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Le comble pour un peintre fauve aurait été d'être mis en cage...
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Biographies
Artcult vous propose une sélection de biographies de grands maîtres. Sélection par Adrian Darmon.
MICHELANGELO BUONAROTTI MICHEL-ANGE
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Cet article se compose de 7 pages.
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LE TOMBEAU DE JULES II Avant d'être chargé de la décoration du plafond de la Chapelle Sixtine, Michel-Ange avait reçu commande du pape Jules II pour exécuter son tombeau lequel se devait d'être le plus beau monument jamais réalisé durant l'ère chrétienne. Il devait être placé dans la nouvelle Basilique de St Pierre alors en construction. Michel-Ange se lança avec enthousiasme dans ce projet ambitieux qui devait comprendre plus de quarante figures. Il passa ainsi des mois dans des carrières de Carrare pour choisir le plus beau spécimen de marbre mais en raison d'un manque de fonds, le pape lui demanda d'oublier un temps ce projet afin qu'il se consacrât à ses fresques. Lorsque Michel-Ange reprit ce projet de tombeau, le pape lui demanda d'être moins ambitieux et il dut se résigner à réduire les proportions du monument. Néanmoins, il produisit certaines de ses plus belles sculptures pour ce tombeau de Jules II, notamment son Moïse, dont il fit la figure centrale et qu'on peut admirer aujourd'hui dans l'église Saint-Pierre de Vincoli à Rome. Il représenta le patriarche, imposant et musclé, assis, tenant la table des Dix Commandements, sa longue barbe emmêlée dans ses mains, regardant dans le lointain comme s'il communiquait avec Dieu. Deux autres superbes statues, L'esclave entravé et l'Esclave Mourant, aujourd'hui exposées au Musée du Louvre à Paris, furent parmi les plus explicites concernant la maîtrise qu'avait Michel-Ange pour tailler le marbre. Elles permirent de comprendre comment l'artiste dégagea les formes en creusant les blocs de marbre tout en laissant les sculptures inachevées comme il le fit souvent après avoir peut-être estimé avoir atteint son but ou en l'ayant abandonné purement ou simplement. Le projet du tombeau de Jules II nécessitait des connaissances poussées en architecture mais Michel-Ange ne se consacra vraiment à une activité d'architecte qu'à partir de 1519 lorsque, revenu à Florence, il réalisa le plan de la façade de l'église San Lorenzo qui ne fut cependant jamais réalisée. Peu après, il conçut la Librairie Laurentienne et l'élégante entrée de cet édifice mitoyen de cette église. Il s'inspira des concepts de ses prédécesseurs florentins tout en instillant dans ses constructions son légendaire souffle créateur en matière de sculpture. Ainsi, il s'éloigna des concepts classiques grecs et romains en créant des motifs architecturaux d'une étonnante audace expressive. Lorsque les Medicis furent à nouveaux expulsés en 1526, Florence redevint une république pour la dernière fois tandis que Clément VII avait fait assiéger la ville par ces mêmes mercenaires allemands qui mirent Rome à sac l'année suivante. Michel-Ange fut obligé d'abandonner tous ses projets jusqu'en 1528 lorsque le nouveau gouvernement florentin lui demanda de dresser des plans de défense contre les assiégeants. Le 10 janvier 1529, il devint, avec le titre d'expert en fortifications, un des neuf membres de la Nove della Milizia, chargée de diriger les forces de défense de Florence. Michel-Ange prépara alors les plans pour la défense de la colline de San Miniato et parvint à protéger le campanile de l'église romane en la couvrant entièrement de matelas. Toutefois, persuadé que l'attaque des troupes assiégeant la ville était imminente, il prit la décision de fuir pour Venise et fut ainsi exilé de Florence dont le Conseil le considéra comme traître à sa patrie. Il fut néanmoins autorisé d'y revenir et avec le retour des Medicis au pouvoir, obtint un pardon papal de la part de Clément VII. Michel-Ange, qui avait été chargé en 1519 de réaliser les monuments funéraires des Medicis destinés à être placés dans la sacristie de l'église San Lorenzo, se remit à l'ouvrage pour ces projets. L'un de ces tombeaux était consacré à Laurent de Médicis, duc d'Urbino mort en 1519, et l'autre à Julien de Medicis (1479-1516), duc de Nemours.
