Tout comme l'économie mondiale, la liberté de la presse a quelque peu pris du plomb dans l'aile depuis ces derniers mois, à croire qu'il faille tourner sept fois son stylo dans sa bouche avant de pondre une ligne dans un journal, une revue ou simplement sur un site Internet.
Bien loin des pressions faites récemment par Matignon sur l'AFP et d'autres restrictions subies par des journalistes à travers le monde, deux réactions surprenantes concernant deux articles parus dans artcult.com, lesquels se rapportaient à des faits pourtant mentionnés par d'autres journaux, m'ont amené à penser qu'il semblait moins stressant de travailler comme correspondant en Irak que de couvrir certains aspects du marché de l'art. LA LIBERTE DE LA PRESSE EN QUESTION (suite)
Affichant plus de 15 000 articles au compteur au bout de plus de 35 ans de carrière, je n'avais jamais fait l'objet d'aucune récrimination appuyée pour mes écrits dont certains ont été pourtant à tout le moins maintes fois percutants.
Il m'a suffi de me référer à un jugement pour une histoire de dol et à une affaire en cours concernant la contestation d'une pièce antique vendue aux enchères, deux faits abondamment relatés par ailleurs dans des quotidiens, pour faire bombarder de remarques pour le moins étonnantes, venues dans le deuxième cas des représentants de toutes les parties concernées, ce qui m'a amené à supprimer purement et simplement ces articles qui n'avaient cependant rien de tendancieux.
Ne représentant que moi-même et non un grand organe de presse doté des capacités financières et juridiques pour se faire respecter, et constatant que la publication d'un article comporte aujourd'hui bien plus de risques que naguère, j'ai donc, en agissant de la sorte, préféré faire taire toute polémique. Certains sont ainsi satisfaits mais d'autres, plus nombreux, regrettent la suppression de ces articles.
Il n'est cependant pas rare que n'importe quel texte puisse comporter des inexactitudes dès lors qu'on cite des journaux qui en contiennent déjà ou des témoins dont les propos peuvent s'avérer dérangeants. A titre d'exemple, les journaux annonçaient 3 000 morts victimes de la canicule. Quelques jours plus tard, le chiffre était corrigé à 5 000 puis à 10 000 alors que le premier décompte officiel atteignait 11 435 le 29 août.
Par ailleurs, des faits rapportés dans un journal de droite n'auront certainement pas la même résonance dans un organe de gauche mais sans aller jusque là, on se rend compte sans mal que les journaux sont rarement à l'unisson dans le traitement d'un événement. Cela veut dire qu'à son niveau, artcult.com n'échappe pas toujours au piège des inexactitudes.
Toutefois, là où la situation devient franchement ubuesque, c'est lorsqu'un plaignant et un défendeur s'avisent tous deux de se plaindre d'informations "inexactes" dans un reportage les concernant et que le représentant du premier s'avise ensuite à se vanter lors d'un dîner d'avoir « fermé le clapet d'un petit journaliste », visiblement un gnome, vraisemblablement historien d'art par accident après avoir été aussi par hasard correspondant de l'agence Reuter durant neuf ans et directeur de la rédaction d'une quinzaine de magazines grand public , dont une demi-douzaine créés par ses soins.
Si j'ai donc « fermé mon clapet », c'est avant tout pour protester à ma manière contre toute forme de pression en effaçant les articles incriminés de mon site. Finalement, certains de mes confrères m'ont indirectement rendu justice en ouvrant le leur avec plus de virulence au sujet de cette affaire mal plaidée au départ, comme quoi les intimidations envers les journalistes tendent à avoir peu d'effets lorsqu'une information contient une bonne dose de sincérité et d'exactitudes.
En conclusion, la liberté de la presse est souvent mise à mal à partir du moment où certaines vérités commencent à être publiées. On a constaté ce fait plus d'une fois, et notamment à travers l'affaire du Watergate lorsqu'un informateur très discret se mit à déballer certaines informations incroyables qui s'avérèrent finalement véridiques en tous points et cela a bien prouvé que sans informateurs, les journaux ne délivreraient que des nouvelles souvent sans intérêt.
Je tiens à souligner que je pèse toujours soigneusement mes mots lorsque je rédige un article et que je n'oublie jamais de citer mes sources comme j'ai appris consciencieusement à le faire chez Reuter. Il me semble cependant bon de rappeler que je sélectionne avec attention les informations qui me sont fournies et que je m'abstiens toujours de publier celles qui ont un caractère diffamatoire ou qui, sans preuves solides, peuvent parfois être explosives propres en fait à intéresser probalement "Le Canard Enchaîné".
En attendant, la couverture de l'actualité du marché de l'art ne doit pas, que je sache, se limiter à diffuser des informations vides de sens et pire, de substance et de pertinence. Maintenant, me chercher des poux là où il n'y en a pas constitue à n'en pas douter une entrave inadmissible à ma mission d'informateur.
