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Le comble pour un commissaire-priseur, c'est de devenir marteau (AD)
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La France, Temple de la Préhistoire par ADRIAN DARMON
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Tête de bison,Grotte de Niaux, Tarascan-sur-Ariège La préhistoire est une discipline toute récente puisque les premières grandes découvertes de grottes ornées de peintures et de symboles par nos ancêtres il y a plus de 12 000 ans ont été effectuées au siècle dernier et plus particulièrement en France, qui a été l'un des principaux berceaux de la civilisation de l'homo sapiens sapiens. La préhistoire couvre une période comprise entre 40 000 et 6000 ans avant notre ère, juste avant l'apparition de l'Age du Bronze et concerne essentiellement la vie des hommes de Cro-Magnon, terme tiré du nom d'un abri sous roche de la commune d'Eyzies de Tayac en Dordogne où furent découverts en 1888 plusieurs squelettes fossilisés appartenant à un type humain de culture aurignacienne (Paléolithique supérieure vers 30 000 ans avant J.-C.). L'homme de Cro-Magnon fut en tous points identique à l'homme d'aujourd'hui au plan morphologique. Mesurant entre 1,50 et 1,90 m, il cohabita durant quelques millènaires avec l'homme de Néandertal. Ce dernier, issu d'une race dite primitive, mesurait entre 1,35 et 1,60 m environ et était doté d'un cerveau de 1500 à 1800 grammes mais son intelligence était limitée par rapport à celle de l'homo sapiens sapiens dont le cerveau était d'un poids moyen de 1400 à 1600 grammes. La différence de capacités d'intelligence et de morphologie entre ces deux hommes - le Néandertalien, bien plus petit, avait un faciès avec un front fuyant présentant une bosse prononcée au dessus des orbites et des mâchoires prognathes et très carrées - eut pour conséquence une sélection naturelle qui entraîna la disparition de l'espèce primitive il y a à peu près 30 000 ans. Pourtant, l'homme de Néandertal avait néanmoins des dispositions. Il savait tailler des outils, faire du feu et élever des sépultures imposantes pour ses morts mais ses capacités de réflexion et d' intelligence furent dépassées par celles de l'Homo Sapiens. Il est plus que probable qu'il y eut des croisements entre ces deux types d'humains mais leur cohabitation ne fut certainement pas souvent pacifique au fur et à mesure du développement de la civilisation du Cro-Magnon. L'ETONNANTE DECOUVERTE DE REGOURDOU Suite à la découverte du gisement préhistorique de Régourdou, situé à 500 mètres à peine de celui de Lascaux, on a relevé que la sépulture d'un Néandertalien vieux de 700 siècles et mise à jour en 1954 apportait la preuve que ses semblables n'étaient pas simplement des êtres frustres. Cette sépulture contenait des fleurs et des ornements constitués d'os et de galets, elle était recouverte d'un ensemble de grosses pierres lui-même surmonté d'un bloc de près d'une tonne destiné à la protéger. Les tibias de l'homme qui y était inhumé avaient été remplacés par ceux d'un ours et à côté de cette sépulture furent trouvés des amas d'ossements appartenant à ce type d'animal ce qui a fait croire à certains archéologues que les Néandertaliens étaient adeptes d'un culte de l'ours. En attendant, Régourdou fut un carrefour de l'humanité puisque 500 siècles plus tard, les hommes de Cro-Magnon occupèrent ce site suivis ensuite par les hommes de l'âge de bronze. On reparlera certainement de Régourdou d'ici peu de temps puisque le propriétaire du terrain où a été découvert ce gisement néandertalien a, 20 mètres plus loin, mis à jour en 1993 une faille rocheuse et une l' ouverture d'une caverne qui ne serait rien d'autre que la véritable entrée du temple préhistorique de Lascaux. En attendant, du Périgord aux Pyrénées et au sud des Alpes, la France est riche de ces cavernes qui furent occupées entre les années -30 000 et -9000. Les grottes mises à jour témoignent de la migration de nos ancêtres et du brassage de diverses populations du sud au nord de l'Europe durant des millénaires. Les Pyrénées occupèrent une place primordiale au plan préhistorique, à une époque où la température dépassait rarement sept degrés en été et avoisinait les moins dix degrés en hiver. Entre la côte atlantique à partir du sud du pays basque d'aujourd'hui et une zone au sud du parallèle de Bordeaux, de nombreuses tribus ont vécu par petits groupes autour des nombreuses grottes nichées dans la montagne et au sommet de collines surélevées dominant des vallées dont la végétation était semblable à la toundra de la Sibérie actuelle. Il est primordial de noter que ces hommes étaient essentiellement des nomades pratiquant la chasse et la pêche qui vivaient dans des tentes de peaux ou des abris sommaires. Les cavernes, plongées dans le noir et humides, où faire du feu était synonyme d'asphyxie, n'étaient pas des lieux d'habitation en dehors de leurs entrées occasionnellement occupées durant diverses migrations. La question qui brûle les lèvres de tant de nos contemporains est de savoir pourquoi les hommes de Cro-Magnon ont été au fond de ces cavernes pour y laisser les traces de leur art aujourd'hui tant admiré.
