Lire la peinture est une démarche qui pourrait à priori paraître naturelle sauf qu'il convient déjà de savoir qu'un tableau ne vit que par celui qui le contemple. Il faut ainsi savoir voir mais aussi avoir des connaissances pour décrypter une œuvre et savoir que l'espace de la toile est remplie par le peintre dont la main conjugue sa propre perception de ce qu'il recrée à sa manière.
Chaque peintre a donc son individualité propre tout comme chaque spectateur devant une œuvre. Les effets que suscitent celle-ci peuvent être multiples et aboutir à des jugements différents de la part de ceux qui la contemplent.
Inconsciemment ou non, le spectateur cherche à comprendre ce qu'il voit selon les émotions et le plaisir qu'il ressent.
Au fil du temps, les modes, les styles, les goûts et les comportement ont changé alors qu'à travers diverses périodes, des peintres et des écoles ont émergé. Maintenant l'art a atteint une nouvelle dimension en prenant une place primordiale dans la vie de notre monde.
Il n'en reste pas moins que les spectateurs d'aujourd'hui éprouvent le besoin d'avoir des repères pour mieux comprendre les œuvres qu'ils contemplent et cela vaut autant pour les peintures anciennes que contemporaines.
La peinture ancienne a certes été expliquée abondamment depuis des lustres mais les méthodes d'analyses ont été nettement peaufinées, les recherches sur les artistes ont été plus poussées et les études de leurs œuvres sont devenues plus abouties.
Concernant la peinture contemporaine, les données sont différentes car les artistes expriment souvent leur position vis-à-vis de la société. L'art combine ainsi diverses préoccupations qui n'ont pratiquement plus rien à voir avec les comportements des artistes d'antan. Les peintres d'aujourd'hui manient donc tout autant les aspects sociologiques, leurs inquiétudes, leurs aspirations, leurs visions personnelles et leurs sentiments dans les œuvres qu'ils produisent, des œuvres qui peuvent aussi associées à la politique ou à la publicité en incluant ou non des messages.
Le spectateur d'aujourd'hui n'a pour sa part rien à voir avec celui du passé lequel était conditionné par des critères affirmés par le pouvoir, puis par la bourgeoisie et la critique. A présent, le spectateur est beaucoup moins soumis à des attitudes définies et encore moins à des dogmes. Sa sensibilité face à une œuvre dépend en fait de son éducation et de son mode de vie et à un autre degré, par le battage fait autour d'un artiste. Plusieurs facteurs régissent ainsi son jugement, ce qui amène de plus en plus les musées à organiser des confrontations entre divers artistes, comme c'est le cas concernant Manet mis en parallèle avec les maîtres espagnols anciens ou entre Picasso et Matisse.
On amène le spectateur à comparer, à faire appel plus profondément à ses sens et à l'éveiller à l'art avec plus d'acuité. C'est là une démarche ambitieuse qui débouche sur une appréhension différente des œuvres montrées quoique le but recherché puisse aboutir finalement au même point, à savoir aider le spectateur à comprendre ce qu'il voit.
On peut aider le spectateur à trouver les clés de la compréhension mais en réalité, son jugement reste en grande partie personnel en dépit du conditionnement qu'il pourrait subir. Il regarde, il imagine, il peut être troublé ou non mais il se pose certainement des questions. A-t-il vraiment compris l'artiste ? Là est la question laquelle pourrait trouver en partie une réponse s'il connaît déjà l'artiste et possède de bonnes notions dans le domaine de l'histoire de l'art.
Il n'y a donc pas seulement le spectateur mais des spectateurs dont les connaissances et les sensibilités sont différentes. Entre l'ignare et l'amateur éclairé, il restera donc toujours un fossé difficile à combler.
En attendant, les éditions Larousse viennent de publier un ouvrage intitulé « Lire la peinture » au prix de 27 euros qui permettra aux lecteurs de mieux se faire une idée de la question.
Adrian Darmon
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