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L'année 1998 s'annonce cruciale pour l'art, son marché et la création d'après ses différents intervenants mais l'information et l'éducation restent des points sensibles qui demandent à être développés. Pour le ministère de la Culture français, il y a un effort considérable à effectuer en faveur de l'art contemporain. Pour les directeurs de musées le souci premier est d'accroître la fréquentation. Pour les marchands, le problème majeur est d'abaisser la TVA qui pénalise leur profession par rapport aux avantages dont bénéficient les Américains ainsi que le droit de suite qui alourdit les charges. Ils souhaitent que le marché, avec la réforme du statut des ventes publiques, s'ouvre plus rapidement afin d'opérer une relance qui a tardé à venir. Les achats d'art en France sont restés décevants en 1997 alors que la création a quelque peu fait du sur-place à cause d'un débat plutôt stérile sur la façon d'appréhender l'art contemporain. Les taxes, trop lourdes, ont pesé sur le marché et leur effet a profité aux Etats-Unis où les ventes d'art moderne et contemporain ont augmenté substantiellement. Au niveau des commissaires-priseurs français, l'année 1998 va être cruciale après une longue attente pour une modification finale de leur statut. Cette attente a provoqué une vive inquiétude au sein de la profession laquelle a été exposée à des scandales désastreux pour son image. L'affaire concernant Guy Loudmer, accusé de pratiques malhonnètes dans le cadre de la prestigieuse vente de la collection Bourdon en mars 1990 et d'autres, certes moins graves, impliquant des confrères a mis la profession à mal alors que les commissaires-priseurs s'interrogent sur la manière de résister à l'offensive de maisons comme Christie's ou Sotheby's lorsque celles-ci auront le droit d'organiser des ventes aux enchères à Paris. Le marché de l'art est de plus en plus affaire de commerce et le statut des commissaires-priseurs était devenu obsolète depuis trop longtemps pour leur permettre de lutter à armes égales avec les maisons anglo-saxonnes. Le volume des ventes aux enchères a toutefois considérablement augmenté durant le second semestre de 1997 mais les commissaires-priseurs qui resteront en place après la réforme de leur statut devront avoir les moyens financiers pour maintenir Drouot à un rang important. Eux aussi réclament une réduction des taxes pour que l'Europe reste compétitive face à l'ogre américain. En dernier lieu, l'art ne pourra se développer en France qu'à travers une politique culturelle axée vers l'éducation, tant au niveau du public que de celui des collèges. Les multiples expositions organisées à travers le pays ont montré d'une part un réel intérêt du public et d'autre part une méconnaissance inquiétante de ce dernier par rapport à ce qu'on lui présentait. Certaines manifestations ont attiré des centaines de milliers de visiteurs - voire des millions s'agissant des Journées du Patrimoine - mais il est primordial de dépasser le stade de la simple curiosité pour parvenir à celui d'une connaissance de base. Ainsi, tant que le public ne sera pas éduqué pour comprendre enfin ce qu'on lui offre à son regard, l'art restera otage d'une élite qui ne manquera pas de le régenter et de contrôler son marché. Adrian Darmon
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L'année 1998 s'annonce cruciale pour l'art, son marché et la création d'après ses différents intervenants mais l'information et l'éducation restent des points sensibles qui demandent à être développés. Pour le ministère de la Culture français, il y a un effort considérable à effectuer en faveur de l'art contemporain. Pour les directeurs de musées le souci premier est d'accroître la fréquentation. Pour les marchands, le problème majeur est d'abaisser la TVA qui pénalise leur profession par rapport aux avantages dont bénéficient les Américains ainsi que le droit de suite qui alourdit les charges. Ils souhaitent que le marché, avec la réforme du statut des ventes publiques, s'ouvre plus rapidement afin d'opérer une relance qui a tardé à venir. Les achats d'art en France sont restés décevants en 1997 alors que la création a quelque peu fait du sur-place à cause d'un débat plutôt stérile sur la façon d'appréhender l'art contemporain. Les taxes, trop lourdes, ont pesé sur le marché et leur effet a profité aux Etats-Unis où les ventes d'art moderne et contemporain ont augmenté substantiellement. Au niveau des commissaires-priseurs français, l'année 1998 va être cruciale après une longue attente pour une modification finale de leur statut. Cette attente a provoqué une vive inquiétude au sein de la profession laquelle a été exposée à des scandales désastreux pour son image. L'affaire concernant Guy Loudmer, accusé de pratiques malhonnètes dans le cadre de la prestigieuse vente de la collection Bourdon en mars 1990 et d'autres, certes moins graves, impliquant des confrères a mis la profession à mal alors que les commissaires-priseurs s'interrogent sur la manière de résister à l'offensive de maisons comme Christie's ou Sotheby's lorsque celles-ci auront le droit d'organiser des ventes aux enchères à Paris. Le marché de l'art est de plus en plus affaire de commerce et le statut des commissaires-priseurs était devenu obsolète depuis trop longtemps pour leur permettre de lutter à armes égales avec les maisons anglo-saxonnes. Le volume des ventes aux enchères a toutefois considérablement augmenté durant le second semestre de 1997 mais les commissaires-priseurs qui resteront en place après la réforme de leur statut devront avoir les moyens financiers pour maintenir Drouot à un rang important. Eux aussi réclament une réduction des taxes pour que l'Europe reste compétitive face à l'ogre américain. En dernier lieu, l'art ne pourra se développer en France qu'à travers une politique culturelle axée vers l'éducation, tant au niveau du public que de celui des collèges. Les multiples expositions organisées à travers le pays ont montré d'une part un réel intérêt du public et d'autre part une méconnaissance inquiétante de ce dernier par rapport à ce qu'on lui présentait. Certaines manifestations ont attiré des centaines de milliers de visiteurs - voire des millions s'agissant des Journées du Patrimoine - mais il est primordial de dépasser le stade de la simple curiosité pour parvenir à celui d'une connaissance de base. Ainsi, tant que le public ne sera pas éduqué pour comprendre enfin ce qu'on lui offre à son regard, l'art restera otage d'une élite qui ne manquera pas de le régenter et de contrôler son marché. Adrian Darmon
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