Adrian Darmon
Tout comme l'économie mondiale, la liberté de la presse a quelque peu pris du plomb dans l'aile depuis ces derniers mois, à croire qu'il faille tourner sept fois son stylo dans sa bouche avant de pondre une ligne dans un journal, une revue ou simplement sur un site Internet.
Bien loin des pressions faites récemment par Matignon sur l'AFP et d'autres restrictions subies par des journalistes à travers le monde, deux réactions surprenantes concernant deux articles parus dans artcult.com, lesquels se rapportaient à des faits pourtant mentionnés par d'autres journaux, m'ont amené à penser qu'il semblait moins stressant de travailler comme correspondant en Irak que de couvrir certains aspects du marché de l'art. LA LIBERTE DE LA PRESSE EN QUESTION (suite)
Affichant plus de 15 000 articles au compteur au bout de plus de 35 ans de carrière, je n'avais jamais fait l'objet d'aucune récrimination appuyée pour mes écrits dont certains ont été pourtant à tout le moins maintes fois percutants.
Il m'a suffi de me référer à un jugement pour une histoire de dol et à une affaire en cours concernant la contestation d'une pièce antique vendue aux enchères, deux faits abondamment relatés par ailleurs dans des quotidiens, pour faire bombarder de remarques pour le moins étonnantes, venues dans le deuxième cas des représentants de toutes les parties concernées, ce qui m'a amené à supprimer purement et simplement ces articles qui n'avaient cependant rien de tendancieux.
Ne représentant que moi-même et non un grand organe de presse doté des capacités financières et juridiques pour se faire respecter, et constatant que la publication d'un article comporte aujourd'hui bien plus de risques que naguère, j'ai donc, en agissant de la sorte, préféré faire taire toute polémique. Certains sont ainsi satisfaits mais d'autres, plus nombreux, regrettent la suppression de ces articles.
Il n'est cependant pas rare que n'importe quel texte puisse comporter des inexactitudes dès lors qu'on cite des journaux qui en contiennent déjà ou des témoins dont les propos peuvent s'avérer dérangeants. A titre d'exemple, les journaux annonçaient 3 000 morts victimes de la canicule. Quelques jours plus tard, le chiffre était corrigé à 5 000 puis à 10 000 alors que le premier décompte officiel atteignait 11 435 le 29 août.
Par ailleurs, des faits rapportés dans un journal de droite n'auront certainement pas la même résonance dans un organe de gauche mais sans aller jusque là, on se rend compte sans mal que les journaux sont rarement à l'unisson dans le traitement d'un événement. Cela veut dire qu'à son niveau, artcult.com n'échappe pas toujours au piège des inexactitudes.
Toutefois, là où la situation devient franchement ubuesque, c'est lorsqu'un plaignant et un défendeur s'avisent tous deux de se plaindre d'informations "inexactes" dans un reportage les concernant et que le représentant du premier s'avise ensuite à se vanter lors d'un dîner d'avoir « fermé le clapet d'un petit journaliste », visiblement un gnome, vraisemblablement historien d'art par accident après avoir été aussi par hasard correspondant de l'agence Reuter durant neuf ans et directeur de la rédaction d'une quinzaine de magazines grand public , dont une demi-douzaine créés par ses soins.
Si j'ai donc « fermé mon clapet », c'est avant tout pour protester à ma manière contre toute forme de pression en effaçant les articles incriminés de mon site. Finalement, certains de mes confrères m'ont indirectement rendu justice en ouvrant le leur avec plus de virulence au sujet de cette affaire mal plaidée au départ, comme quoi les intimidations envers les journalistes tendent à avoir peu d'effets lorsqu'une information contient une bonne dose de sincérité et d'exactitudes.
En conclusion, la liberté de la presse est souvent mise à mal à partir du moment où certaines vérités commencent à être publiées. On a constaté ce fait plus d'une fois, et notamment à travers l'affaire du Watergate lorsqu'un informateur très discret se mit à déballer certaines informations incroyables qui s'avérèrent finalement véridiques en tous points et cela a bien prouvé que sans informateurs, les journaux ne délivreraient que des nouvelles souvent sans intérêt.
Je tiens à souligner que je pèse toujours soigneusement mes mots lorsque je rédige un article et que je n'oublie jamais de citer mes sources comme j'ai appris consciencieusement à le faire chez Reuter. Il me semble cependant bon de rappeler que je sélectionne avec attention les informations qui me sont fournies et que je m'abstiens toujours de publier celles qui ont un caractère diffamatoire ou qui, sans preuves solides, peuvent parfois être explosives propres en fait à intéresser probalement "Le Canard Enchaîné".
En attendant, la couverture de l'actualité du marché de l'art ne doit pas, que je sache, se limiter à diffuser des informations vides de sens et pire, de substance et de pertinence. Maintenant, me chercher des poux là où il n'y en a pas constitue à n'en pas douter une entrave inadmissible à ma mission d'informateur.