UN ART A CARACTERE SACRE La réponse la plus évidente est de dire que ces hommes avaient développé déjà une sorte de sentiment religieux et que la représentation d'animaux sur les parois des cavernes servait à l'adoration de certains animaux ou des invocations pour des chasses abondantes. De nombreuses fresques présentent des bisons, des mammouths, des lions des montagnes, des chevaux, de buffles ou de grands cerfs qui étaient probablement mythiques aux yeux de ces hommes. En général, ils vivaient de la chasse d'animaux moins imposants comme le bouquetin, le sanglier, la perdrix des neiges, le lapin ou divers types de poissons. On imagine mal ces hommes armés de petites lances à lames de silex s'attaquer à des mammouths qu'ils devaient capturer autrement et probablement par le biais de pièges. Quant à affronter des bisons, il leur fallait exorciser la peur provoquée par cet énorme animal. De là la conclusion que ces fresques avaient pour eux un caractère plus ou moins sacré. Aller jusqu'au fond des cavernes pour peindre ces représentations avait certainement une signification et nécessitait vraisemblablement un rite. On a avancé l'hypothèse que les groupes avaient en leur sein un chaman, une sorte de prêtre-sorcier, qui interprétait les phénomènes de la nature, la pluie, l'orage, le jour, la nuit, l'apparition de la lune, des étoiles ou du soleil à la manière des ces sorciers des tribus primitives de Nouvelle-Guinée ou des aborigènes d'Australie dont les moeurs et les coutumes artistiques nous ont donné des indices intéressants sur ce que put être l'existence de l'homme de Cro-Magnon. L'usage du feu apparut il y a 400 000 ans. L'homme des cavernes maîtrisait donc parfaitement celui-ci. Pour s'éclairer, il utilisait des graisses animales qu'il enduisait sur des torches de bois dont le bout était constitué d'herbes séchées ou d'amadou mais il avait aussi inventé la lampe à huile constituée d'une pierre creusée remplie de graisse et dont la combustion pouvait durer une heure. C'est à l'aide de ces lampes archaïques, dont certaines ont été retrouvées abandonnées sur place, que les hommes des cavernes peignirent leurs représentations. On peut penser que seuls des initiés pénétrèrent au fond des cavernes et que ceux-ci avaient un sens artistique très développé puisqu'on ne trouve pratiquement aucun repentir sur ces fresques. Comment faisaient-ils pour atteindre un tel degré de perfection dans le dessin ? La réponse pourrait se trouver chez les aborigènes d'Australie habitués eux aussi à décorer des cavernes mais qui travaillent également sur le sable ou sur d'autres supports à l'air libre, en créant d'étonnantes compositions. A part des objets en bois de cervidés ou en os décorés trouvés sur certains sites, les hommes de Cro-Magnon n'ont pas laissé de traces artistiques en plein air. En toute hypothèse, on peut croire qu'en dehors des grottes, ils produisirent des fresques malheureusement effacées plus tard par d'autres hommes ou par le temps. Dans certaines régions, on trouve d'ailleurs à flanc de rocher certaines représentations gravées ou en relief, ce qui conforte l'idée d'une forme d'art très développée il y a plus de 20 000 ans.
