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Archives des News

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Le faux n'a jamais fait défaut
01 Août 2005



Cet article se compose de 5 pages.
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Il expliqua alors aux enquêteurs qu'il s'était servi de véritables toiles du XVIIe siècle qu'il avait décapées méthodiquement pour fabriquer ses faux en utilisant les mêmes pigments que Vermeer et en les faisant sécher grâce à un mélange de résines et à un passage au four pour leur donner une touche trompeuse d'ancienneté.

La justice néerlandaise refusa de le croire. Pour apporter la preuve de ses dires, il suggéra au tribunal de peindre un autre Vermeer devant deux experts. Sa requête acceptée, il s'exécuta en peignant une toile intitulée « Jésus enseignant dans le temple », un pastiche qui aujourd'hui paraît bien mal ficelé mais qui bizarrement apparut concluant.

Une fouille de son atelier niçois déboucha aussi sur la découverte de pigments comparables à ceux utilisés par Vermeer ainsi que d'une toile inachevée représentant une femme lisant une lettre.

Van Meegeren ne fut condamné qu'à un an de prison mais terriblement épuisé par l'épreuve qu'il venait de subir, il mourut d'une crise cardiaque le 31 octobre 1947, deux semaines après son incarcération.

Sa victoire posthume fut néanmoins éclatante car il avait réussi à abuser les critiques et à leur faire reconnaître son talent alors qu' en même temps, le scandale qu'il avait suscité fut d'un côté la cause d'un énorme coup de pub pour Vermeer dont la cote explosa littéralement et de l'autre provoqua une énorme panique parmi les conservateurs de musées qui doutèrent de l'authenticité de certaines œuvres qu'ils possédaient. Résultat: des tableaux attribués auparavant avec certitude au maître de Delft, comme « La Jeune fille assise devant un virginal », furent déclassés. En 1993, celui-ci fut présenté pour expertise chez Sotheby's mais il fallut consacrer dix années pour l'analyser à fond et faire des comparaisons avec d'autres œuvres pour déterminer son authenticité et le vendre après restauration pour plus de 24 millions d'euros en 2003.

Il est probable que s'il avait été confronté à un marché de l'art très huilé ainsi qu'à des méthodes d'analyses bien plus élaborées que durant les années 1930, Van Meegeren aurait eu aujourd'hui peu de chances de berner les spécialistes.

N'empêche, les faussaires actuels ou ceux qui les utilisent ont trouvé d'autres failles pour tromper les experts et les amateurs comme John Cockett alias John Drewe, un Anglais qui se servit en 1985 des talents de John Myatt, un peintre raté, pour produire des faux tableaux signés notamment de Ben Nicholson qui furent considérés par la suite comme authentiques. Celui là eut le génie d'inciter des amis bien introduits dans le marché de l'art à lui signer des papiers pour attester que ces œuvres leur appartenaient sans oublier de produire de faux courriers des artistes plagiés. Cockett obtint en outre l'autorisation de compulser les archives de divers musées comme la Tate Gallery ou l'Institut d'art contemporain de Londres dans lesquelles figuraient les listes d'œuvres répertoriées et trouva le moyen d'y ajouter par un habile jeu d'écriture celles que Myatt avait plagiées. Arrêté par Scotland Yard au début de 1999, Cockett fut condamné à six ans d'emprisonnement et retrouva la liberté au bout de deux ans.

A la fin des années 1960, un autre faussaire de talent d'origine hongroise, Elmyr de Hory, défraya la chronique en faisant écouler de multiples plagiats aux Etats-Unis par l'intermédiaire de Fernand Legros, un ancien danseur de ballet qui n'eut pas son pareil pour berner de riches gogos.

Né en Hongrie en 1905 et installé dans l'île d'Ibiza depuis 1961, Elmyr de Hory, qui pour brouiller les pistes s'était fabriqué diverses identités comme celles de Elmyr von Houry, du Baron Elmyr Hoffman, de Joseph Dory ou de Joseph Dory-Boutin, se comporta d'emblée comme un personnage énigmatique en se faisant passer pour un riche noble en exil.

Installé dans une magnifique résidence où il organisait des soirées mondaines très courues dans l'île, de Hory laissa croire que sa fortune était constituée d'objets d'art et qu'il avait pour amis Salvador Dali et d'autres personnages célèbres. Sa douce existence sous le soleil d'Ibiza s'écoula sans anicroche jusqu'au moment où il fut rattrapé par le scandale du procès de Fernand Legros et de son petit ami Réal Lessard, accusés aux Etats-Unis d'avoir floué le magnat du pétrole texan Algur Hurtle Meadows qui leur avait acheté des dizaines de faux tableaux modernes.

Très tôt attiré par l'art, Elmyr avait eu une jeunesse dorée à Budapest jusqu'au divorce de ses parents. Alors âgé de 18 ans, il s'était décidé à faire des études artistiques, d'abord à Munich, puis à Paris dans l'atelier de Fernand Léger entre 1926 et 1932, mais il n'était pas parvenu à se signaler en tant qu'artiste.

Se retrouvant ruiné à la fin de la Seconde Guerre Mondiale lorsque sa famille fut spoliée de ses biens par les autorités communistes de Hongrie, cet homosexuel avéré dut alors trouver le moyen d'assurer sa subsistance dans une ville dont les habitants désiraient oublier les affres de l'occupation et où le travail ne manquait pas mais l'idée de se retrouver dans la peau d'un minable employé le rebuta fortement.

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