Le marché de l'art a vécu de beaux moments durant le premier semestre de 1998 avec un retour à la hausse pour les tableaux contemporains, une bonne tenue des Impressionnistes et de remarquables résultats pour les maîtres anciens.
Ce premier semestre a été marqué par l'annonce du rachat intégral de Christie's, première maison de vente dans le monde, par le groupe français Artémis dirigé par François Pinault. Cette annexion d'un fleuron britannique, vieux de plus de 230 ans, a fait grand bruit dans le monde de l'art tout en braquant les projecteurs sur la place de Paris qui pourrait ainsi prétendre retrouver le rôle qu'elle avait perdu depuis 25 ans à condition que la réforme du statut des commissaires-priseurs permette aux grosses études de lutter sur un pied d'égalité avec Londres et surtout New York. Toutefois, on voit mal de quelle manière la prise de contrôle de Christie's pourrait vraiment profiter à Drouot dont le système de fonctionnement repose sur un groupement de commissaires-priseurs pour la plupart jaloux de leur autonomie. Pour l'heure, aucune étude n'est à même de posséder les structures de Christie's afin de pouvoir rivaliser avec cette maison qui une fois installée à Paris drainera une grande partie des vendeurs importants au détriment des études parisiennes. De plus, ces derniers pourront profiter des ventes new-yorkaises de Christie's pour bénéficier d'avantages intéressants au niveau des frais de ventes
DES RESULTATS SPECTACULAIRES
Au chapitre des ventes, la période écoulée (jusqu'au 10 juin) aura été riche d'événements majeurs surtout à New York où les enchères en millions de dollars ont valsé malgré un couac enregistré en mai dernier par Christie's dont la vente de tableaux impressionnistes, avec un Renoir resté en rade à 15 millions de dollars, a été loin de tenir ses promesses. New York a cependant tenu le haut du pavé avec des enchères retentissantes, notamment sur Claude Monet: 12,1 millions de dollars pour «Le Grand Canal de Venise» (Sotheby's, le 13 mai) et 5,2 millions de dollars pour «Le Pont de Waterloo dans le brouillard» (Christie's le 5 mai ), sur Degas: 6,6 millions de dollars pour «Après le Bain» (Sotheby's le 14 mai), sur un dessin de Van Gogh : 5,2 millions de dollars pour «Bateaux sur la plage aux Saintes-Maries-de-la-Mer» (Christie's le 5 mai), sur Courbet: 2,9 millions de dollars pour «La Belle Irlandaise» (Sotheby's le 13 mai), sur Lucian Freud, artiste anglais né en 1922, pour «Interior W11 after Watteau» : 5,8 millions de dollars (Sotheby's le 14 mai), sur Warhol, une mise explosive de 17,3 millions de dollars pour «Orange Marilyn» qui a catapulté le roi du Pop Art au sommet puisque son précédent record n'était que de 4 millions de dollars (Sotheby's le 14 mai), sur Giacometti pour sa sculpture « Homme qui marche III» : 2,9 millions de dollars (Christie's le 12 mai) Autre grand moment : la vente de la collection du duc et de la duchesse de Windsor par Sotheby's du 19 au 27 février comprenant 44 000 souvenirs dont les estimations ont été pulvérisées avec un produit de 23,4 millions de dollars par rapport aux 8 millions de dollars espérés. La plus haute enchère, 2,3 millions de dollars, a été portée sur un portrait équestre du prince de Galles par Sir Alfred Munnings. New York a également fait fort avec les maîtres anciens lors de sa vente du 30 janvier avec un produit de 53 millions de dollars, confirmant ainsi la délocalisation de ce secteur. On signalera dans cette vente, un Rembrandt, portrait d'un homme barbu en manteau rouge, adjugé 9 millions de dollars et un Rubens, «La Tête de St Jean Baptiste présentée à Salomé », acheté un peu plus de 2 millions francs par le marchand Charles Bailly à Fontainebleau il y a neuf ans, qui a trouvé preneur à 5,5 millions de dollars. En général, les tableaux modernes et contemporains se vendent mieux et se situent parfois pour certains artistes à des niveaux similaires de ceux de 1990. Londres est néanmoins en recul pour les tableaux modernes, le marché étant de plus en plus actif à New York, stable pour les tableaux anciens, en pointe pour les manuscrits enluminés, les miniatures et les ventes d'art oriental et extrême-oriental. Globalement, le marché est très actif avec cependant la crainte d'un dérapage qui pourrait être la conséquence de la crise économique et financière en Asie du sud-est. Le maelström boursier qui a secoué Tokyo a considérablement freiné l'ardeur des acheteurs japonais aujourd'hui moins actifs sur le marché de l'art. A Paris, parmi de nombreuses ventes hétéroclites on a enregistré quelques surprises de taille notamment le 3 juin lorsqu'une nature morte inédite au pichet et à l'assiette de fromages par Clara Peeters, artiste flamande de la première moitié du XVIIe siècle, a été achetée auprès de l'étude Ferri pour la coquette somme de 10,1 millions sur une estimation de 1,5 million. Jamais en quatre ans un tableau ancien n'avait atteint une telle somme à Paris.
