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L'art contemporain se cherche toujours sans se trouver
01 Décembre 2004



Cet article se compose de 7 pages.
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En fait, l'Etat n'a acheté en général que ce que les galeries ont présenté alors que le milieu de l'art a toujours eu autant de mal à se structurer sinon à survivre.

Les galeristes n'ont ainsi jamais songé à trouver les moyens adéquats pour défendre leur profession et les artistes qui au fil des ans n'ont pas vu leur cote monter rapport à certains créateurs américains, allemands ou britanniques.

La cote d'un Soulages, le peintre français vivant le plus cher avoisine 150 000 euros, ce qui est négligeagle si on la compare avec celle d'un Jasper Johns, d'un Jeff Koons ou d'un Willem de Kooning. Celle de Combas, considéré comme l'artiste de demain qui a été le plus vendu en 2004, tourne autour de 15 000 euros, ce qui représente aussi pas grand chose par rapport aux prix atteints pour un Kiefer, un Baselitz, un Damien Hirst, un Richter ou un Kippenberger pour qui les prix ont été sacrément multipliés depuis une quinzaine d'années.

En dehors du fait que les artistes français ont stagné, voire régressé, sur la scène internationale, les galeries sont devenues plus vulnérables au fil du temps car leur système de fonctionnement a dépendu avant tout de la conjoncture économique alors que le nombre des collectionneurs a baissé dans le même temps.

Privés de ressources et forcés de faire des économies, les galeristes ont rechigné à miser sur de jeunes talents dont il faut assurer une promotion coûteuse.

De plus, la multiplication des foires et salons d'envergure (La Fiac, ArtBasel, Frieze, ArtMiami notamment) a augmenté les coûts de promotion pour les galeries qui pour être assurées d'enregistrer des ventes ont de ce fait exposé des valeurs consacrées au détriment d'artistes en devenir tandis qu'ils ont dû subir la rivalité grandissante des sociétés de vente aux enchères (Sotheby's et Christie's) sur le marché de l'art contemporain.

Le rôle des galeries s'est retrouvé ainsi diminué tout autant que leur mode de fonctionnement. Un galeriste est donc enclin à choisir ses poulains en fonction des adjudications enregistrées par les maisons de vente et qui permettent à certains artistes de devenir incontournables, comme Hirst, Koons ou Cattelan.

Les pouvoirs publics se perdent ainsi à ce jeu pernicieux et l'Etat n'est pas d'un grand secours pour les galeries qui osent encore miser sur de jeunes artistes peu présents dans les ventes aux enchères.

Face à ce constat, la situation de l'art contemporain n'est pas près de s'améliorer d'autant plus que rien n'est vraiment fait pour renforcer l'enseignement de l'art dans les écoles. Le manque de connaissances du public s'amplifie, ce qui ne contribue certainement pas à une augmentation du nombre des amateurs lesquels sont également confrontés à la conjoncture et donc moins disposés à acheter des œuvres.

Quant aux artistes, ceux-ci ont besoin de repères pour progresser et être mieux inspirés. Au début du XXe siècle, il existait divers courants porteurs comme le Cubisme, le Fauvisme, l'Expressionnisme, le Surréalisme, le Dadaïsme ou l'abstraction pour provoquer des émulations alors qu'aujourd'hui, les mouvements se sont dilués pour ne plus laisser la place qu'à des tendances assez floues ou des expérimentations qui débordent du cadre strictement artistique pour aller puiser des emprunts à la technologie de pointe. L'apport de la vidéo ou de l'ordinateur n'est certes pas un mal mais l'utilisation de l'une ou de l'autre technique s'éloigne souvent des concepts basiques de l'art. Si Picasso vivait encore, il aurait certainement tiré parti des nouvelles technologies mais en suivant un schéma propre à son vécu. Or, les artistes actuels se fourvoient trop souvent dans des déclinaisons qui au final leur échappent ou dont le propos tombe à plat.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, il ne s'agit pas d'inventer surtout qu'il n'y a pas eu vraiment d'invention dans l'art mais d'adapter et d'évoluer. L'Impressionniste n'est pas sorti subitement du chapeau d'un magicien mais a été simplement un processus qui a mûri avec le temps. Il a fallu des chaînons comme Turner, Constable, Corot, Daubigny et Boudin pour ouvrir la voie à ce mouvement comme il a fallu un fil directeur pour mener au Cubisme ou l'abstraction.

Les grands maîtres ont toujours su trouver matière à se propulser sur le devant de la scène en copiant d'abord leurs aînés puis en cherchant à décliner un art propre qui a su émouvoir et séduire leur public.

Paradoxalement, l'art n'a jamais été aussi présent dans notre quotidien sauf qu'il faudrait un déclic pour s'en rendre compte et ce déclic doit venir autant des artistes que du public. Je dirai même d'abord des artistes pour ensuite provoquer celui du public mais pour l'instant, l'art contemporain patauge parce qu'il est lui-même en mal de définition. Grande question : qu'est-ce que l'art ? Chez Le Caravage, Rembrandt, Vélasquez, Chardin, David, Turner, Delacroix, Corot, Boudin, Monet, Manet, Renoir, Picasso, Braque, Kandinsky, Mondrian, Malévitch et bien d'autres on trouvait des réponses bien plus que chez les artistes actuels confrontés à un monde qui bouge de plus en plus vite et qui laisse moins de temps à la réflexion. En fait, la condition de l'homme a changé à une époque où il n'y a pratiquement plus de philosophes. Le manque de penseurs a créé un vide qui a mené au néant, ce qui fait que les artistes se sont retrouvés dans une sorte de trou noir. Reverra-t-on alors la lumière ?

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