| | Citation |
| | |
|
Pour tout dire, il n'y a parfois rien à dire...
|
|
|
|
News
Catégorie :
60 titres
LE GROUPE EUROP AUCTION A LE VENT EN POUPE POUR L'ART DU XVIIIe SIECLE
13 Octobre 2010 Catégorie : FOCUS
|
Cet article se compose de 3 pages.
1
2
3
|
Après un passage plutôt rapide comme expert auprès du groupe Tajan, l'antiquaire Camille Burgi est donc parvenu en moins d'un an à donner un influx remarquable à Europ Auction en lui faisant vendre certains des plus beaux meubles qu'on puisse trouver sur le marché. Ainsi, le succès a été rendez-vous lors d'une vente organisée à Genève le 28 juin 2010 au cours de laquelle une paire de cabinets d'Etienne Levasseur d'époque Louis XVI en placage d'ébène et marqueterie de laiton et étain a été adjugée pour 1,4 million d'euros, une enchère remarquable en période de crise, alors qu'une commode estampillée de Pierre Garnier (vers 1770) en bois d'amarante, bois de rose, bois teinté vert, bronzes dorés et ciselés a atteint 771 000 euros et qu'une commode en cabinet de Louis Perdriez d'époque Transition Louis XV-Louis XVI a trouvé preneur à 475 000 euros sans oublier les enchères de 940 000 euros, 366 000 euros et de 297 000 euros obtenues respectivement pour une commode Louis XV de Jean Desforges, un important secrétaire à abattant d'époque Louis XVI de Jean-Henri Riesener et une exceptionnelle commode à double ressaut central d'époque Transition estampillée de RVLC.  Paire de cabinets de Levasseur adjugée 1,4 million d'euros à Genève en juin 2010
Au final, cette vente genevoise de juin 2010 a rapporté plus de 6 millions d'euros en attirant nombre d'acheteurs étrangers pour mettre ainsi Europ Auction sur le devant de la scène grâce à l'enthousiasme de ses collaborateurs et au savoir-faire de Camille Burgi dont le parcours a été un véritable roman puisque l'intéressé qui se destinait au métier d'instituteur a commencé sa carrière en tant que brocanteur pour devenir ensuite un antiquaire réputé en ayant eu le don de sortir de nombreux trésors de l'oubli.  Commode de Pierre Garnier vendue 771 000 euros en juin 2010 à Genève
Europ Auction ne pouvait pas rêver mieux pour la reprise de l'activité à Drouot en organisant au même moment que la Biennale une vente de prestige le 22 septembre 2010 qui lui a permis d'adjuger pour 558 570 euros (frais compris) une paire de Bibliothèques en marqueterie Boulle attribuée à Nicolas Sageot et pour 123 405 euros (frais compris) une commode Louis XV estampillée Germain Landrin (1710-1785), des meubles que les amateurs auraient été vraiment ravis de voir au Grand Palais.  Paire de bibliothèques en marqueterie Boulle attribuée à Nicolas Sageot (Vente du 22.09.2010 à Drouot)
A cet égard, les exposants de la Biennale ont eu quelque mal à présenter des meubles exceptionnels comme ils le faisaient naguère mais les choses ont changé depuis cette dernière décennie à la suite d'une entreprise poussée de médiatisation de la part des maisons de vente, ce qui a induit les antiquaires à publier un communiqué dans lequel ils ont cherché à contrer ces dernières en soulignant qu'ils ne prenaient aucune commission (25% sur l'acheteur et 15% environ sur le vendeur lors d'une adjudication aux enchères) Cette initiative n'a toutefois pas eu l'effet escompté pour la simple raison que les vendeurs, désormais bien mieux informés sur la valeur de leurs biens artistiques, ont trouvé plus intéressant de les soumettre au feu des enchères en ayant la certitude d'en tirer un meilleur prix. Par ailleurs tout en soulignant la nécessité de revaloriser l'image de la Biennale, certains marchands, et non des moindres, ont critiqué le mode de sélection de ses exposants -arbitraire à leurs yeux- tout autant que l'immobilisme du Syndicat national des antiquaires en regrettant qu'aucun candidat au poste de membre de son conseil d'administration ne se soit préoccupé de leurs confrères de province absents de la Biennale.
