Le retrait des Etats-Unis de l'UNESCO,
suivi par celui d'Israël, a eu une profonde incidence sur l'élection de son
nouveau directeur-général qui a vu Audrey Azoulay, l'ancienne ministre de la
Culture, être choisie à deux voix près au détriment du candidat présenté par le
Qatar pour remplacer la Bulgare Irina Bokova.
Forte à présent de 195 Etats membres et
8 autres associés, l'UNESCO est surtout connue pour ses programmes
éducatifs et ses classements au patrimoine mondial de biens culturels et de sites naturels remarquables,
parfois menacés. Sa convention du patrimoine mondial a été adoptée en 1972 et
la liste compte pour l'instant 832 biens culturels classés (grande muraille de
Chine, vieille ville de Jérusalem, Mont-Saint-Michel...) et 206 sites naturels
(baie d'Ha-Long au Vietnam, chutes Victoria au Zimbabwe...), répartis dans 167
Etats et cette liste a fréquemment été instrumentalisée par nombre d'entre eux,
pour des enjeux économiques, de prestige, de politique et géopolitique, le
classement d'un site ayant souvent généré une action de lobbying intense. L'opération
de préservation la plus spectaculaire d'un bien remarquable a eu lieu en 1960
avec le déplacement du Grand Temple d'Abou Simbel en Egypte pour éviter son
inondation par le Nil lors de la construction du barrage d'Assouan. Une
campagne qui a duré 20 ans.
Ces dernières années,
l'UNESCO avait été confrontée à de nombreuses destructions délibérées du
patrimoine, tels les mausolées au Mali, le musée de Mossoul, Palmyre, Nimrod ou
Alep en étant forcée de faire un énorme effort de mobilisation des décideurs
politiques, jusqu'à l'adoption au Conseil de sécurité de l'ONU le 7 mars, à
l'initiative de la FRance et de l'Italie, d'une résolution sur la protection du
patrimoine, son rôle pour la paix et la sécurité.
L'institution établie à Paris a
eu toutefois bien d'autres activités. En 2013 elle a fixé une stratégie à moyen terme pour 2014 à 2021, avec deux priorités : l'Afrique et
l'égalité des sexes tout en cherchant à contribuer à une paix durable et à
l'éradication de la pauvreté parmi ses autres activités.
Audrey Azoulay aura la lourde
tâche de redorer le blason de l'UNESCO qui a été un peu trop souvent soumise
aux pressions des pays musulmans contre Israël qui l'ont conduite à adopter des
résolutions plutôt contestables sur le plan historique, comme dénier la présence
ancestrale des juifs à Jérusalem ou Hebron et faire croire à une prééminence
des Palestiniens dont l'identité s'est souvent confondue avec celles des
bédouins ou des Cisjordaniens pour provoquer l'ire des Israéliens qui ont reçu
l'appui des Etats-Unis. On peut néanmoins comprendre les revendications des
Palestiniens à obtenir la création d'un Etat qui leur serait propre afin de
faire cesser l'occupation de leurs territoires mais il n'a sûrement pas été
dans l'intérêt de la paix de contester des faits historiques sachant que les
Hébreux étaient présents en Terre Sainte durant l'antiquité. Il faudra donc que
la nouvelle directrice générale veille à ce que l'organisation se montre plus
mesurée dans ses résolutions en incitant par exemple certains Etats membres à
ne plus publier des livres scolaires appelant des enfants à la haine.