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Les peintres fauves ne jouèrent avec les couleurs pures que durant à peine une décennie pour ensuite ne produire hélas que du dégriffé (AD)
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Vie et mort d'une église : Santa Maria della Carità à Venise
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La fondation de l'église Santa Maria della Carità, probablement survenue au début du XIIe siècle, se perd dans son propre mythe... Elle devait, selon le Sansavino (1581) être tout d'abord une petite construction en bois «autour d'un chapiteau d'une image de la Vierge, célèbre pour différents miracles». Seulement par la suite fut-il décidé d'en construire les murs. En 1134, quelques moines augustiniens de Santa Maria in Porto se déplacèrent de Ravenne à Venise et construisirent leur couvent à côté de l'église Santa Maria della Carità. Selon la légende, en 1177, le pape Alexandre III, pour échapper à Frédéric Barberousse, resta six mois caché dans le couvent, et consacra solennellement l'église le 5 avril. Depuis lors, chaque année, ce même jour, le doge et les Vénitiens de toutes les classes, et même les habitants des provinces, accourraient à Santa Maria della Carità pour acquérir l'indulgence du pape, concédée pour récompenser l'assistance reçue. La venue d'Alexandre III à l'église par le Grand Canal, était facilitée par la construction d'un pont de barques, de Campo San Vidal à Compo della Carità, et cette coutume dura jusqu'à la fin de la république. La façade de l'église peut être admirée dans une peinture conservée dans la salle 24 de l'Académie de Venise, et qui représente la rencontre entre le doge et le pape. Des documents d'archives nous apprennent qu'à la fin du XIIIème siècle, l'église possédait un porche extérieur - à une certaine époque très commun à Venise - dont les uniques exemplaires qui ont survécu, même s'ils ont été remaniés, se trouvent aujourd'hui à San Giacomo di Rialto et San Nicolò dei Mendicoli. Le campanile devait faire partie de ce premier édifice et fut laissé tel quel, même au cours de la restructuration du Quattrocento, jusqu'à ce que, le 17 mars 1744, désagrégé à la base, il ne tombe à tout jamais dans le Grand Canal. A cette époque déjà, elle abritait des tombes illustres, comme nous en déduisons des inscriptions publiées par Tassini (1876), qui existent encore partiellement au Séminaire. L'avènement du pape Eugène IV, Gabriele Condulmer de l'ordre des Chanoines du Latran, en 1431 et son long pontificat, jusqu'en 1447, apportèrent une nouvelle gloire et une nouvelle puissance aux moines de la Carità, qui, après des négociations exténuantes avec les confrères de la Scuola di Santa Maria della Carità, obtinrent d'agrandir l'église.
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La fondation de l'église Santa Maria della Carità, probablement survenue au début du XIIe siècle, se perd dans son propre mythe... Elle devait, selon le Sansavino (1581) être tout d'abord une petite construction en bois «autour d'un chapiteau d'une image de la Vierge, célèbre pour différents miracles». Seulement par la suite fut-il décidé d'en construire les murs. En 1134, quelques moines augustiniens de Santa Maria in Porto se déplacèrent de Ravenne à Venise et construisirent leur couvent à côté de l'église Santa Maria della Carità. Selon la légende, en 1177, le pape Alexandre III, pour échapper à Frédéric Barberousse, resta six mois caché dans le couvent, et consacra solennellement l'église le 5 avril. Depuis lors, chaque année, ce même jour, le doge et les Vénitiens de toutes les classes, et même les habitants des provinces, accourraient à Santa Maria della Carità pour acquérir l'indulgence du pape, concédée pour récompenser l'assistance reçue. La venue d'Alexandre III à l'église par le Grand Canal, était facilitée par la construction d'un pont de barques, de Campo San Vidal à Compo della Carità, et cette coutume dura jusqu'à la fin de la république. La façade de l'église peut être admirée dans une peinture conservée dans la salle 24 de l'Académie de Venise, et qui représente la rencontre entre le doge et le pape. Des documents d'archives nous apprennent qu'à la fin du XIIIème siècle, l'église possédait un porche extérieur - à une certaine époque très commun à Venise - dont les uniques exemplaires qui ont survécu, même s'ils ont été remaniés, se trouvent aujourd'hui à San Giacomo di Rialto et San Nicolò dei Mendicoli. Le campanile devait faire partie de ce premier édifice et fut laissé tel quel, même au cours de la restructuration du Quattrocento, jusqu'à ce que, le 17 mars 1744, désagrégé à la base, il ne tombe à tout jamais dans le Grand Canal. A cette époque déjà, elle abritait des tombes illustres, comme nous en déduisons des inscriptions publiées par Tassini (1876), qui existent encore partiellement au Séminaire. L'avènement du pape Eugène IV, Gabriele Condulmer de l'ordre des Chanoines du Latran, en 1431 et son long pontificat, jusqu'en 1447, apportèrent une nouvelle gloire et une nouvelle puissance aux moines de la Carità, qui, après des négociations exténuantes avec les confrères de la Scuola di Santa Maria della Carità, obtinrent d'agrandir l'église.