|
|
Créé en janvier 2009, le groupe Europ Auction a mis à profit une période de rodage d'un an pour s'assurer une place prépondérante dans l'univers parisien des ventes aux enchères en axant notamment son activité sur la vente de mobilier prestigieux du XVIIIe siècle. Le pari tenté par la jeune équipe d'Europ Auction a été à tout le moins audacieux d'autant plus que depuis ces dernières années l'art du XVIIIe siècle a connu un recul sur le marché comme on l'a constaté à Paris lors de la récente Biennale des Antiquaires où seules sept galeries spécialisées dans ce domaine étaient présentes parmi près de 90 exposants. Force est de constater que la race des grands antiquaires parisiens a été en voie d'extinction après la disparition du grand marchand Daniel Wildenstein en octobre 2001 et la fermeture il y a quatre ans de la célèbre galerie Maurice Segoura alors que la relève censée être assurée par d'autres galeristes plus jeunes a tardé à venir. Il a fallu en plus tenir compte de deux facteurs contrariants pour le marché, à savoir d'une part la raréfaction de pièces exceptionnelles proposées dans les ventes aux enchères et d'autre part, les effets de la crise financière et boursière de septembre 2008 qui ont réduit le contingent de riches acheteurs à travers la planète sans compter que la nouvelle génération des collectionneurs a été plus attirée par l'art contemporain que le classique. Dans ce contexte, la percée d'Europ Auction sur le marché a paru tenir de l'exploit surtout après une première année d'activité plutôt laborieuse mais à y regarder de plus près, elle s'explique par le dynamisme de ses collaborateurs, par le sens avisé de son expert Camille Burgi et des choix pertinents de pièces de qualité qui l'ont portée vers le succès. Alors donc que l'Hôtel Drouot a connu une période assez tumultueuse depuis un an, le groupe a su mieux que surfer sur la vague pour damer le pion à ses rivaux parisiens, notamment les maisons de vente prestigieuses que sont Christie's et Sotheby's, en parvenant à réaliser des coups d'éclat mémorables. 
Secrétaire à abattant de Riesener adjugé 366 000 euros à Genève en juin 2010
Après un passage plutôt rapide comme expert auprès du groupe Tajan, l'antiquaire Camille Burgi est donc parvenu en moins d'un an à donner un influx remarquable à Europ Auction en lui faisant vendre certains des plus beaux meubles qu'on puisse trouver sur le marché. Ainsi, le succès a été rendez-vous lors d'une vente organisée à Genève le 28 juin 2010 au cours de laquelle une paire de cabinets d'Etienne Levasseur d'époque Louis XVI en placage d'ébène et marqueterie de laiton et étain a été adjugée pour 1,4 million d'euros, une enchère remarquable en période de crise, alors qu'une commode estampillée de Pierre Garnier (vers 1770) en bois d'amarante, bois de rose, bois teinté vert, bronzes dorés et ciselés a atteint 771 000 euros et qu'une commode en cabinet de Louis Perdriez d'époque Transition Louis XV-Louis XVI a trouvé preneur à 475 000 euros sans oublier les enchères de 940 000 euros, 366 000 euros et de 297 000 euros obtenues respectivement pour une commode Louis XV de Jean Desforges, un important secrétaire à abattant d'époque Louis XVI de Jean-Henri Riesener et une exceptionnelle commode à double ressaut central d'époque Transition estampillée de RVLC.  Paire de cabinets de Levasseur adjugée 1,4 million d'euros à Genève en juin 2010
Au final, cette vente genevoise de juin 2010 a rapporté plus de 6 millions d'euros en attirant nombre d'acheteurs étrangers pour mettre ainsi Europ Auction sur le devant de la scène grâce à l'enthousiasme de ses collaborateurs et au savoir-faire de Camille Burgi dont le parcours a été un véritable roman puisque l'intéressé qui se destinait au métier d'instituteur a commencé sa carrière en tant que brocanteur pour devenir ensuite un antiquaire réputé en ayant eu le don de sortir de nombreux trésors de l'oubli.  Commode de Pierre Garnier vendue 771 000 euros en juin 2010 à Genève
Europ Auction ne pouvait pas rêver mieux pour la reprise de l'activité à Drouot en organisant au même moment que la Biennale une vente de prestige le 22 septembre 2010 qui lui a permis d'adjuger pour 558 570 euros (frais compris) une paire de Bibliothèques en marqueterie Boulle attribuée à Nicolas Sageot et pour 123 405 euros (frais compris) une commode Louis XV estampillée Germain Landrin (1710-1785), des meubles que les amateurs auraient été vraiment ravis de voir au Grand Palais.  Paire de bibliothèques en marqueterie Boulle attribuée à Nicolas Sageot (Vente du 22.09.2010 à Drouot)
A cet égard, les exposants de la Biennale ont eu quelque mal à présenter des meubles exceptionnels comme ils le faisaient naguère mais les choses ont changé depuis cette dernière décennie à la suite d'une entreprise poussée de médiatisation de la part des maisons de vente, ce qui a induit les antiquaires à publier un communiqué dans lequel ils ont cherché à contrer ces dernières en soulignant qu'ils ne prenaient aucune commission (25% sur l'acheteur et 15% environ sur le vendeur lors d'une adjudication aux enchères) Cette initiative n'a toutefois pas eu l'effet escompté pour la simple raison que les vendeurs, désormais bien mieux informés sur la valeur de leurs biens artistiques, ont trouvé plus intéressant de les soumettre au feu des enchères en ayant la certitude d'en tirer un meilleur prix. Par ailleurs tout en soulignant la nécessité de revaloriser l'image de la Biennale, certains marchands, et non des moindres, ont critiqué le mode de sélection de ses exposants -arbitraire à leurs yeux- tout autant que l'immobilisme du Syndicat national des antiquaires en regrettant qu'aucun candidat au poste de membre de son conseil d'administration ne se soit préoccupé de leurs confrères de province absents de la Biennale.
