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Judaica

HISTOIRE DE LA SPOLIATION DES COLLECTIONS D'ART PAR LES NAZIS par Adrian Darmon

Cet article se compose de 24 pages.
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En juillet, la Roberts Commission (American Commission for the Protection and Salvage of Artistic and Historic Monuments in War Areas) fut créée aux Etats-Unis. La commission désigna des M.F.A.A. Officers (Monuments, Fine Arts and Archives Officers) chargés d'assister sur le terrain les états-majors pour la récupération d'œuvres d'art.

DES ŒUVRES INESTIMABLES DETRUITES

À la suite d'une réunion à Berlin début juillet, une commission de représentants de l'E.R.R. se réunit au Louvre le 19 juillet pour décider de l'avenir des oeuvres d'art moderne saisies. Les oeuvres ayant un intérêt économique (tableaux de Courbet, des Impressionnistes, de Bonnard, de Vuillard, de Matisse, de Braque, de Dufy, de Marie Laurencin, etc.) furent préservées et apportées au Jeu de Paume, dans la salle dite des "Martyrs". Les autres oeuvres modernes, rassemblées avec les portraits confisqués aux grandes familles juives, furent tailladées ou découpées et ensuite transportées dans le jardin du Jeu de Paume pour être brûlées.

En général, les Allemands n'étaient intéressés que par les œuvres anciennes et se contentaient de se servir d'œuvres d'art «dégénéré» dans des opérations d'échange.

Le 10 août, la collection Schloss fut transférée par des camions français de Limoges à Paris. La veille, le préfet avait reçu du secrétaire général auprès du gouvernement Laval l'ordre de laisser partir la collection à Paris. La décision émanait d'Abel Bonnard. La direction des Musées nationaux, faisant valoir son droit de préemption, acheta quarante-neuf chefs-d'œuvre de la collection. Comme signalé plus haut, deux cent soixante-deux œuvres furent achetées par les Allemands pour le musée de Linz, au prix de cinquante millions de francs, destinés à l'administration de Darquier de Pellepoix.

Le 17 octobre 1943, en réponse à la demande de l'E.R.R., une lettre du haut-commandement de l'Armée donna l'autorisation de saisir les œuvres d'art et les objets d'intérêt culturel des hôtels et appartements occupés par l'armée, appartenant antérieurement à des Juifs.

Le 30 décembre, Jacques Jaujard obtint de son ministre la convocation du Comité des Musées pour débattre des échanges avec les Allemands d'œuvres des collections nationales. Le Comité, favorable à quelques échanges (notamment celui de la Belle Allemande d'Erhardt) s'opposa à celui de l'Antependium de Bâle. 


La décision fut acceptée par le Docteur Bunjes et les œuvres partirent pour Carinhall. Mais les œuvres demandées en contrepartie par les Français ne furent pas envoyées, et celles proposées par les Allemands ne furent pas acceptées par Paris. Aucun de ces échanges ne fut donc avalisé par les Musées nationaux.

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