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UN GENIE DE LA RENAISSANCE Autoportrait de Michel-Ange Sculpteur, peintre et architecte, Michelangelo Buonarotti, dit Michel-Ange, fut au même titre que Léonard de Vinci une légende de l'histoire de l'art, un génie de la Renaissance qui influença ses contemporains et de nombreux artistes bien après sa mort survenue en 1564 à l'âge canonique de 89 ans. Michel-Ange, qui fut également ingénieur militaire et poète, se révéla comme la véritable incarnation de la Renaissance et de l'humanisme qu'elle engendra. Plus que tout autre grande figure de l'histoire de l'art, il s'affirma comme un artiste au talent colossal, incomparable comme sculpteur, extraordinaire dans la mise en scène, étonnant comme dessinateur et comme peintre. On considère aujourd'hui que Michel-Ange, qui était également un fin lettré, n'eut pour rival que Léonard de Vinci, qui produisit cependant peu d'œuvres, pour lui contester sa place de plus grand génie de l'histoire de l'art. Plus encore que tout autre géant de la peinture, cet artiste, à la fois patriote, indépendant, orgueilleux, irascible, exigeant et inflexible, fut le premier depuis l'antiquité à glorifier l'homme avec une audace extraordinaire, bousculant ainsi de nombreux principes en matière de représentation picturale et marquant profondément son époque de son empreinte. Né le lundi 6 mars 1475 entre quatre et cinq heures du matin à Caprese (Toscane), Michelangelo fut le second des cinq fils de Ludovico di Leonardo di Buonarotto Simoni et de Francesca Neri. Les Buonarotti étaient issus d'une famille noble de Florence ce dont Michel-Ange tira une grande fierté sa vie durant. Néanmoins, cet homme ombrageux, dont la longévité fut exceptionnelle en son temps, eut une jeunesse difficile après avoir été privé de l'affection de sa mère, morte alors qu'il n'avait que six ans. Devenu vite taciturne de nature, acariâtre, insolent et provocateur, il impressionna cependant son père par son intelligence, à tel point que ce dernier se résolut à l'envoyer étudier la grammaire auprès d'un certain Francesco Galeota, un maître d'école originaire d'Urbino. Ce fut donc en étudiant le latin que le jeune Michel-Ange se lia d'amitié avec Francesco Granacci, un condisciple de six ans son aîné lequel, alors apprenti du peintre Domenico Ghirlandaio, l'encouragea à suivre la même voie que lui. Son père, modeste fonctionnaire auprès de la famille régnante des Medicis à Florence, ne s'opposa pas à cette nouvelle vocation et le jeune garçon âgé de 13 ans commença donc à travailler dans l'atelier de Ghirlandaio. Deux ans plus tard, Michel-Ange se mit à étudier la sculpture et eut l'insigne honneur d'entrer au service de la maison de Laurent 1er le Magnifique qui était connu comme un grand protecteur des arts et des lettres à Florence. Ce fut ainsi que le destin lui permit de se lier d'amitié avec deux des fils du grand prince, Jean et Jules qui, plus tard devenus papes sous les noms respectifs de Léon X et de Clément VII lui donnèrent l'occasion de créer certaines de ses plus belles œuvres. Michel-Ange rencontra également des habitués de la cour des Médicis, l'humaniste Marsilo Ficino et le poète Angelo Poliziano, qui lui permirent d'enrichir ses connaissances.
