François Pinault a renoncé le 9 mai 2005 à installer sa fondation d'art contemporain sur le site des usines Renault à Boulogne-Billancourt en annonçant qu'il allait transférer ses collections au Palais Grassi de Venise qu'il vient d'acquérir. La décision de François Pinault a été motivée par le fait que les travaux pour reconstruire l'Île Seguin ont été retardés par des actions en justice d'associations riveraines au sujet de l'occupation des sols, lesquelles ont été abandonnées à la fin du mois d'avril 2005, trop tard cependant pour que l'homme d'affaires change d'avis.
N'empêche, la volte-face de François Pinault cause un énorme préjudice à la ville de Boulogne et à la France puisque ses collections, en tout un millier d'œuvres, iront enrichir le Palais Grassi et un bâtiment à Berlin. Sa décision n'a pas manqué de susciter des commentaires acerbes, certains allant jusqu'à le taxer d'ingratitude.
Le renoncement de François Pinault a surtout démontré l'incapacité de faire cohabiter la culture soutenue par l'Etat et celle promue par le privé. La France a ainsi manqué une occasion unique de posséder un musée d'art contemporain capable de rivaliser en prestige avec d'autres institutions étrangères.
La faute en incombe aux fonctionnaires du ministère de la Culture, en premier lieu ceux des musées, qui n'ont jamais marqué d'intérêt pour des établissements privés alors que l'Etat n'a jusque là aidé que les musées publics. Créer une fondation en dehors du circuit des aides publiques relève du miracle. Or, concernant la fondation Pinault, celui-ci n'a pas eu lieu et ce fiasco pointe du doigt des carences inacceptables qui entraînent un frein terrible pour le développement et la démocratisation de la culture.
Comment dès lors promouvoir l'art contemporain en France ? Là est la question.