 Commode en cabinet de Louis Perdriez vendue pour à Genève en juin 2010
En effet, le temps où les marchands pouvaient influer à leur guise sur les vacations dans les salles de vente est dorénavant révolu et ce, après que l'ont ait vu les amateurs investir progressivement les salles de vente aux enchères pour rivaliser avec ces derniers. Lui-même antiquaire de gros calibre, Camille Burgi a parfaitement compris ce phénomène en alliant ses compétences avec Europ Auction, un groupe qui en un an a vendu une part non négligeable des pièces les plus convoitées sur le marché pour établir pas moins de cinq records mondiaux et rivaliser avec des maisons comme Sotheby's ou Christie's et ce, dans un contexte qui a été profondément modifié depuis l'an 2000. A cette époque, les Américains étaient les principaux acheteurs du marché grâce à un dollar fort alors que l'art français était à la mode mais il y a eu les attentats de septembre 2001 puis l'intervention des troupes U.S en Irak en 2003 pour changer brutalement la donne. Résultat : le contingent des acheteurs américains s'est réduit comme peau de chagrin et les Russes, un temps très actifs, ont été moins présents sur le marché alors que les Chinois, malgré le phénoménal développement économique de leur pays, n'ont pas toujours pas manifesté un intérêt particulier pour les meubles et objets d'art français du 18e siècle.
Commode de Jean Desforges vendue 940 000 euros à Genève en juin 2010
« Il reste aujourd'hui quelques amateurs du Proche-Orient mais 95% de nos acheteurs sont des particuliers qui profitent de prix intéressants puisque ceux-ci ont baissé de près de 50% en général », a précisé Camille Burgi qui a ajouté que les meubles de la fin de l'époque Louis XIV ainsi que le Louis XV étaient maintenant les plus recherchés alors que ceux d'époque Louis XVI ou Empire marquaient le pas. Le fait que les grands antiquaires se soient retrouvés avec moins de concurrents à Paris n'a donc pas joué en leur faveur comme on l'a constaté avec regret à la Biennale où les visiteurs n'ont pas retrouvé la poésie de naguère tandis que lors des éditions précédentes on comptait bien plus d'exposants et qu'on pouvait s'extasier devant des pièces spectaculaires montrées par de jeunes marchands motivés.  Commode à double ressaut estampillée RVLC adjugée 297 000 euros à Genève en juin 2010
Paradoxalement, la Biennale est devenue de plus en plus tournée vers l'art moderne alors que sa renommée avait auparavant reposé avant tout sur l'art français du 18e siècle mais le plus important pour que le marché parisien puisse exister est de compter sur les Salons, les foires, le marché aux Puces de Saint-Ouen, les salles de vente et les experts car finalement tout est relié dans l'univers des antiquités où un marchand digne de ce nom ne peut pas se contenter de limiter son champ d'action à ne faire que des adresses. Pour Camille Burgi, le 18e siècle reviendra toujours à la mode du fait qu'il a été une époque marquée par le plaisir de vivre, le faste, les idées de progrès et les inventions. Il n'est donc pas étonnant qu'Europ Auction ait mis l'accent sur l'art de cette période tout en faisant aussi la part belle à d'autres domaines comme l'art contemporain qui aujourd'hui se marie souvent admirablement avec l'ancien. D'ailleurs, certains grands antiquaires comme Gismondi ou Aaron ont sauté le pas en s'intéressant à des pièces d'époques différentes comme on l'a constaté à la Biennale 
Commode de Germain Landrin vendue à Drouot le 22.09.2010
Ayant gravi les échelons de sa profession avec une certaine audace, comme lorsqu'il étonna la profession en s'installant dans l'immeuble prestigieux du 77 Fg Saint-Honoré à la fin des années 1980, Camille Burgi a su insuffler son légendaire dynamisme à cette maison de vente constituée de jeunes collaborateurs dirigée par Jean-Philippe Dumonceau et cimentée autour de M° Didier Lafarge qui orchestre ses vacations avec l'endurance d'un marathonien rompu à l'exercice du maniement du marteau.
Adrian Darmon
|
|