A l'âge de 16 ans, il avait déjà produit d'étonnantes sculptures en relief comme La bataille des Centaures ou La Madone des Escaliers, aujourd'hui à la Casa Buonarotti à Florence, qui témoignèrent de son talent précoce. Laurent, le protecteur de Michel-Ange, mourut en 1492 laissant Florence en proie à de graves troubles qui, deux ans plus tard, incitèrent Michel-Ange à fuir cette ville d'où les Medicis avaient été temporairement chassés. Après quelques péripéties, Michel-Ange, qui avait étudié l'anatomie en disséquant des cadavres, alla à Bologne où il fut l'invité de Francesco Aldrovandi jusqu'en 1495. Ce fut durant ce séjour qu'il assista aux prédications du moine Girolamo Savonarole dont les propos apocalyptiques l'amenèrent à une intense réflexion sur le sens tragique de la destinée de l'homme. Michel-Ange se rendit ensuite en 1496 à Rome où il put à loisir examiner des statues antiques déterrées dans des sites archéologiques. Il réalisa alors sa première sculpture plus grande que nature, le Bacchus aujourd'hui exposé au musée Bargello de Florence, une œuvre d'inspiration païenne faite probablement pour rivaliser avec celles réalisées durant l'antiquité. Bacchus (Bargello Florence) Ce fut vraisemblablement à la même époque qu'il sculpta dans le marbre un Cupidon Endormi qu'il revendit comme une œuvre authentique de l'époque romaine à un cardinal lequel la détruisit ensuite en découvrant qu'il avait été victime d'une supercherie… Moïse
L'artiste commença à réaliser presque au même moment sa célèbre Piéta, demeurée depuis dans la basilique Saint Pierre au Vatican, un chef d'œuvre qu'il termina alors qu'il n'avait pas vingt-cinq ans. En montrant la Vierge assise en majesté, l'air résigné, tenant le Christ mort allongé sur ses genoux, Michel-Ange s'inspira d'un thème très en vogue en Europe du Nord. Garçon accroupi, 1530, marbre, Hermitage, St. Pétersbourg Quelques jours après l'installation de cette statue dans la basilique Saint-Pierre, Michel-Ange entendit un pèlerin dire qu'elle avait été réalisée par l'artiste lombard Christoforo Solari. Fou de rage, il prit un ciseau et un marteau et insculpa sur l'écharpe bordant en diagonale la poitrine de la Vierge la mention suivante : Michel-Angelus Bonarotus Florent Facibat (Michel Angle le Florentin l'a réalisée) pour bien spécifier qu'il en était l'auteur. Ce fut d'ailleurs la seule sculpture sur laquelle il apposa sa signature ayant ensuite regretté son emportement et fait vœu de ne plus signer aucune œuvre. Piéta Cette Piéta fit néanmoins l'admiration de ses contemporains tandis que dans son ouvrage La Vie des Artistes, publié en 1550, Giorgio Vasari fut amené à rédiger le plus vibrant des éloges dans les termes suivants : « Il serait impossible à n'importe quel artisan ou sculpteur, tout brillant qu'il soit, de surpasser la grâce et la conception de cette œuvre ou même d'essayer de tailler ou de polir le marbre avec l'adresse dont Michel-Ange a fait preuve. Cette Piéta est la démonstration de toutes les potentialités et de la force de l'art de la sculpture. Parmi les nombreux magnifiques détails, y compris les draperies si bien suggérées, ceci est affirmé par le corps du Christ lui-même. Il serait impossible de trouver un corps sculpté avec autant de maîtrise artistique, possédant d'aussi beaux membres ou un nu avec autant de détails au niveau des muscles, des veines et des nerfs tendus sur la charpente des os ou un corps aussi imprégné par la mort. La superbe expression du visage, l'harmonie des jointures et des attaches des bras, des jambes et du tronc et le tracé si fin des veines sont si merveilleux qu'il est difficile de croire que la main d'un artiste a pu exécuter cette œuvre si admirable avec une telle perfection et dans un laps de temps aussi court. Il s'agit certainement d'un miracle de voir qu'un informe bloc de pierre a pu être ramené à une perfection que la nature est à peine capable de créer s'agissant d'un être de chair et de sang ».
