Aujourd'hui, les grandes firmes ne sont plus à l'abri de soudaines et brutales offres publiques d'achat. Demain, un homme richissime comme Bill gates pourrait s'aviser de s'intéresser au marché de l'art et d'acheter Christie's ou Sotheby's, ou les deux maisons en même temps. François Pinault et Bernard Arnault ne pourraient alors offrir qu'une résistance bien molle à pareille offensive.
Finalement, le marché de l'art est comme sur la corde raide, à la merci d'attaques imprévues pour s'assurer son contrôle car on sait bien que toute position dominante dans ce secteur permet de jouer un rôle déterminant en ce qui concerne l'orientation de la culture au 21e siècle.
On sait déjà que l'art contemporain se fait avant tout aux Etats-Unis où tous les prix atteints dans des ventes à New York sont largement supérieurs à ceux enregistrés en Europe, ce qui signifie que le marché international dépend des activités aux Etats-Unis quoique en étant sous la férule de deux hommes d'affaires français mais leur influence reste somme toute limitée.
On peut néanmoins espérer que l'un et l'autre tenteront de donner un coup de fouet salutaire à l'art contemporain en Europe et rapidement car nous ne savons pas de quoi demain sera fait, notamment si Bill Gates se met dans l'idée de venir brouiller les cartes sur le marché de l'art.
Bizarrement, les cartes sont plus que brouillés sur Internet, un réseau sur lequel de nombreux sites dédiés à l'art ont vu le jour. Et pourtant, les créateurs de ces sites ont rarement les compétences voulues pour les faire vivre intelligemment.
Le 28 mars dernier, en visite au Salon Comdex Porte de Versailles, j'ai rencontré le responsable d'un français d'art contemporain et me suis permis de lui poser quelques questions au sujet de sa politique éditoriale.
Il m'a répondu que son site était destiné à faire découvrir l'art contemporain aux gens mais à la question de savoir s'il avait à sa disposition une équipe rédactionnelle très au fait de ce domaine, il s'est contenté de dire que son site se limitait à ne produire que des interviews d'artistes.
D'accord, les interviews peuvent s'avérer intéressantes mais après ? Qu'en est-il de l'analyse des oeuvres, de la tentative de les expliquer tout autant que la démarche d'un artiste ? Ce n'est pas le propos pour le responsable de ce site. «Du moment que quelqu'un aime une peinture...», m'a-t-il dit.
A ses yeux, il suffit d'aimer une oeuvre et le tour est joué. Voilà une approche délirante et désastreuse car les gens ont plus que besoin de clés pour comprendre l'art surtout que nombreuses sont les oeuvres qui contiennent des messages.
Pour ma part, mon message sera clair. Apprenez autant que vous pouvez sur l'art, son histoire et les artistes car c'est à ce prix que vous pourrez devenir de véritables amateurs avisés. De plus, connaître l'art, c'est quelque part devenir plus responsable vis-à-vis de la race humaine. Adrian Darmon
La bataille pour le contrôle du marché de l'art international qui se déroule entre François Pinault, le propriétaire de Christie's, et son rival Bernard Arnauld, patron de LVMH qui vient de racheter la maison londonienne Phillips et qui lorgne du côté de Sotheby's, démontre amplement que les décisions importantes relatives à l'organisation de grandes ventes vont être souvent prises à Paris. Cela ne voudra toutefois pas dire que Paris deviendra la capitale mondiale du marché de l'art, un statut qui restera réservé à New York pour au moins encore dix ans. Il faut en réalité bien analyser les initiatives de MM. Pinault et Arnauld pour prendre la mesure de ce qui se passe sur le marché de l'art.
1) François Pinault essaie actuellement de renforcer sa position en France et à l'étranger tandis que Bernard Arnault tente de combler le fossé qui le sépare de son rival et même de le devancer au final. Pour ce faire, il suffirait qu'il se décide à acquérir la majorité des actions de Sotheby's mais il semble marquer le pas en ce moment car la maison américaine est sous le coup d'une enquête menée par la justice des Etats-Unis au sujet d'une entente illicite avec Christie's sur la fixation de commissions sur leurs ventes. Cette situation pourrait nuire gravement à l'image de marque de Sotheby's tandis que Christie's bénéficie d'une impunité pour avoir accepté de témoigner contre son concurrent. Il n'en reste pas moins que Bernard Arnault a marqué des points dans le secteur de l'Internet avec les acquisitions de plusieurs sites liés à l'art et aux enchères. celles-ci pourraient se révéler hautement profitables dans un avenir proche.
