Né le 25 novembre 1870 à Granville, Maurice Denis fit ses études au lycée Condorcet à Paris où il rencontra plus tard Edouard Vuillard, Sérusier et Ker Xavier Roussel avant de se former au Louvre en découvrant les oeuvres de Fra Angelico qui l'amenèrent ensuite à décliner une oeuvre très chrétienne d'esprit.
Impressionné par Puvis de Chavannes, il étudia à l'école des Beaux-Arts, qu'il trouva trop académique à son goût, et à l'Académie Julian en 1888, année où il se lia d'amitié avec Paul Sérusier. Tous deux fondèrent alors l'école des Nabis dont il devint le théoricien. Le terme « nabi » signifiait prophète en hébreu, et rappelait la mission
que les membres de ce groupe s'étaient donnée : guider l'art vers de nouvelles voies, plus
spirituelles et authentiques.Toutefois, les Nabis étaient pour la plupart plus attirés par l'ésotérisme, les philosophies et les doctrines orientales que par le christianisme alors que Denis ou Sérusier conservèrent un esprit mystique marqué par leur religion.
En 1890, Denis rédigea à l'âge de 20 ans la « Définition du
néo-traditionnisme », programme de l'art nabi.
Surnommé « Nabi aux belles icônes » en raison de la simplification et
de l'archaïsme de sa peinture, Denis s'inspira beaucoup des Primitifs italiens et privilégia les thèmes religieux tout en exaltant la famille chrétienne, prenant souvent celle qui devint son épouse et sa famille pour modèles.
En 1889, il découvrit lors de l'exposition universelle la peinture de Paul Gauguin dont l'influence fut manifeste dans la suite de son œuvre et l'année suivante, il rencontra Marthe Meunier qui devint son modèle et qu'il épousa en 1891.
À partir de 1890, Denis se détacha de l'esprit nabi en revenant à une peinture plus décorative pour réaliser de grandes fresques pour les demeures de plusieurs mécènes. Deux ans plus tard, Maurice Denis instilla dans sa peinture des symboles plus personnels en s'inspirant du symbolisme et aussi de la poésie épique
du Moyen-Age en mettant en scène la femme dans des jardins merveilleux peints dans des tons aérés. En découvrant l'Italie en compagnie de son épouse et de son ami, le musicien Ernest Chausson , il peignit notamment toute une série de paysages dans les environs de Fiesole et fit au total une dizaines de voyages dans ce pays.
De plus en plus marqué par la religion, il peignit en 1897 La Chasse de Saint-Hubert
sur sept panneaux tout en faisant progressivement évoluer son style vers une tradition somme toute assez classique comme dans le tableau Figures dans un paysage de printemps. À partir de 1898, après avoir réalisé le plafond du théâtre des Champs-Elysées, il se consacra au thème des baigneuses au cours de plusieurs séjours à Perros-Guirrec en Bretagne où il acheta une villa baptisée Silencio.
En 1906, il découvrit la Provence en compagnie de Ker Xavier Roussel où la lumière de la Côte d'Azur l'entraîna à jouer sur les couleurs.
Enseignant à l'Académie Ranson depuis 1908, Maurice Denis résida le plus souvent à Saint-Germain-en-Laye où il avait installé en 1912 son atelier dans les locaux d'un vieil hôpital appartenant à la paroisse de cette ville qu'il finit par acquérir en 1914 pour l'appeler le Prieuré.
Ayant rencontré assez vite le succès, il eut cependant la douleur de perdre sa femme en 1919, ce qui marqua un tournant dans sa carrière puisqu'il se consacra de plus en plus à un art très chrétien à travers notamment des fresques murales et des vitraux réalisés dans la chapelle du Prieuré sur le thème de Sainte Marthe. La même année, il fonda les Ateliers d'Arts Sacrés avec Georges Desvallières lesquels formèrent de nombreux artistes et réalisèrent de nombreuses oeuvres pour des églises.
En 1922, Denis épousa Elisabeth Graterolle et exposa ses oeuvres à la Biennale de Venise tout en bénéficiant sans cesse de l'appui de nombreux mécènes qui lui permirent d'asseoir un peu plus sa consécration au plan national et international.
Catholique fervent, Denis fut très proche du Tiers-ordre dominicain et aussi du mouvement d'extrême droite de l'Action française. Devenu commandeur de la Légion d'Honneur en 1926, il fut également élu membre de l'Académie des Beaux-Arts en 1932.