La première enquête statistique menée en France par le CSA sur les galeries d'art à partir d'un échantillon de 230 galeries a révélé avec surprise que celles-ci se portaient plutôt bien. Parmi les galeristes ayant été sélectionnés pour ce sondage (73% en Île de France et 27% en province), 88% se sont déclarés satisfaits de leur négoce qui leur rapporte en moyenne 800 000 euros par an.
Il convient cependant de souligner que ces galeries sont toutes spécialisées dans les secteurs de l'art moderne et contemporain, lesquels sont les plus porteurs au niveau du marché alors que du côté des brocanteurs et des antiquaires la situation est catastrophique.
L'art moderne et contemporain semble donc bien se vendre parce que ces deux entités correspondent plus étroitement que d'autres aux goûts d'une clientèle assez jeune. Toutefois, là où le bât blesse c'est que l'art contemporain demeure un domaine hautement spéculatif concernant des artistes dont les cotes sont poussées au plus haut sans que l'on sache vraiment si elles se maintiendront à leur niveau dans cinq ou dix ans.
Les galeries françaises permettent chacune à environ 15 artistes et ayant-droits de vivre décemment tout en réalisant en moyenne un chiffre d'affaires annuel de 1,2 million d'euros hors taxes pour l'art moderne, 1,08 million d'euros pour le second marché, 835 000 euros pour l'art contemporain classique et 487 000 euros pour l'art contemporain d'avant-garde, des résultats dont il faut retrancher environ 210 000 euros au titre des frais fixes (principalement des frais de réception,d' impression de catalogues et autres, de participation aux expositions et aux foires, d'envois d'invitations, de restauration, de clichés photographiques, de salaires, de charges sociales et de loyers)
Ces galeries attirent en moyenne 95 visiteurs par semaine, ce qui équivaut pour l'ensemble du territoire à environ 1,6 million par an, et participent à au moins 8 expositions par an en recourant à l'édition de deux catalogues alors que leurs ventes en faveur d'institutions publiques se limitent à 6%, ce qui tendrait à prouver que les collectionneurs sont bien présents dans le paysage français de l'art moderne et contemporain.
Malgré tout, les galeristes ont été au nombre de 68% à manifester leur inquiétude au sujet des charges sociales trop élevées alors que 30% se sont plaints des lourdeurs administratives et que 16% et 15% ont trouvé respectivement qu'ils n'avaient que peu de perspectives et que les salaires de leurs employés étaient trop élevés.
A la lecture de ces statistiques, on en vient à croire que la France ne se porte pas trop mal par rapport aux Etats-Unis, à la Grande-Bretagne et à l'Allemagne puisque le total des chiffres d'affaires des 1 082 galeries recensées se situe aux alentours de 860 millions d'euros, soit 170 millions de plus que le C.A de Drouot.
On constate malheureusement que le marché de l'art français fonctionne à deux vitesse, à plein régime pour les galeries spécialisées dans l'art moderne et contemporaine et au ralenti pour les antiquaires et brocanteurs sans oublier que tout ce qui touche à la spéculation confine à une certaine fragilité. C'est néanmoins par le biais de ces galeries que le marché affiche une santé somme toute trompeuse.