Le marché de l'art a vécu de beaux moments durant le premier semestre de 1998 avec un retour à la hausse pour les tableaux contemporains, une bonne tenue des Impressionnistes et de remarquables résultats pour les maîtres anciens.
Ce premier semestre a été marqué par l'annonce du rachat intégral de Christie's, première maison de vente dans le monde, par le groupe français Artémis dirigé par François Pinault. Cette annexion d'un fleuron britannique, vieux de plus de 230 ans, a fait grand bruit dans le monde de l'art tout en braquant les projecteurs sur la place de Paris qui pourrait ainsi prétendre retrouver le rôle qu'elle avait perdu depuis 25 ans à condition que la réforme du statut des commissaires-priseurs permette aux grosses études de lutter sur un pied d'égalité avec Londres et surtout New York. Toutefois, on voit mal de quelle manière la prise de contrôle de Christie's pourrait vraiment profiter à Drouot dont le système de fonctionnement repose sur un groupement de commissaires-priseurs pour la plupart jaloux de leur autonomie. Pour l'heure, aucune étude n'est à même de posséder les structures de Christie's afin de pouvoir rivaliser avec cette maison qui une fois installée à Paris drainera une grande partie des vendeurs importants au détriment des études parisiennes. De plus, ces derniers pourront profiter des ventes new-yorkaises de Christie's pour bénéficier d'avantages intéressants au niveau des frais de ventes
DES RESULTATS SPECTACULAIRES
Au chapitre des ventes, la période écoulée (jusqu'au 10 juin) aura été riche d'événements majeurs surtout à New York où les enchères en millions de dollars ont valsé malgré un couac enregistré en mai dernier par Christie's dont la vente de tableaux impressionnistes, avec un Renoir resté en rade à 15 millions de dollars, a été loin de tenir ses promesses. New York a cependant tenu le haut du pavé avec des enchères retentissantes, notamment sur Claude Monet: 12,1 millions de dollars pour «Le Grand Canal de Venise» (Sotheby's, le 13 mai) et 5,2 millions de dollars pour «Le Pont de Waterloo dans le brouillard» (Christie's le 5 mai ), sur Degas: 6,6 millions de dollars pour «Après le Bain» (Sotheby's le 14 mai), sur un dessin de Van Gogh : 5,2 millions de dollars pour «Bateaux sur la plage aux Saintes-Maries-de-la-Mer» (Christie's le 5 mai), sur Courbet: 2,9 millions de dollars pour «La Belle Irlandaise» (Sotheby's le 13 mai), sur Lucian Freud, artiste anglais né en 1922, pour «Interior W11 after Watteau» : 5,8 millions de dollars (Sotheby's le 14 mai), sur Warhol, une mise explosive de 17,3 millions de dollars pour «Orange Marilyn» qui a catapulté le roi du Pop Art au sommet puisque son précédent record n'était que de 4 millions de dollars (Sotheby's le 14 mai), sur Giacometti pour sa sculpture « Homme qui marche III» : 2,9 millions de dollars (Christie's le 12 mai) Autre grand moment : la vente de la collection du duc et de la duchesse de Windsor par Sotheby's du 19 au 27 février comprenant 44 000 souvenirs dont les estimations ont été pulvérisées avec un produit de 23,4 millions de dollars par rapport aux 8 millions de dollars espérés. La plus haute enchère, 2,3 millions de dollars, a été portée sur un portrait équestre du prince de Galles par Sir Alfred Munnings. New York a également fait fort avec les maîtres anciens lors de sa vente du 30 janvier avec un produit de 53 millions de dollars, confirmant ainsi la délocalisation de ce secteur. On signalera dans cette vente, un Rembrandt, portrait d'un homme barbu en manteau rouge, adjugé 9 millions de dollars et un Rubens, «La Tête de St Jean Baptiste présentée à Salomé », acheté un peu plus de 2 millions francs par le marchand Charles Bailly à Fontainebleau il y a neuf ans, qui a trouvé preneur à 5,5 millions de dollars. En général, les tableaux modernes et contemporains se vendent mieux et se situent parfois pour certains artistes à des niveaux similaires de ceux de 1990. Londres est néanmoins en recul pour les tableaux modernes, le marché étant de plus en plus actif à New York, stable pour les tableaux anciens, en pointe pour les manuscrits enluminés, les miniatures et les ventes d'art oriental et extrême-oriental. Globalement, le marché est très actif avec cependant la crainte d'un dérapage qui pourrait être la conséquence de la crise économique et financière en Asie du sud-est. Le maelström boursier qui a secoué Tokyo a considérablement freiné l'ardeur des acheteurs japonais aujourd'hui moins actifs sur le marché de l'art. A Paris, parmi de nombreuses ventes hétéroclites on a enregistré quelques surprises de taille notamment le 3 juin lorsqu'une nature morte inédite au pichet et à l'assiette de fromages par Clara Peeters, artiste flamande de la première moitié du XVIIe siècle, a été achetée auprès de l'étude Ferri pour la coquette somme de 10,1 millions sur une estimation de 1,5 million. Jamais en quatre ans un tableau ancien n'avait atteint une telle somme à Paris.
