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LE TAPIS PERSAN
25 Avril 2010
Catégorie : FOCUS
Cet article se compose de 3 pages.
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Le tissage du tapis en Iran est sans doute une des manifestations les plus distinguées de la culture et de l'art persan puisqu'il remonte jusqu'à l'âge du bronze.

Le luxe auquel est associé le tapis persan fournit un contraste saisissant avec ses débuts jugés modestes parmi les tribus nomades de Perse où le tapis était alors l'article nécessaire contre les hivers rudes. Depuis, il est devenu un mode d'expression artistique par la liberté qu'autorise notamment le choix des couleurs vives et des motifs employés. Les secrets de fabrication ont été transmis de génération en génération. Les artisans utilisaient les insectes, les plantes, les racines, les écorces et d'autres matières comme source d'inspiration.

C'est à partir du XVIe siècle que la fabrication des tapis s'est développée jusqu'à devenir enfin un art à part entière.De nombreux tapis (entre 1 500 et 2 000) ont été conservés depuis la période safavide, mais leur datation et leur provenance restent très difficiles par rapport à ceux de l'ère Qajar et Pahlavi qu'on trouve en grande quantité avec des inscriptions qui sont une indication précieuse pour identifier les artisans ou déterminer les lieux de fabrication et les commanditaires.

Ce sont les Safavides qui ont fait passer le tapis d'une production artisanale assurée par des tribus nomades au statut d'« industrie nationale » dont les produits étaient exportés en Inde, dans l'Empire ottoman et en Europe.Quelques tapis safavides furent aussi exportés par la Compagnie hollandaise des Indes orientales vers Batavia, Ceylan, la Malaisie, Cochin ainsi que vers les Pays-Bas. Des commandes européennes étaient passées en Perse pour le tissage de tapis spéciaux : par exemple, le groupe des « tapis polonais » a sans douté été noué à Ispahan selon des motifs désirés.

Détail d'un tapis d'Espahan(Ispahan) Les tapis d'Ispahan sont parmi les premiers à avoir été connus et appréciés en Europe. les premiers exemplaires, en soie rehaussée de fils dargent et d'or avaient été offerts par Shah Abbas à des dignitaires occidentaux. Type de noeud persan. type de travail: Métier vertical. Velours: laine, très ras. Parfois en soie. Chaîne et trame: coton. densité des noeuds 2500 à 6000 noeuds dm/2, jusqu'à 10000 noeuds/dm2 pour les tapis en soie.

Sur la base de récits de voyageurs et d'autres sources, des ateliers de tapis royaux existaient à Ispahan, Kashan et Kerman où ils produisaient des tapis pour les palais et mosquées du Shah, mais aussi pour être offerts aux monarques voisins ou aux dignitaires étrangers, ou pour honorer des commandes de la noblesse ou d'autres citoyens. D'ordinaire, le commanditaire payait les matières premières et versait un salaire aux artisans pendant la durée du nouage.

L'industrie du tapis en Perse à l'époque safavide dut son développement rapide à l'intérêt des souverains pour cet artisanat, notamment Ismael 1er puis Shah Tahmap et Shah Abbas le Grand qui, dit-on, auraient personnellement pris part à l'élaboration de dessins de motifs. Au cours de leur règne, les productions de tapis persan furent d'ailleurs les plus importantes de toute l'époque safavide.

Bien que les Safavides eurent transformé la fabrication du tapis en production nationale, les tribus nomades et les petits ateliers urbains continuèrent à produire des tapis persans, et ce même après l'invasion afghane de 1722 qui mit fin au règne de la dynastie et de son mécénat en faveur de la production de tapis. Néanmoins, Nâdir Châh et Karim Khân Zand firent réaliser des tapis dans le sud de la Perse, renouant ainsi avec le mécénat royal. C'est véritablement avec l'établissement de la dynastie qajar (1797) que la production du tapis fleurit à nouveau, encouragée surtout par la demande locale alors que l'exportation resta peu répandue avant de redémarrer sous la conjonction de divers facteurs. Jusqu'au début de la deuxième moitié du XIXe siècle, la production de soie avait fortement chuté suite aux ravages provoqués par la pébrine, une maladie des vers à soie. Les exportations furent en fait favorisées par une forte demande européenne de tapis d'Orient suite à l'exposition de Vienne en 1873 alors que l'enrichissement de la classe moyenne en Grande-Bretagne permit d'ouvrir un débouché important pour la Perse.

À partir de la fin des années 1870, la Perse commença à exporter massivement vers la Grande-Bretagne via deux compagnies anglaise, Messrs. Ziegler & Co. et Hotz & Co. qui avaient fondé des manufactures en Iran, puis vers la France et les Etats-Unis.

La fin de la période Qajar fut toutefois marquée par un paradoxe car si la production de tapis de soie somptueux, égalant ceux du XVIIe siècle fut remarquable, celle des tapis destinée à une clientèle moins aisée se détériora après l'introduction en Perse de colorants de synthèse qui avaient été pourtant interdits par le gouvernement en 1877.

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