En août 1501, après plusieurs années d'instabilité politique, la République fut à nouveau proclamée à Florence et Michel-Ange adhéra pleinement au nouvel ordre mis en place. Le 16 août, la Guilde des Lainiers, qui était en charge de l'entretien et de la décoration de la cathédrale de la ville, lui commanda une sculpture représentant David. David Cette gigantesque statue en marbre mesurant 4,34 mètres de hauteur, aujourd'hui à l'Accademia de Florence, fut réalisée entre 1501 et 1504 après le retour de Michel-Ange à Florence. La représentation du jeune héros et de son symbole était en fait à l'image des sentiments patriotiques de l'artiste alors que la ville restait encore exposée à de nombreuses menaces. Il fit de David le modèle du courage, en voulant démontrer que la force spirituelle intérieure du héros pouvait être plus efficace que des armes tout en espérant que les Florentins comprendraient son message. Sa foi en Dieu avait permis au jeune berger de vaincre les ennemis d'Israël en utilisant un lance pierre, le seul élément de la statue permettant d'identifier la figure légendaire de David que Michel-Ange représenta sous la forme d'un jeune homme athlétique, mature, concentré et prêt au combat avec cependant un regard chargé d'inquiétude, tenant une pierre dans sa main droite. A travers ce David, incarnation suprême de la beauté et dont la force d'expression était incomparable, Michel-Ange chercha ainsi à marquer sa détermination à défendre la fragile République. Mais également, son ambition fut de faire prendre conscience aux Florentins de leurs responsabilités et de leurs devoirs tout en prouvant à ses contemporains qu'il était supérieur à tous les autres artistes de son temps ainsi qu'à ceux de l'antiquité grecque ou romaine. MICHEL-ANGE PEINTRE Sainte Famille (tondo du musée des Offices) Ce créateur, sans cesse obnubilé par la perfection, ne songea certainement pas à limiter son génie à l'art de la sculpture. D'ailleurs, tout en créant son sublime David, il lui fut donné de démontrer ses talents de peintre lorsqu'il fut chargé de la réalisation d'une peinture murale, La Bataille de Cascina, destinée à la Sala dei Cinquecento du Palazzo Vecchio en vue de faire face à celle de La Bataille d'Anghiari que Léonard de Vinci devait produire ; mais aucun des deux artistes ne dépassa le stade des ébauches. Michel-Ange réalisa ainsi des séries de nus et de figures habillées dans des poses ou des attitudes variées qui préludèrent au grandiose projet de décoration du plafond de la Chapelle Sixtine du Vatican qu'il mena à bien plus tard. Il parvint néanmoins à peindre au moins deux tableaux à cette époque, La Madone de Notre-Dame de Bruges et le tondo représentant La Sainte Famille exposé à présent au musée des Offices à Florence.
LES FRESQUES DE LA CHAPELLE SIXTINE En avril 1508, Jules II invita Michel-Ange à Rome avec l'idée de lui faire réaliser douze peintures représentant les Apôtres ainsi que des décorations sur le plafond de la Chapelle Sixtine. Le pape avait été conseillé à cet effet par des peintres travaillant au Vatican qui désiraient jouer un mauvais tour à Michel-Ange. Ceux-ci avaient eu donc dans l'esprit de provoquer en fait l'ire du souverain pontife à l'encontre de Michel-Ange qu'ils jugeaient incapable de rivaliser avec Raphaël leur grand ami. Michel-Ange, qui se considérait avant tout comme un sculpteur, refusa d'abord cette commande puis dut se résoudre à maîtriser l'art de la fresque. Tout en réalisant son travail, il noua une relation étroite avec le pape qui se laissa séduire par sa furieuse énergie créatrice et le laissa libre de mener à bien ses projets ambitieux. En mai 1508, Michel-Ange commença à produire ses études pour ce fameux plafond et s'attela à sa tâche durant l'automne de la même année avec l'aide d'assistants comme Giuliano Bugiardini, Aristotele da Sangallo