La Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence présente jusqu'au 10 octobre 2001 une rétrospective consacrée à Wassily Kandinsky (1866-1944). Classique à ses débuts et plutôt influencé par le folklore russe, Kandinsky se tourna au début du XXe siècle vers l'abstraction en délivrant la peinture de son sujet.
Il s'agit là de la plus importante rétrospective dédiée à Kandinsky depuis 17 ans et les œuvres présentées à la Fondation Maeght sont vraiment exemplaires de son art, surtout que les visiteurs pourront découvrir des tableaux jamais montrés auparavant.
Malgré son air de professeur tiré à quatre épingles, cet artiste fut avant tout un révolutionnaire. Un jour, il vira par hasard à l'abstraction à Munich où il peignait des tableaux expressionnistes en ne reconnaissant plus les formes représentées dans une de ses œuvres. A partir de cet instant, il chercha à aller vers la pureté et la beauté intérieure.
Il n'était pourtant venu à l'art qu'à l'âge de 40 ans après avoir étudié le droit et exercé un métier de juriste en Russie. Installé en Allemagne, il quitta ce pays lorsque les nazis prirent le pouvoir à Berlin et vint s'établir à Paris où il demeura jusqu'à sa mort en 1944.
Sa célébrité fut posthume puisqu'elle ne s'affirma qu'à partir des années 1950 lorsque des collectionneurs s'entichèrent de ses œuvres dans lesquelles il avait réinventé le monde en y incluant des formes amibiennes et géométriques, indéchiffrables au premier coup d'œil.
Chez Kandinsky, le point, la courbe, le carré ou le triangle remplacèrent les objets et montrèrent l'univers en phase de transition. Aujourd'hui, ses œuvres restent étonnamment modernes alors que l'artiste demeure pour nombre d'historiens un mystère. Ainsi, on se demande souvent comment cet homme qui avait l'apparence d'un bourgeois plutôt tranquille, parfois intolérant au point d'être taxé d'antisémite, parvint à avoir l'envergure d'un grand maître de la peinture pour imposer une nouvelle vision de l'art.
Une tentative de réponse pourrait être trouvée dans la formulation assez mathématique de ses œuvres et dans leur déclinaison qui se rapprochait de l'écriture d'une partition de musique. Chez Kandinsky, au contraire d'un Picasso, le bouillonnement fut avant tout intérieur. Bref, l'habit ne fait pas le moine.
Michael Monboyard