou mélancolique dans le traitement de leurs sujets que ce soit à travers l'expressionnisme ou même le cubisme ou l'abstraction avec une prédilection pour l'expression qui fait la spécificité d'une œuvre d'un artiste de l'Ecole de Paris chez qui on décèle en filigrane le déracinement, l'angoisse, le désarroi ou la douleur mais aussi l'amour de la vie et l'envie de se sublimer en donnant un sens spirituel à sa peinture qui laisse deviner confusément un rapport étroit avec l'âme du peuple juif. Issu d'un shtetl (village juif), rossé méchamment à 13 ans par le fils d'un rabbin dont il avait osé faire le portrait, transgressant ainsi l'interdit religieux de la représentation du visage humain, Soutine ne peignit jamais de sujet juif par la suite mais le souvenir de ses racines et de sa jeunesse sembla transpirer dans chacun de ses tableaux peints avec un pinceau chaloupé comme s'il avait été en prière à la manière d'un talmudiste hochant sans cesse la tête en lisant la Thora.

 

L'histoire de l'Ecole de Paris serait probablement restée anecdotique si les peintres venus travailler à Paris entre 1900 et 1939 n'avaient pas été confrontés à la xénophobie et surtout à l'antisémitisme qui conduisit nombre d'entre eux à la mort. Jusqu'au début de la Première Guerre Mondiale, ils furent au mieux considérés comme des marginaux. Après les désastres causés par la conflit, ils ne prirent pas conscience de la tragédie dont ils allaient être les victimes alors que de terribles pogroms eurent lieu entre 1919 et 1921 en Ukraine, en Pologne et en Roumanie et que dès 1924, une chasse aux juifs fut mise en branle par Staline, l'ennemi juré de Trotsky. Les Années folles leur donnèrent l'illusion de pouvoir enfin connaître la paix à Paris en attendant d'améliorer leur ordinaire. Montparnasse respirait faussement la gaîté d'autant plus que la presse nationaliste ne cessa plus de déverser des articles fielleux sur les étrangers. Le critique Louis Vauxelles, celui-là même qui en 1905 taxa Matisse, Derain ou Vlaminck de « Fauves », un terme tonitruant entré dans l'histoire, n'hésita pas 20 ans plus tard à traiter les artistes étrangers de « barbares » n'ayant aucun respect pour « la douceur de la peinture française » avant d'évoquer l'Ecole de Paris dans une monographie consacrée en 1931 à Marel Szwarc en ne pouvant pas s'empêcher de pondre quelques phrases nauséabondes telles « une nuée de sauterelles », « une invasion de coloristes juifs s'abattant sur Paris », « une cohue de métèques »… En Allemagne quelques années plus tard, les nazis ne se privèrent pas de franchir un pas supplémentaire dans l'abject en organisant des expositions rendant les juifs responsables de la création d'un art perverti et décrit comme dégénéré.

 

Le climat à Paris s'était ainsi dangereusement détérioré en 1930, l'année même où Pascin se suicida subitement dégoûté de la vie. Néanmoins, il y eut encore un afflux d'artistes juifs fuyant le nazisme en 1933 et lorsque la guerre éclata, le piège se referma brutalement sur des centaines de peintres d'origine juive. Trop pauvres pour fuir à l'étranger, nombre d'eux essayèrent de se cacher alors que certains, comme Chagall, purent s'échapper et que d'autres, plus chanceux purent trouver refuge en Afrique du Nord. Mais pour le plus grand nombre, le rêve d'une vie meilleure à Paris, la ville des Lumières, se transforma en cauchemar dès 1940. Fichés comme étrangers et juifs par la police de Vichy, ils furent en grande partie arrêtés puis internés dans des centres de transit avant d'être déportés vers les camps de concentration nazis où ils furent exterminés pour la plupart.

 

C'est donc d'une manière tragique que l'histoire de l'Ecole de Paris a fini par être construite en devenant liée étroitement à la Shoah puisque près de 150 artistes juifs, étrangers mais aussi français de naissance disparurent brutalement, victimes de la barbarie nazie. Après la guerre, les survivants instillèrent encore plus de désespoir dans leurs œuvres en allant parfois jusqu'à décliner des thèmes sur l'horreur des camps mais pour l'histoire, l'existence de cette école qui n'en était pas une s'est arrêtée avec la Seconde Guerre Mondiale. Toutefois, sa légende est devenue plus que jamais vivace grâce au développement du marché de l'art et à l'émergence de ventes spécifiques d'œuvres d'artistes de l'Ecole de Paris laquelle aurait plutôt dû être appelée Groupement de Montparnasse puisque la majorité des artistes habitaient et travaillaient dans ce quartier ou autour.

 

Adrian DARMON



(fin de la seconde partie)
Mentions légales Conditions d'utilisation Rédaction Annonceurs Plan du site
Login : Mot de passe ArtCult - Réalisé par Adrian Darmon