Suite à la décision du président Emmanuel Macron de nommer le 3 juillet Jean Castex à la tête du nouveau gouvernement, ce dernier a choisi l'ex-ministre de l'écologie, de la santé et des solidarités Roselyne Bachelot pour diriger le ministère de la Culture en lieu et place de Franck Riester, resté plutôt transparent durant son mandat.
Âgée de 73 ans, Roselyne Bachelot s'était retirée de la vie politique depuis 2012 en devenant animatrice et chroniqueuse à la radio et à la télévision après avoir longtemps rêvé d'obtenir le portefeuille de la Culture, un vœu désormais exaucé pour cette passionnée d'opéra.
Question musique, elle fera certainement tout pour faire revivre les belles heures du Palais Garnier et de l'opéra Bastille après de durs moments vécus durant la pandémie de covid 19 et les manifestations de Gilets jaunes qui avaient provoqué des grèves par ricochet.
Saura-t-elle apporter une nouvelle impulsion au domaine des arts, que ce soit pour redonner du souffle aux musées, aux galeries et aux artistes auxquels elle a promis son soutien ? Là est la question car il faut une connaissance approfondie du monde de la culture pour traiter moult dossiers toujours restés en souffrance, nonobstant le fait que le budget du ministère n'a pas été augmenté de façon substantielle.
La nouvelle ministre est d'autre part connue pour son franc-parler, ses maladresses ou ses gaffes qui lui ont valu d'avoir des ennemis prêts à la faire trébucher à la moindre occasion alors qu'elle devra vite sortir les crocs pour s'imposer à la tête de son ministère en étant jalousée par nombre de personnalités du monde des arts qui s'estimaient dignes d'un poste très convoité.
Il lui faudra affronter des clans, se frotter à des conservateurs de musées peu gourmands de l'émission « Les Grosses Têtes » à laquelle elle donnait la réplique à des bateleurs de tous horizons, et d'autres fonctionnaires qui ont vu une cohorte de ministres se succéder pour venir chatouiller leur ego. Eux sont toujours en place, ce qui signifie qu'il demeurera difficile de dépoussiérer les bureaux du bâtiment de la rue de Valois, de modifier le comportement de leurs occupants ou de changer le système d'attribution des promotions dans l'ordre des Arts et Lettres qui relève encore du copinage ou d'appuis non mérités pour certains récipiendaires.
Il lui faudra aussi revoir les subventions pour divers musées ou artistes, vérifier le bien-fondé de plusieurs acquisitions et savoir se montrer équitable à l'égard des acteurs du monde de l'art dont certains mériteraient un meilleur sort. Il ne s'agira donc pas d'honorer des cocktails de sa présence mais de travailler avec acharnement pour mettre la culture à l'heure des nouvelles technologies et en faire plus que jamais un rempart contre la violence qui sévit de plus en plus au sein de la société et son premier devoir sera certainement de veiller à faire enseigner l'histoire de l'art au plus tôt dans les collèges et non plus en fin de cycle.
Roselyne Bachelot n'aura donc pas la partie facile alors que l'autre grande surprise dans la constitution du nouveau gouvernement aura été la nomination de l'avocat Eric Dupond-Moretti au poste ultra-sensible de ministre de la Justice, un choix qui a immédiatement inquiété les magistrats qu'il a souvent violemment critiqués. Bref, la première comme le second auront beaucoup de pain sur la planche pour imposer leur empreinte au sein de leurs ministères respectifs.
Adrian Darmon