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Le faux n'a jamais fait défaut
01 Août 2005



Cet article se compose de 5 pages.
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Tant que l'Eglise assura sa main-mise sur l'art, il y eut donc peu de faux en circulation mais lorsque les rois et les princes se mirent à collectionner et à devenir les mécènes des artistes, les commandes n'émanèrent plus alors exclusivement des milieux religieux.

Les artistes s'affranchirent donc progressivement de l'emprise de l'Eglise sur l'art en profitant d'un circuit commercial nouvellement créé en parallèle dès le début du XVIe siècle alors que la vogue de la copie s'étendit au domaine de la sculpture avec la découverte dès la fin du XIIIe siècle de nombreux vestiges de la Rome antique. Il y eut ainsi parmi les artistes italiens une propension manifeste à s'inspirer des sculptures antiques pour créer des œuvres représentant des héros de la mythologie, des nus ou des satyres. Inspiration et non plagiat pour des sculpteurs comme Donatello, Verrocchio, Pollaiuolo, Moderno, Riccio, Sansovino, Michel-Ange, Jean de Bologne, Maderno et Tacca pour ne nommer que ceux-là.

L'émancipation des artistes lorsqu'ils se mirent à peindre à profusion des sujets mythologiques mais l'industrie du plagiat ne prit véritablement son essor qu'à partir du début du XIXe siècle avec l'avènement de la bourgeoisie et de la société industrielle, toutes deux génératrices de nouvelles richesses.

Auparavant, le XVIIIe siècle avait vu l'émergence d'imitateurs de peintres flamands du siècle précédent, des artistes plutôt en manque d'imagination dont les œuvres furent cependant parfois vendues plus tard comme étant de la main de tel ou tel maître dont ils s'étaient inspirés. Ce ne fut cependant qu'à partir des années 1760, lorsque que de riches amateurs jetèrent leur dévolu sur des peintres anciens recherchés que les faux apparurent avant de pulluler un siècle plus tard. Devenus célèbres, de nombreux peintres du XVIIIe comme Watteau, Fragonard, Boucher, Reynolds ou Gainsborough furent copiés ou imités par des artistes de second rang dont les pastiches passèrent plus tard comme authentiques.

La mode du Grand Tour instituée par les nobles anglais au début du XVIIIe siècle donna aussi pour sa part des idées à des marchands italiens ravis de pouvoir faire facilement du commerce en fourguant des copies à de naïfs touristes mais une telle pratique demeura anecdotique jusqu'au milieu du XIXe siècle.

L'essor du tourisme en Italie durant la seconde moitié du XIXe siècle provoqua alors l'apparition en nombre de faussaires spécialisés dans la fabrication de plagiats de tableaux primitifs qui se vendirent comme des petits pains alors que des nouvelles techniques avaient été mises au point un peu partout, comme la réduction mécanique qui permit la production industrielle de sculptures en bronze produites par des artistes contemporains. En France, le Moyen Age redevint à la mode sous l'impulsion de Viollet-Leduc et les copistes s'activèrent pour produire fidèlement des émaux limousins créés entre le XIIe et le XVIe siècle. Néanmoins, les faussaires travaillaient encore sur une petite échelle et la seule affaire qui défraya la chronique à la fin du XIXe siècle fut l'achat par le Musée du Louvre d'une tiare en or massif prétendument d'époque scythe qu'un ingénieux orfèvre du nom d'Israel Rouchomovsky venait tout juste de réaliser.

Annoncée comme découverte dans le sud de la Russie, cette fameuse tiare portant l'inscription " dédiée à Saïtapharnès par le peuple d'Olbia" fut vendue pour un million de francs au Louvre par les frères Hochman, deux escrocs roumains puis exposée au public le 1er avril 1897, le jour même des grosses blagues, mais bien vite des spécialistes se mirent à douter de son authenticité en raison du fait que les reliefs de cette couronne paraissaient drôlement intacts après 23 siècles. Sollicité, le conservateur du musée de Munich décréta que la tiare était un montage composé d'éléments antiques empruntés un peu partout en Europe. L'enquête qui suivit déboucha sur la découverte d'un atelier de fabrication de faux à Otchakoff (ex-Olbia) appartenant aux frères Hochman avant que Rouchomovsky ne soit dénoncé par un joaillier mais les enquêteurs eurent du mal à croire qu'ils tenaient en lui le faussaire. Vexé, ce dernier débarqua à Paris et devant les spécialistes du Louvre ébahis, il se fit un devoir de recréer diverses parties de la tiare contestée.

En 1873, les frères Penelli avaient fabriqué un sarcophage étrusque qu'ils avaient enterré puis "découvert". Celui-ci était si convaincant qu'il fut acheté comme authentique par le British Museum où il figura durant des dizaines d'années comme une pièce majeure de l'art étrusque avant que l'un des frères, pris de remords, n'avoue la supercherie.

Par ailleurs, le succès des peintres auprès de la bourgeoisie s'accompagna d'un accroissement spectaculaire du nombre des copistes. Un artiste comme Corot devint vite copié à outrance mais ce dernier ne se formalisa guère de ce fait en accueillant dans son atelier ses imitateurs ravis d'obtenir ses conseils et son jugement. Corot alla même jusqu'à corriger leurs copies en ayant le chic d'y ajouter sa propre signature. Débordé de commandes et pris par le temps, ce dernier vit là probablement un moyen de satisfaire une clientèle avide de ses œuvres mais dépourvue du sens inné qu'ont les amateurs avertis à flairer le plagiat. Il y eut aussi le peintre Monticelli à la technique si particulière faite d'empâtements lourds qui fut abondamment copié de son vivant.

