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Judaica

HISTOIRE DE LA SPOLIATION DES COLLECTIONS D'ART PAR LES NAZIS par Adrian Darmon

Cet article se compose de 24 pages.
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Le 17 septembre, Hitler donna l'ordre à la Wehrmacht d'accorder toute l'aide possible à l'E.R.R en précisant que Rosenberg était autorisé à transférer en Allemagne les biens culturels qui lui semblaient précieux et à les sauvegarder dans ce pays. Hitler décréta également que les cessions faites après le 1er septembre 1939 à l'Etat français ou à des particuliers devenaient inopérantes et illégales.

Le 26 septembre, les responsables de l'Hôtel Drouot à Paris demandèrent l'autorisation de reprendre leur activité de vente aux enchères. Elle fut accordée par le docteur Bunjes du Kunstschutz, à condition de lui adresser tous les catalogues et de signaler les œuvres évaluées à plus de 100 000 FF ainsi que les noms et adresses de leurs acheteurs. A partir de là, le marché officiel d'œuvres d'art se développa en même temps que le marché noir, auquel participèrent aussi bien des Français que des étrangers. Là encore, on note une coupable absence de scrupules de la part de nombreux professionnels du marché de l'art et surtout des commissaires-priseurs de l'époque qui n'eurent apparemment pour seul souci que de s'enrichir en vendant des biens saisis d'une façon contestable.

Le lendemain, les Allemands promulguèrent une ordonnance au sujet des Juifs qui devaient être désormais recensés et désignés par la mention «Juif» apposée sur leurs cartes d'identité. Il fut interdit aux Juifs qui avaient fui la zone occupée d'y revenir. Dès lors, la nasse se referma sur les Juifs et plutôt rapidement car les autorités de Vichy se chargèrent avec zèle du recensement en se servant simplement de leurs archives, permettant ainsi aux Allemands d'appliquer au plus vite leurs mesures.

Par ailleurs, le conseil des ministres de Vichy décida d'adopter le 3 octobre un «statut des Juifs», excluant par la même occasion ces derniers des principales fonctions publiques et culturelles.

Au début du mois d'octobre, l'E.R.R alla saisir la bibliothèque Tourgueniev, créée à Paris par des réfugiés russes. Cette collection comprenant plus de 100 000 volumes fut envoyée à Berlin puis apparemment à Prague où les nazis désiraient fonder un « centre d'études slaves». cette collection fut saisie à la fin de la guerre par l'Armée Rouge et envoyée à Moscou.

Le 5 octobre, une loi fut votée confiant au gouvernement français la gestion et, le cas échéant, la liquidation des biens mis sous séquestre de tous les émigrés. 


Le 8, le chef de l'administration militaire allemande donna l'ordre d'enlever de l'ambassade d'Allemagne à Paris les objets d'art saisis par Abetz et de les transporter au musée du Louvre. Le 28, le docteur Turner fit saisir par la Feldpolizei deux cents caisses d'œuvres confisquées mises en dépôts par l'ambassade dans les locaux de la firme de transports Schenker, en vue de leur expédition en Allemagne. Le 30, plus de 400 caisses d'œuvres saisies, accumulées au Louvre ou se trouvant encore à l'ambassade d'Allemagne, furent transférées au jeu de Paume qui devint le principal lieu de rassemblement des œuvres saisies par l'E.R.R. Peu de fonctionnaires français eurent le cran de tenter de s'opposer à cette décision.

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