Les cavernes ont pu nous livrer leurs secrets grâce au fait que leur température intérieure constante (12-13 degrés) et que leur obturation, survenues à la suite de causes naturelles, longtemps avant une importante présence humaine dans les régions où elles sont situées, ont permis leur préservation. En outre, celles qui ont été fréquentées dès le Moyen-Age n'ont pas toutes subi d'importantes déprédations et lorsque des fresques furent découvertes bien avant le XIXe siècle personne n'imagina leur degré d'ancienneté. On ne chercha jamais loin, même à l'occasion de mises à jour de nouvelles grottes à partir de 1850, en croyant que ces étranges dessins étaient des oeuvres d'enfants venus jouer là. Peut-être qu'entre 1100 et 1700 on crut même à des symboles de sorcellerie ou à d'autres manifestations surnaturelles comme ce fut le cas pour le gouffre de Padirac non loin de Rocamadour qui provoqua l'effroi des habitants de la région jusqu'au début du XIXe siècle. L'origine de ce puits vertigineux donnant sur des galeries souterraines creusée par une rivière souterraine fut ainsi longtemps attribuée à une intervention du diable. Quoiqu'il en fut, les hommes préhistoriques durent probablement tester leur courage pour pénétrer au fond des cavernes munis de ces lampes à graisse pour y peindre de mémoire des représentations d'animaux. Etant donné le nombre plutôt restreint de ces peintures malgré une fréquentation parfois continue durant plus de 5000 ans, on peut en déduire qu'elles avaient un caractère sacré pour ceux qui les avaient créées. S'enhardir à pénétrer jusqu'au fond d'une grotte était vraisemblablement un acte initiatique comme s'il s'agissait d'aller dans le ventre de la terre et un tel acte pouvait peut-être revêtir une signification de fécondité. Mais les supputations ne s'arrêteront pas là comme le fait de savoir si ces hommes s'enduisaient de peintures, s'ils se livraient à des incantations ou à des danses rituelles ou s'ils pratiquaient une forme de cannibalisme. DES SIMILITUDES DANS LE MONDE ENTIER Ce que l'on sait par contre, c'est que l'art pariétal d' il y a 15 000 ou 20 000 ans en France ou en Espagne a présenté d'incroyables similitudes avec ceux des grottes du Sahara ou de Bornéo durant les mêmes époques comme si celui-ci avait eu un caractère universel malgré les barrières naturelles entre les diverses peuplades qui existaient à travers le monde. Celles-ci représentèrent généralement les mêmes signes et symboles dans une symbiose difficilement explicable. On ne saura jamais ce qui reliait l'homme des grottes de Bornéo à celui de Lascaux. Tout au plus pourra-t-on évoquer l'instinct, ce geste spontané propre à tous les humains. Mais en plus de l'instinct, même artistique, il reste un élément propre à l'homme, inexprimable mais perceptible malgré les conditions de vie différentes et un cheminement inégal vers le progrès. On en vient alors à penser à ce don naturel pour le dessin que manifestent les enfants entre deux et six ans. Les contraintes culturelles, religieuses ou politiques qu'ont connues les humains à partir de l'âge du bronze n'existaient probablement pas pour l'homme de Cro-Magnon dont la préoccupation majeure était de chasser pour survivre et atteindre le cap moyen de 30 ans de durée de vie. Hormis la loi du plus fort - car il fallait se battre contre certains animaux et probablement contre d'autres hommes - il ne connaissait pas les frontières nationalistes d'un Etat, les préceptes rigoureux d'une religion ni même les recommandations d'une quelconque philosophie. L'homme de Cro-Magnon vivait au sein de petits groupes menés par les plus aguerris, un peu à la manière des meutes de loups. Il se confectionnait des vêtements, portait des chaussures, se fabriquait des armes avec des pierres polies ou taillées, des lances ou des gourdins avec du bois, des bouts de harpons ou des hameçons avec des os, se construisait des huttes ou des tentes, des échelles ou des filets. Face à la nature, on peut supposer qu'il était plein de superstitions, que tout ce qui lui paraissait inexplicable devait susciter sa peur, que la vue du soleil, de la lune ou des étoiles ou l'apparition d'une éclipse devaient déjà provoquer chez lui des interrogations. On peut imaginer qu'il comptait comme certains signes trouvés dans les grottes le laissent croire. On peut également avancer l'idée qu'en peignant des fresques et en appliquant ses empreintes de main sur les parois des cavernes il cherchait à laisser une trace de son passage sur terre.