et son vieil ami Francesco Granacci. Toutefois, l'entreprise ne se déroula pas selon les vœux de Michel-Ange qui renvoya ses assistants, effaça les premières peintures et se lança seul avec frénésie dans ce projet. Extrêmement méfiant, il ne permit à personne de voir le déroulement de son travail, sauf au pape qui n'hésita pas à monter plusieurs fois au péril de sa vie sur l'impressionnant échafaudage. Il consentit finalement à montrer ses fresques en août 1511 et les artistes qui furent invités à les voir furent tous admiratifs face au spectacle éblouissant qui s'offrait à leurs yeux. Raphaël lui-même fut tellement impressionné qu'il en vint à subir l'influence de Michel-Ange dans les œuvres qu'il était en train de produire. Travaillant allongé sur le dos, Michel-Ange peignit dans cette position pénible les images les plus admirables de tous les temps entre 1508 et 1512. Sur la voûte de la chapelle papale il exécuta un incroyable entrelacs de décorations qui comprenaient neuf scènes du Livre de la Genèse commençant avec la séparation de la lumière des ténèbres et se poursuivant avec la création de Adam et Eve, la tentation et d'autres épisodes spectaculaires. Ces peintures centrales furent entourées de représentations de prophètes, de Sibylles assises sur des trônes en marbre, par d'autres thèmes de l'Ancien Testament et par les ancêtres du Christ. Ainsi, le 31 octobre 1512, l'artiste avait déjà peint plus de 300 figures sur le plafond de la Chapelle Sixtine. Pour réaliser ce travail colossal qui nécessita d'incroyables contorsions et d'efforts physiques, Michel-Ange produisit de multitudes esquisses pour les personnages de ses fresques. Ces remarquables et puissants croquis, qui soulignèrent la maestria de Michel-Ange pour le mouvement et la représentation de l'anatomie humaine, furent à l'origine d'une révolution de l'art de la peinture en Occident.
LE TOMBEAU DE JULES II Avant d'être chargé de la décoration du plafond de la Chapelle Sixtine, Michel-Ange avait reçu commande du pape Jules II pour exécuter son tombeau lequel se devait d'être le plus beau monument jamais réalisé durant l'ère chrétienne. Il devait être placé dans la nouvelle Basilique de St Pierre alors en construction. Michel-Ange se lança avec enthousiasme dans ce projet ambitieux qui devait comprendre plus de quarante figures. Il passa ainsi des mois dans des carrières de Carrare pour choisir le plus beau spécimen de marbre mais en raison d'un manque de fonds, le pape lui demanda d'oublier un temps ce projet afin qu'il se consacrât à ses fresques. Lorsque Michel-Ange reprit ce projet de tombeau, le pape lui demanda d'être moins ambitieux et il dut se résigner à réduire les proportions du monument. Néanmoins, il produisit certaines de ses plus belles sculptures pour ce tombeau de Jules II, notamment son Moïse, dont il fit la figure centrale et qu'on peut admirer aujourd'hui dans l'église Saint-Pierre de Vincoli à Rome. Il représenta le patriarche, imposant et musclé, assis, tenant la table des Dix Commandements, sa longue barbe emmêlée dans ses mains, regardant dans le lointain comme s'il communiquait avec Dieu. Deux autres superbes statues, L'esclave entravé et l'Esclave Mourant, aujourd'hui exposées au Musée du Louvre à Paris, furent parmi les plus explicites concernant la maîtrise qu'avait Michel-Ange pour tailler le marbre. Elles permirent de comprendre comment l'artiste dégagea les formes en creusant les blocs de marbre tout en laissant les sculptures inachevées comme il le fit souvent après avoir peut-être estimé avoir atteint son but ou en l'ayant abandonné purement ou simplement. Le projet du tombeau de Jules II nécessitait des connaissances poussées en architecture mais Michel-Ange ne se consacra vraiment à une activité d'architecte qu'à partir de 1519 lorsque, revenu à Florence, il réalisa le plan de la façade de