Le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris présente jusqu'au 27 avril 2003 une sélection d'œuvres de Kazimir Malévitch (1878-1935), l'artiste qui révolutionna l'histoire de l'art du XXe siècle. Avec 50 dessins et 24 tableaux prêtés par le Stedelijk Museum et la Fondation Khardjiev-Tchaga d'Amsterdam, cette exposition offre aux visiteurs la possibilité de comprendre la démarche de l'inventeur du Suprématisme, encensé un temps par le régime soviétique puis persécuté à la fin des années 1920 pour s'être écarté des normes imposées par le régime lequel ne goûtait plus les artistes avant-gardistes.
L'artiste présenta ses œuvres à Berlin en 1927 mais, rappelé d'urgence à Moscou, les confia à des amis dans la capitale allemande où elles furent mises à l'abri avant qu'elles ne fussent achetées en 1957 par le musée d'Amsterdam.
A ses débuts, Malévitch produisit des œuvres impressionnistes mais avec une tendance à traiter la couleur plus violemment que les peintres français. Mais l'artiste se détacha rapidement de l'influence de Monet pour aborder d'autres styles sous l'influence de l'art traditionnel russe, de Cézanne, des Fauves, du symbolisme et du cubisme.
Ayant digéré toutes ces formes d'art, il était fin prêt pour devenir un innovateur, un peu à la manière de Picasso, mais avec plus d'audace. En abordant le Cubisme, il s'attacha à retenir la leçon de Cézanne adepte du cylindre, du cône ou de la sphère comme les visiteurs peuvent s'en rendre compte en admirant
« Un Anglais à Moscou » de 1914.
Dès lors, Malévitch entama sa marche vers le rien ou simplement le blanc avec des cercles, des croix ou des carrés en inventant alors le Suprématisme comme avec son « Carré noir sur fond blanc » ou ce « Blanc sur blanc », préfiguration du Minimalisme des années 1950 tel que pratiqué aux Etats-Unis et la croix noire sur un ovale rouge du début des années 1920, offerte aux yeux des visiteurs, est plus que ce qu'elle représente à première vue. Elle est en fait la quintessence de tout ce qui a permis l'évolution de la peinture depuis Monet et Cézanne. Dans cette œuvre tout est dit. Encore faut-il savoir aller au-delà de sa pure représentation.