Loin des spéculations, revenons à la France qui rassemble de très nombreux témoignages préhistoriques et qui n'a certainement pas livré les secrets de cavernes qui restent à découvrir en Dordogne, dans le Lot, l'Ariège ou le Gers. Entre la ville de Foix et Ax les Thermes se trouve un groupe de grottes parmi les plus riches des Pyrénées françaises, celles de Bédeilhac, de Niaux et de la Vache à Alliat. La caverne de Bédeilhac possède une imposante ouverture et sur ses 200 premiers mètres , elle fut utilisée en 1940 comme hangar pour réparer des avions. L'armée allemande d'occupation s'en servit pour des fins similaires jusqu'en 1944 et l'armée française prit le relais pour y installer des dizaines de camions à réviser et ce, durant plus de huit ans. Ce ne fut qu'en 1952 que cessèrent les déprédations causées par la construction d'un sol en ciment et surtout par des émanations de gaz carboniques échappés des moteur. Heureusement, les fresques préhistoriques, situées au fond de la grande galerie longue d'un kilomètre, avaient été épargnées. Les bas-reliefs modelés en argile de la grotte de Bédeilhac sont probablement uniques au monde et les gravures sur le sol restent bien conservées. Les fresques, quant à elles, sont peu nombreuses mais de belle exécution. Réalisées il y a 15 000 ans, elles témoignent d'un grand sens artistique manifesté lors de l'époque magdalénienne. La grotte de la Vache à Alliat, quelques kilomètres plus loin, est certainement plus intéressante lorsqu'il s'agit de comprendre la vie des hommes préhistoriques. Les fouilles menées là ont montré qu'elle fut occupée à plusieurs périodes jusqu'à nos jours. Par un heureux effet de la nature, les dépôts calcaires des stalagtites ont couvert le sol de concrétions à raison d'un centimètre par siècle protégeant le site magdalénien de dépradations lors des millénaires suivants. Au 19e siècle, l'entrée de cette petite grotte fut utilisée comme étable mais elle dut son nom non pas aux animaux parqués là mais à une énorme concrétion en forme de vache sur sa paroi de gauche. Bouquetin, grotte de Niaux, Tarascon-sur-Ariège Ce ne fut qu'à la fin des années 1930 qu'elle commença à être fouillée et déblayée et que la fille ( âgée de six ans) de l'archéologue amateur qui se chargea des recherches permit de trouver une salle de campement obstruée par les concrétions en allant jouer dans un étroit boyau. On remarquera le rare lien de l'homme préhistorique existant avec les enfants puisqu'en dehors du fait qu'il peignait spontanément comme eux, ce fut souvent grâce à ces derniers que de nombreuses cavernes ont pu être découvertes durant ces 70 dernières années. Le campement de la grotte de la Vache s'est révélé être un extraordinaire témoignage de la vie de ces nomades qui se déplaçaient au gré des saisons et des migrations des animaux qu'ils chassaient. Cet endroit avait été utilisé non seulement comme relais mais également comme atelier puisqu'on trouva des milliers d'éclats de silex servant à la fabrication de lames ou de pointes de lances. Or, le silex est excessivement rare dans la région et provenait vraisemblablement de la Dordogne et de ses environs. Plusieurs foyers ont été trouvés dans le campement et la disposition de ceux-ci ont permis aux archéologues de situer le degré d'intelligence de ces hommes qui savaient utiliser des pierres réfractaires pour conserver le feu et créer à leur manière les premiers fours. Les milliers de débris d'ossements d'animaux trouvés sur le site ont permis de remarquer que ceux-ci avaient été brisés pour la récupération de la moëlle qui devait servir à plusieurs fins et vraisemblablement à remplir ces pierres creuses utilisées comme lampes à huiles et qui ont été récupérées en nombre dans la caverne. On y a également découvert des flûtes, des outils et de petites sculptures en os qui sont des chefs d'œuvre de l'art mobilier préhistorique et démontrent encore fois que