Autre surprise, les huit millions enregistrés dans une vente courante dirigée par M° Million pour un tableau d'un Saint Pierre en prière, estimé 50 000 francs le matin de la vacation, qui était authentifié en dernière minute comme une œuvre perdue de Fragonard.
Parmi les autres résultats intéressants: l'enchère de 7,5 millions pour Kees van Dongen, «Le Lit de la Bonne», celle de 2,5 millions pour une huile sur carton de Rouault, «Fathma», l' adjudication à 1,95 million francs d'un Fautrier, «Tête d'Otage N°4» ou encore celle de 3,1 millions francs pour des vases Louis XVI en porcelaine bleue de Chine à monture de bronze doré, enchères enregistrées chez Ribeyre-Baron, et les 2,2 millions francs portés sur une bague sertie d'un diamant solitaire de 17,25 carats chez Million le 17 mars.
On peut encore citer les 300 000 francs payés pour une médaille en bronze de Louis XII et Anne de Bretagne fondue en 1499 et estimée 30 000 francs le 27 mai chez Tajan, l'enchère record de 790 000 francs pour le tableau de François-Pierre-Bernard Barry, «Le débarquement du sultan Abd-ul Aziz à Ras el-Tyn», le 3 juin chez Ferri, celle de 850 000 francs pour une statue Dogon, influence Bambara du Mali, le 7 juin chez de Ricqlès, les 770 000 francs déboursés pour un tableau de Félix Ziem, «Bateaux pavoisés un jour de fête à Venise », le 18 mai chez Tajan, les 3 700 000 francs généreusement accordés pour un bracelet Cartier tutti frutti en platine articulé serti de diamants et de pierres précieuses, le 12 mai chez Cornette de St-Cyr, les 1 520 000 francs payés sur une estimation de 120 000 francs pour «La France et son armée », exemplaire hors commerce de l'ouvrage du général de Gaulle édité en 1938, avec un envoi de l'illustre auteur au maréchal Pétain, le 12 mai chez Tajan, les 950 000 francs enregistrés pour une gouache de Chagall, «le Peintre», le 25 avril chez Cornette de St-Cyr, les 2,4 millions francs portés sur un samovar en argent de Fabergé pesant près de neuf kilos et estimé au mieux 300 000 francs, le 5 mars au Crédit Municipal de Paris, les 2 550 000 francs misés sur une console en bois doré d'époque Louis XVI chez PIASA le 25 mars, l'enchère de 2 550 000 francs pour un tableau pointilliste de Paul Signac, «Avignon le Matin», le 24 mars chez Tajan, les 1,9 million de francs consacrés à un petit bureau de pente de BVRB le 23 mars chez Tajan et les 840 000 francs décernés pour un dessin de Pierre Paul Prud'hon, «Torse d'homme», le 30 mars chez PIASA. Pour le reste, les domaines comme la peinture orientaliste, l'argenterie, les bijoux, la haute époque, les bijoux sont restés stables à Paris mais celui de la peinture moderne a eu globalement quelque mal à tirer son épingle du jeu.
Malgré les rares adjudications au delà de la barre des cinq millions francs, un petit vent de folie a soufflé à Drouot avec des prix soutenus dans de nombreux domaines ainsi que la présence remarquée d'acheteurs culottés, notamment russes, qui ont poussé les enchères au delà du raisonnable à maintes occasions. On ne manquera pas de signaler qu'il est de plus en plus difficile de faire de bonnes affaires dans des ventes alors que les antiquaires et les galeristes se sont plaints d'une forte baisse de fréquentation depuis le début de l'année de la part de leur clientèle laquelle semble être nettement plus réceptive à l'ambiance de Drouot où la valse des millions se sera poursuivie à la fin du mois de juin avec la vente d'un de La Tour à Neuilly ou celle d'un magnifique Canaletto chez Tajan. Adrian DARMON