A la fin des années 1870, les Impressionnistes commencèrent à émerger grâce à l'appui de marchands tournés vers la modernité ou ayant le sens des affaires comme Durand-Ruel, Wildenstein, Seligmann, Rouart et d'autres ainsi que des collectionneurs disposant de gros moyens financiers comme les Rothschild, Pierpont Morgan et quelques princes russes ou riches américains qui furent parmi les premiers à s'intéresser à des artistes comme Monet, Manet, Pissarro ou Renoir. Toutefois, il fallut attendre la fin de la Première Guerre Mondiale, durant laquelle des ateliers de faussaires à Bruxelles vendirent notamment des milliers de faux Corot (au moins 10 000) aux officiers de l'armée allemande d'occupation, pour voir apparaître sur le marché les premiers plagiats des maîtres impressionnistes, de Cézanne ou de Van Gogh. A ses débuts, Vlaminck lui-même et d'autres artistes qui devinrent réputés n'hésitèrent d'ailleurs pas à produire des plagiats signés Corot ou Cézanne afin d'avoir suffisamment de quoi vivre.

Devenu célèbre une quinzaine d'années après sa mort, Van Gogh intéressa vite les faussaires à partir du moment où sa cote connut une envolée spectaculaire et alors que le catalogue raisonné de son œuvre était en cours de réalisation. La clientèle des amateurs d'art s'étant vite étoffée durant les années 1920, la tentation fut également grande pour certains marchands et non des moindres, tel Lord Duveen, de tricher avec la réalité en écoulant des tableaux avantageusement retapés à de riches gogos.

L'âge d'or du faux commença vraiment à partir des années 1925 et ce, dans de nombreux domaines comme celui des meubles du XVIIIe siècle avec la production de copies de créées par l'atelier orléanais d'André Mailfert qui furent ensuite souvent vendues comme authentiques. Mailfert ne participa pas directement à l'écoulement de ses créations merveilleusement réalisées mais, plutôt ravi de constater l'excellence de son art de copiste, il ne dénonça jamais les petits malins qui versèrent dans cette entreprise frauduleuse.

Au début des années 1930, Hans Henricus Van Meegeren, un artiste hollandais dépité de voir son talent ignoré par la critique, se mit à étudier de très près le célèbre peintre Jan van der Vermeer (1632-1675) dont les historiens d'art ne connaissaient qu'une quarantaine d'œuvres. De là, germa dans l'esprit de ce peintre ignoré l'idée de faire ressurgir des tableaux perdus de Vermeer de Delft, des toiles essentiellement religieuses créées habilement avec l'utilisation de techniques propres au maître hollandais du XVIIe siècle.

Peintre raté, Van Meegeren alla donc se venger de ceux qui l'avaient ignoré. Restaurateur de tableaux et professeur de peinture à Delft, il avait déjà acquis de profondes connaissances au sujet de l'art de Vermeer avant d'étudier les oeuvres de ce maître comme un entomologiste. Il comprit alors quel parti il pouvait tirer en plagiant cet artiste qui n'avait été vraiment redécouvert qu'au milieu du XIXe siècle et dont la première rétrospective fut seulement organisée par le Musée de Rotterdam en 1935. En 1932, il séjourna en Provence et se mit patiemment à décortiquer la technique de Vermeer et à déterminer avec précision les pigments que cet artiste avait utilisés. Deux ans plus tard, il se servit d'une toile du XVIIe siècle qu'il effaça pour peindre une version des « Pèlerins d'Emmaüs » qu'il présenta ensuite à l'expert Abraham Bredius lequel tomba en pâmoison devant ce chef d'œuvre inédit.

Ce faux fut acheté pour plus de 500 000 florins en 1937 par la Galerie royale de Rotterdam et Van Meegeren, excité comme une puce par son coup d'audace, se lança jusqu'en 1939 dans la production d'autres Vermeer, notamment une toile titrée « Jacob bénissant Isaac » et d'autres comme « La Cène », « Le Christ et la femme adultère » ou « Le Christ aux outrages ». Durant l'occupation allemande apparut « La Lavandière » puis en 1943 « Le Lavement des pieds », un tableau qui fut vendu 1,25 million de florins aux enchères.

La période trouble de la guerre favorisa la juteuse entreprise de Van Meegeren bien que des spécialistes ne manquèrent pas de s'interroger sur la miraculeuse réapparition de tableaux de Vermeer oubliés et sur leur provenance mais il fallut attendre la défaite allemande pour que les autorités du pays fassent le compte des œuvres pillées par les nazis. Ce fut ainsi qu'elles apprirent que
« Le Christ et la femme adultère » et au moins quatre autres tableaux censés avoir été peints par de Vermeer avaient été vendus au maréchal Goering et à des dignitaires nazis.

Arrêté sous l'accusation d'avoir collaboré avec l'ennemi en lui cédant des trésors nationaux, Van Meegeren jura ses grands dieux qu'il n'avait vendu aux nazis que des faux fabriqués par lui-même et qu'il avait fait à l'occasion acte de patriotisme en les dupant.

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