Les travaux de restructuration commencèrent en avril 1441 et furent confiés à Bartolomeo Bon. C'est à lui et à son atelier, dans lequel travaillait son fils Giovanni, que l'ont doit toutes les oeuvres de pierre que la nouvelle structure comportait : Les fenêtres, le portail surmonté d'une lunette, la porte latérale, l'oeil-de-boeuf qui exista sur la façade à une certaine période, les statues de Saint Augustin, de Saint Jérôme et du Père éternel, les clochetons, les pinacles ; les feuilles sur le couronnement de la façade (en majeure partie perdues, aujourd'hui) et les piliers latéraux ; les nervures pour les archivoltes des chapelles, les modillons, et toutes les autres décorations. En même temps, les murs de brique étaient construits jusqu'au toit, soutenus par quinze poutres colossales en provenance de Cadore, qui reposent encore aujourd'hui sur les modillons de Bon, réalisés avant mai 1446, et qui portent le monogramme «Ihesus». En 1450, on construisit les chapelles absidiales et, à côté de Bartolomeo Bon, nous trouvons également «Maestro Pantaleon», qui s'est associé à lui pour de nombreux chantiers vénitiens contemporains d'importance, parmi lesquels la Ca' d'Oro. la frise peinte de grandes feuilles, qui se trouve sous les barbacanes du toit et qui entoure les oeils-de-boeuf, dut être commandée à Ercole, fils de Jacobello del Fiore, qui reçut, en effet, en juin 1449, 50 ducats pour chaque travail «fait à la Carità» et 12 autres le 1er décembre 1453 pour la décoration des chapelles. Dès que la construction fut finie, les frères l'ornèrent d'oeuvres d'art précieuses qui, avec les frais de douane et de transport, vinrent à coûter 100 ducats. En 1453, ils achetèrent la Madone de Donatello, qui séjournait alors à Padoue, et qui fut placée au-dessus de la porte de la sacristie. D'autres oeuvres furent commandées à Jacopo, Gentile et Giovanni Bellini et à leur atelier, ainsi qu'à Cima de Conegliano. Enfin, d'importants monuments funèbres furent érigés, comme les exemplaires des doges Marco et Agostino Barbarigo, dont certaines parties qui ont survécu sont conservées à la galerie G. Franchetti à la Ca' d'Oro et au Séminaire.
En 1807, les édifices de la Carità, constitués au couvent, de l'église et de la Scuola, furent choisis, non sans de nombreuses perplexités, comme siège de l'Académie des Beaux-Arts et de la future Pinacothèque ; les travaux d'aménagement furent confiés à l'architecte Giannantonio Selva, qui les débuta en 1811. L'église fut alors complètement altérée, dépouillée de tout son mobilier, le «barco» et les chapelles furent détruits, les fenêtres gothiques murées, l'édifice fut divisé horizontalement pour en tirer cinq grandes salles d'étage supérieur, éclairées par des lucarnes, et destinées à l'exposition. La façade fut privée du bas-relief de Bartolomeo Bon et de ses aides, qui représentait le couronnement de la Vierge, aujourd'hui conservé dans la vieille sacristie de la basilique de la Salute. En 1921-23, sous la direction de Gino Fogolari, grâce également au travail de l'architecte Aldo Scolari, l'ensemble de la salle fut rétabli, avec les absides, et le plafond à chevrons fut récupéré, ainsi que les fenêtres gothiques sur les murs latéraux. En 1948, le grand espace fut rénové par Carlo Scarpa. Une fois effacés des murs les travaux de réfection imitant les décorations originelles, les peintures furent placées sur de grands panneaux en mélèze recouverts d'étoffe. L'aménagement, dans le respect des valeurs architecturales qui avaient survécu, fut conçu pratiquement une exposition provisoire. Aujourd'hui, on a préféré libérer la grande salle pour avoir de l'espace à disposition à l'occasion d'expositions, et laisser quelques oeuvres d'importance sur les murs. La chapelle absidiale de droite est occupée, à intervalles réguliers, par des expositions d'oeuvres provenant des entrepôts. Dans la chapelle centrale, les fenêtres ont reçu, à la fin du XIXème siècle, des restes de vitraux de la seconde moitié du XIXème siècle, qui ornaient les absides mineures de l'église Santi Giovanni e Paolo. A l'Académie de Venise, sont exposées des oeuvres de l'école vénitienne de la fin du XVème siècle qui proviennent de cette église, en particulier des oeuvres de Jacopo Bellini, Gentile Bellini, Giovanni Bellini, Alvise Vivarini, Nicolò di Pietro, Nicolo di Maestro, Antonio di Ancona, Bartolomeo Giolfino, Maître de la Madonna del Parto, Bartolomeo Vivarini, Carlo Crivelli, Vittore Belliniano, Giovanni Mansueti, Jacopo le Vieux et Paris Bordone. Michelangelina Logonico
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