2) MM. Pinault et Arnault ont bataillé récemment pour le contrôle du marché français alors que la réforme de la profession de commissaire-priseur va être adoptée dans les mois à venir, ce qui laissera le champ libre à Christie's et Sotheby's pour organiser des ventes à Paris. Arnault a acquis l'étude Tajan, la première de France, tandis que Pinault a répondu en reprenant PIASA, qui occupe la seconde place sur le marché français. En attendant, les autres études parisiennes sont en plein doute concernant leurs chances de faire face à la concurrence prochaine de Christie's et de Sotheby's. Ils n'ignorent pas qu'il n'auront plus qu'une portion congrue du marché et qu'ils n'auront plus beaucoup de moyens pour se défendre.
François Pinault est pour l'instant dans une meilleure position concernant les ventes aux enchères car il dispose dans son jeu de Christie's, un atout majeur. Les choses pourraient cependant changer si jamais Bernard Arnault parvenait à acquérir Sotheby's.
Mais qu'importe si l'un ou l'autre l'emporte puisque New York conservera sa première place grâce au fait que les taxes sur les ventes à New York sont moins lourdes qu'à Paris ou même à Londres. Le marché international dépendra sans cesse des Etats-Unis même en étant sous le contrôle de deux Français et leur influence n'y changera rien.
Il n'en reste pas moins que le marché de l'art doit maintenant compter sur une situation totalement nouvelle, à savoir le défilement rapide du temps.
Par exemple, Christie's et Sotheby's ont été des maisons fondées au 18e siècle et sont longtemps restées des institutions qui n'ont changé de main qu'au bout de plusieurs décennies.
Aujourd'hui, les grandes firmes ne sont plus à l'abri de soudaines et brutales offres publiques d'achat. Demain, un homme richissime comme Bill gates pourrait s'aviser de s'intéresser au marché de l'art et d'acheter Christie's ou Sotheby's, ou les deux maisons en même temps. François Pinault et Bernard Arnault ne pourraient alors offrir qu'une résistance bien molle à pareille offensive.
Finalement, le marché de l'art est comme sur la corde raide, à la merci d'attaques imprévues pour s'assurer son contrôle car on sait bien que toute position dominante dans ce secteur permet de jouer un rôle déterminant en ce qui concerne l'orientation de la culture au 21e siècle.
On sait déjà que l'art contemporain se fait avant tout aux Etats-Unis où tous les prix atteints dans des ventes à New York sont largement supérieurs à ceux enregistrés en Europe, ce qui signifie que le marché international dépend des activités aux Etats-Unis quoique en étant sous la férule de deux hommes d'affaires français mais leur influence reste somme toute limitée.
On peut néanmoins espérer que l'un et l'autre tenteront de donner un coup de fouet salutaire à l'art contemporain en Europe et rapidement car nous ne savons pas de quoi demain sera fait, notamment si Bill Gates se met dans l'idée de venir brouiller les cartes sur le marché de l'art.
Bizarrement, les cartes sont plus que brouillés sur Internet, un réseau sur lequel de nombreux sites dédiés à l'art ont vu le jour. Et pourtant, les créateurs de ces sites ont rarement les compétences voulues pour les faire vivre intelligemment.
Le 28 mars dernier, en visite au Salon Comdex Porte de Versailles, j'ai rencontré le responsable d'un français d'art contemporain et me suis permis de lui poser quelques questions au sujet de sa politique éditoriale.
Il m'a répondu que son site était destiné à faire découvrir l'art contemporain aux gens mais à la question de savoir s'il avait à sa disposition une équipe rédactionnelle très au fait de ce domaine, il s'est contenté de dire que son site se limitait à ne produire que des interviews d'artistes.
D'accord, les interviews peuvent s'avérer intéressantes mais après ? Qu'en est-il de l'analyse des oeuvres, de la tentative de les expliquer tout autant que la démarche d'un artiste ? Ce n'est pas le propos pour le responsable de ce site. «Du moment que quelqu'un aime une peinture...», m'a-t-il dit.
A ses yeux, il suffit d'aimer une oeuvre et le tour est joué. Voilà une approche délirante et désastreuse car les gens ont plus que besoin de clés pour comprendre l'art surtout que nombreuses sont les oeuvres qui contiennent des messages.
Pour ma part, mon message sera clair. Apprenez autant que vous pouvez sur l'art, son histoire et les artistes car c'est à ce prix que vous pourrez devenir de véritables amateurs avisés. De plus, connaître l'art, c'est quelque part devenir plus responsable vis-à-vis de la race humaine. Adrian Darmon