Le Centre Georges Pompidou présente jusqu'au 30 juin 2003 une rétrospective des œuvres du peintre d'origine russe Nicolas de Staël qui se suicida à l'âge de 41 ans le 16 mars 1955 à Antibes. Se sentant incapable d'aller plus loin dans sa peinture, le géant qu'était le fils du général baron Vladimir Ivanovitch de Staël von Holstein, vice-gouverneur de la forteresse Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg.
La révolution jeta sa famille sur les chemins de l'exil jusqu'en exil où les enfants devinrent vite orphelins. En 1946, de Staël eut en outre la douleur de perdre sa compagne, l'artiste-peintre Jeannine Guillou, une perte qu'il eut énormément de mal à surmonter.
A ses débuts, de Staël peignit des œuvres dans un style placé sous l'influence de Cézanne et de Picasso avant de comprendre que sa voie se situait dans l'abstraction mais chez lui, l'abstrait ne servit qu'à suggérer les formes facilement devinables à partir de 1943 à travers des formes géométriques appliquées au couteau.
En 1951, de Staël atteignit l'apogée de son art en conjuguant avec maestria l'abstrait et le réel avec des couleurs étincelantes. L'année suivante, il réalisa les plus beaux tableaux jamais produits sur le sport à l'occasion du match France-Suède de 1952.
A cette occasion, la frénésie manifestée par le peintre eut peut-être des répercussions sur son état mental tellement la violence était présente dans ses œuvres. De Staël jongla ensuite avec la couleur pure en peignant des paysages siciliens mais subitement, il abandonna le couteau et se mit à peindre des œuvres plates pour se retrouver perdu face à sa dernière toile titrée "Le Concert" restée inachevée pour des raisons qu'on devine.
Désespéré de ne pas trouver une nouvelle formule acceptable pour représenter la réalité à travers ses formes fondamentales et non pas adhérer totalement à l'abstraction pour n'être qu'un représentant d'une tendance en vogue depuis 1945. Inclassable, il fut le peintre de la couleur débridée en produisant des toiles qui semblaient abstraites aux yeux grands ouvert du spectateur mais qui exprimaient le réel une fois qu'il les clignaient. Apparemment, l'artiste ne pouvait se résoudre à se suffire d'une pareille double lecture.