l'église San Lorenzo qui ne fut cependant jamais réalisée. Peu après, il conçut la Librairie Laurentienne et l'élégante entrée de cet édifice mitoyen de cette église. Il s'inspira des concepts de ses prédécesseurs florentins tout en instillant dans ses constructions son légendaire souffle créateur en matière de sculpture. Ainsi, il s'éloigna des concepts classiques grecs et romains en créant des motifs architecturaux d'une étonnante audace expressive. Lorsque les Medicis furent à nouveaux expulsés en 1526, Florence redevint une république pour la dernière fois tandis que Clément VII avait fait assiéger la ville par ces mêmes mercenaires allemands qui mirent Rome à sac l'année suivante. Michel-Ange fut obligé d'abandonner tous ses projets jusqu'en 1528 lorsque le nouveau gouvernement florentin lui demanda de dresser des plans de défense contre les assiégeants. Le 10 janvier 1529, il devint, avec le titre d'expert en fortifications, un des neuf membres de la Nove della Milizia, chargée de diriger les forces de défense de Florence. Michel-Ange prépara alors les plans pour la défense de la colline de San Miniato et parvint à protéger le campanile de l'église romane en la couvrant entièrement de matelas. Toutefois, persuadé que l'attaque des troupes assiégeant la ville était imminente, il prit la décision de fuir pour Venise et fut ainsi exilé de Florence dont le Conseil le considéra comme traître à sa patrie. Il fut néanmoins autorisé d'y revenir et avec le retour des Medicis au pouvoir, obtint un pardon papal de la part de Clément VII. Michel-Ange, qui avait été chargé en 1519 de réaliser les monuments funéraires des Medicis destinés à être placés dans la sacristie de l'église San Lorenzo, se remit à l'ouvrage pour ces projets. L'un de ces tombeaux était consacré à Laurent de Médicis, duc d'Urbino mort en 1519, et l'autre à Julien de Medicis (1479-1516), duc de Nemours.
Ces tombeaux étaient d'un concept nouveau car Michel-Ange ignora les arabesques et autres motifs architecturaux des tombes florentines traditionnelles dont il s ‘était inspiré pour le monument funéraire de Jules II. Son ambition fut de ne créer que des statues qui exprimaient largement ses idées. Au lieu de représenter des anges, le Christ, la Vierge ou des Apôtres comme il était d'usage selon la tradition chrétienne, il donna des noms aux représentations humaines ornant les sarcophages comme l'Aube, le Crépuscule, le Jour ou la Nuit symbolisant en fait les souffrances de l'homme. La réalisation de ces tombeaux se poursuivit d'ailleurs bien après 1534, l'année où Michel-Ange partit pour Rome quittant sa ville natale à jamais. Sa décision de quitter Florence fut probablement causée par l'hostilité que le duc Alexandre de Medicis lui manifesta ainsi que par les critiques que lui firent ses concitoyens au sujet de sa conduite durant le siège de la ville, ce qui lui fit dire : «Je n'ai jamais connu de gens aussi ingrats et arrogants que les Florentins». A Rome, Michel-Ange pouvait compter sur la protection, l'estime et l'affection du pape Clément VII qui, peu de temps avant sa mort, lui demanda de peindre la fresque du Jugement Dernier dans la chapelle Sixtine. Il s'agissait d'un projet colossal puisque cette fresque devait être la plus importante jamais produite durant le XVIe siècle. Il avait mûri dans l'esprit du pape qui était désireux de renforcer l'unité des Chrétiens au moment où l'Eglise traversait un de ses crises les plus graves. Clément VII mourut le 25 septembre 1534, deux jours à peine après l'arrivée de Michel-Ange mais son successeur, Paul III Farnèse, n'annula pas cette commande. En avril 1535, un échafaudage fut donc dressé devant le mur de l'autel de la chapelle et Michel-Ange put se mettre au travail en ayant à l'esprit les événements qui avaient secoué la Ville Eternelle comme la scission qui avait donné naissance