Né à Paris au sein d'une famille originaire des Alpes de Haute-Provence, Pierre Girieud passa son enfance et son adolescence dans cette région avant de s'établir en 1900 à Montmartre où il pratiqua la peinture en autodidacte tout en fréquentant Picasso, Villon, Marquet, Puy, Manguin et Camoin.
Il fut également l'ami d'écrivains comme Mac Orlan, Carco et Dorgeles et ce fut avec ce dernier qu'il participa à la mystification de Boronali, ayant en tant que placier au Salon des Indépendants, inscrit le tableau peint par la queue de l'âne sous le titre de "Et le soleil s'endormit sur l'Adriatique".
Grand admirateur de Gauguin, Girieud se mit à peindre des œuvres dans le style des Nabis dès 1901.Après avoir exposé en compagnie de Maillol en 1901, il débuta l'année suivante au Salon des Indépendants à Paris et joua très tôt un rôle important parmi les artistes qui étaient en révolte contre l'art officiel et contre l'Impressionnisme qui représentait pour eux une impasse. Il adhéra ainsi au Fauvisme et fit partie des peintres qui exposèrent leurs œuvres lors du Salon d'Automne historique de 1905 où il montra cinq tableaux. Il montra aussi ses œuvres à la galerie Berthe Weil en compagnie de Metzinger, Fornerod et Friesz puis avec Le Fauconnier, il se joignit en 1909 à la « Nouvelle Association des Artistes de Munich » que venaient de créer son ami Kandinsky, Kubin et Jawlensky et participa aussi en Russie au Salon de la Toison d'Or.
Dès 1907, il eut droit à sa première exposition personnelle organisée par Daniel Kahnweiler et en 1910-11, Franz Marc le fit exposer à la galerie Tannhauser à Munich.
Très tôt remarqué comme un artiste d'avant-garde, Girieud se fixa en 1911 à Marseille et, revenu au classicisme lors de la Première Guerre Mondiale, il se consacra à des œuvres de décoration, surtout des fresques, des décors d'opéra et des illustrations.
Ses œuvres sont présentes dans 22 musées dont l'Hermitage à Saint-Pétersbourg, le Musée Pompidou à Paris, le Lebauchhaus de Munich, le Musée Cantini de Marseille et l'Annonciade à Saint-Tropez.
Girieud, qui fut tour à tour un peintre symboliste, nabi, fauve, expressionniste puis néo-classique, participa à un nombre incalculable d'expositions en France et en Europe avant de tomber dans un anonymat difficile à expliquer après la Première Guerre Mondiale laquelle le marqua toutefois profondément. Cet artiste talentueux qui aurait pu marquer l'histoire de l'art de son empreinte demeure un mystère pour les historiens d'art.