Figure majeure de l'Art Concret, le peintre et
sculpteur suisse Gottfried Honegger est décédé le 17 janvier à l'âge de 98 ans,
à son domicile de Zurich alors qu'il devait inaugurer fin janvier une
exposition monographique à l'Espace de l'Art Concret de Mouans-Sartoux (PACA).
Né en 1917 à Zurich, Honegger avait passé son
enfance dans un village des Grisons avant de faire des études d'arts appliqués
et d'entamer une carrière de graphiste. Ce ne fut qu'en 1958 qu'il se consacra
entièrement à la peinture à la suite d'un séjour à New York où il rencontra
George Grosz et Jean Arp au cours duquel il exposa ses oeuvres pour la première
fois à la Martha Jackson Gallery.
Installé à Paris en 1961, il choisit de donner la priorité au
hasard dans la formulation de ses oeuvres en les synthétisant au maximum avec
la création de tableaux-reliefs, des monochromes rehaussés de figures
géométriques de faible épaisseur qu'il composa plus tard à l'aide d'un
ordinateur.
Il s'amusait aussi à jeter des dés sur une table pour déterminer
l'orientation d'une forme en s'inspirant des expérimentations trouvées dans
l'ouvrage de Jacques Monod "Le Hasard et la nécessité" et ses
tableaux-reliefs se transformèrent plus tard pour se confronter à l'architecture en allant jusqu'à atteindre 7
mètres de long tandis qu'il créa des colonnes monumentales faites de feuilles
de métal monochromes ou colorées appelées "Pliages".
Du genre ascète, Honegger se plut à se concentrer sur le vide et à nourrir une exigence de vérité et d'exigence
pour aller vers la clarté et changer le monde alors qu'il se montra très
critique envers l'art contemporain devenu selon lui un terrain de spéculation. Désireux aussi de transmettre sa philosophie, il créa à Mouans-Sartoux des ateliers pour enfants
handicapés ou en grande difficulté sociale.
A l'instar d'Aurélie Nemours, Honegger avait adhéré au mouvement
de l'art concret défini comme une pratique essentiellement plastique par Théo
van Doesburg qui fut développé à partir de 1936 par le collectif Allianz de
Zurich et l'artiste Max Bill selon les principes d'une peinture concrète mettant
en valeur les formes, les couleurs et la surface.