à la Réforme et le pillage qui avait meurtri ses citoyens. Le Jugement Dernier devait ainsi représenter l'humanité face au Salut. Avant même qu'elle ne fut dévoilée, cette fresque fut la cible de violentes critiques. Biaggio da Cesena, maître des cérémonies au Vatican, déclara notamment que cette œuvre était déplacée dans un lieu aussi sacré avec tous ces nus montrés de manière honteuse et qu'elle était plutôt destinée à des lieux comme des bains publics ou des tavernes. Michel-Ange fut prompt à se venger en ajoutant Biaggio dans sa fresque, personnifié par la figure de Minos, les jambes entourées par un serpent, cerné par des diables en enfer. Les diatribes à son encontre redoublèrent et d'autres personnes l'accusèrent d'hérésie, notamment Pietro Aretino, dit L'Arétin, qui dans une lettre restée fameuse demanda la destruction de cette fresque. Toutefois, ni Paul III ni son successeur Jules III ne s'offusquèrent de ces nudités et ce ne fut qu'en janvier 1564, un mois avant la mort de Michel-Ange, que l'assemblée du Concile de Trente décida de faire retoucher la fresque qui avait été terminée en 1541. La plupart des personnages, comme ceux montant au Paradis ou ceux allant en Enfer, étaient nus alors que Michel-Ange s'était lui-même représenté sous les traits de Saint Barthélemy. Dix ans plus tard, des draperies avaient déjà été ajoutées par un autre artiste alors que les temps à Rome étaient devenus plus austères. Par la suite, Michel-Ange se consacra de plus en plus à son activité dans le domaine de l'architecture, notamment pour la colline du Capitole et pour la Basilique Saint-Pierre dont il fut le principal architecte en 1546. Il essaya néanmoins de créer une nouvelle Piéta mais le bloc de marbre qu'il avait choisi se brisa sous les coups de son ciseau. Dépité, il renonça à se remettre à l'ouvrage après plusieurs années passées à tenter de produire ce dernier chef d'œuvre. Celui qui avait séduit et ébloui tant de princes, de papes, de peintres et de poètes et dont le caractère entier et irascible avait braqué également tant de gens, celui qu'on surnomma « le Divin » en raison de ses extraordinaires accomplissements, exerça une profonde influence sur de nombreux artistes comme Raphaël, Pontormo, Rosso Fiorentino, Annibale Carracci, Sebastiano del Piombo, le Titien ainsi que sur d'autres générations de peintres tandis que ses réalisations architecturales comme le dôme de Saint-Pierre devinrent les modèles de nombreuses constructions à travers le monde occidental. Bien avant sa mort, Michel-Ange était entré dans la légende. Adrian Darmon LISTE DES ARTISTES AYANT TRAVAILLE DURANT L'EPOQUE DE MICHEL-ANGE ROSSO FIORENTINO (1494-1540), LUCAS CRANACH (1472-1553),RAPHAEL SANZIO (1483-1520), JEROME BOSCH (1450-1516),BOTTICELLI (1445-1510), HANS MEMLING (1433-1494),JEAN CLOUET (1475 ?-1540), PIETER BRUEGHEL (1528-1569),LEONARD DE VINCI (1452-1519), LE PERUGIN (1445-1523),LORENZO LOTTO (1480-1556), MANTEGNA (1431-1506),LE TITIEN (1490-1576), PIERO DELLA FRANCESCA (1410-1492),FRANCOIS CLOUET (Avant 1522-1572), TINTORET (1518-1594), QUENTIN MATSYS (1465-1530), PONTORMO (1494-1556), BARENT VAN ORLEY(1488-1541), VERONESE (1528-1588),GIAMBOLOGNA (1529-1608), ANDREA DEL SARTO (1486-1530),GERARD DAVID (1460-1523), LE PARMESAN (1503-1540),GIORGIONE (1477-1510), GIULIO ROMANO (1492 ?-1546),HANS HOLBEIN (1497-1543), PRIMATICE (1504-1570),ALBRECHT DURER (1471-1528), BAROCCIO (1528-1612),LE COREGE (1489-1534), BENVENUTTO CELLINI (1500-1571),PIERO DELLA FRANCESCA (1410 ?-1492), FILIPPINO LIPPI (1457-1504)BENOZZO GOZZOLI (1420-1497), GENTILE BELLINI (1429 ?-1507),GIOVANNI BELLINI (1430 ?-1516), LUCA SIGNORELLI (1445-1523),GHIRLANDAIO (1449-1494), CARPACCIO (1455-1525 ?),JAN GOSSAERT DIT MABUSE (1478-1532),JOACHIM PATINIR (1480 ?-1524), FRANS FLORIS (1516-1570)
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