les hommes du Magdalénien étaient dotés d'une culture qui n'avait rien d'embryonnaire. A moins de deux kilomètres à vol d'oiseau se trouve la caverne de Niaux laquelle fut visitée en grande partie dès le XVIe siècle comme le montrent des dizaines de graffiti laissés sur les parois de cette grotte jusqu'à nos jours. Encore une fois, les visiteurs n'atteignirent pas le fond du sanctuaire et s'ils y parvinrent, ils s'abstinrent en grande partie d'endommager les extraordinaires fresques créées il y a entre 12 000 et 15 000 ans. La relation en la Haute-Ariège et la Dordogne est évidente au plan des migrations aux temps préhistoriques. On peut même avancer l'hypothèse que les peintres des cavernes de la vallée de la Dordogne ont pu travailler dans les grottes des Pyrénées. Cheval, grotte de Niaux
Le Périgord et le Quercy comptent d'innombrables cavernes qui furent occupées durant la préhistoire, notamment entre le Périgord Noir, les Causses de Martel, de Gramat, le Haut ou le Bas Quercy. Il est vraisemblable que l'homme y a fait son apparition il y a plusieurs dizaines, voire centaines, de milliers d'années. On sait que les progrès réalisés par les humains à l'époque paléolithique ont été d'une extrême lenteur. Il a ainsi fallu plus de deux millions d'années pour qu'ils apprennent à polir la pierre à travers le monde. Le Périgord a été occupé par l'homme d'une façon continue au paléolithique et près de 200 sites y ont été dénombrés dont plus de la moitié dans la vallée de la Vézère, près des Eyzies. L'homme de Néandertal apparut quant à lui il y a plus de 150 000 ans en Allemagne. Des squelettes de ce type humain ont été trouvés en France, à la Chapelle-aux-Saints en Corrèze, à Moustier, à la ferrassie et au Regourdou en Dordogne entre 1908 et 1957. On sait que la race disparut sans descendance il y a environ 300 siècles. L'épanouissement de l' homo sapiens sapiens se fit il y a 45 000 ans environ et il y eut plusieurs races de ce type dont celle de Cro-magnon qui correspond à des individus de taille élevée (1,80 m en moyenne) avec des membres longs et une musculature puissante ou celle de Chancelade (près de Périgueux) apparue au Magdalénien avec des hommes au crâne volumineux, un visage haut et large, des pommettes saillantes et ne dépassant pas 1,55 m en taille. On pense que des peuplades vinrent d'Europe orientale jusqu'en Provence dans le Périgord et dans le Quercy dont la situation et le profil géographique leur permirent de subsister en période glaciaire en se réfugiant dans les hauteurs où se trouvaient des abris, des gorges étroites pour piéger les animaux à chasser et surtout des sources et des rivières poissonneuses à souhait. Les hommes apprirent progressivement à polir la pierre et à mieux chasser mais ce ne fut que bien plus tard, vers l'an 8 000 avant notre ère , qu'ils commencèrent à devenir des éleveurs puis des agriculteurs. Ceux-ci abandonnèrent les cavernes et oublièrent l'art pariétal. On imagine qu'ils furent aussi des artistes accomplis d'après les objets trouvés sur certains sites mais les représentations en plein air relatives aux périodes durant lesquelles ils vécurent ( jusqu'en l'an 4 500 avant notre ère environ) sont très rares et difficilement datables comme certains signes concentriques trouvés sur des rochers en France ou en Espagne qui dateraient de 5000 ou 6000 ans. On peut souligner qu'avec l'homme de Néandertal apparurent il y a 100 000 ans des outils mieux élaborés alors que les entrées des grottes servirent souvent d'habitat. Puis d'intenses progrès furent réalisés par les hommes de Cro-Magnon ou de Chancelade qui, progressivement, remplacèrent ce dernier en Europe 70 000 ans plus tard. Ces derniers perfectionnèrent leurs armes, améliorèrent leurs habitats et leurs conditions de vie et se lancèrent finalement dans la production de ces oeuvres artistiques qui causent aujourd'hui notre émerveillement. C'est durant la période du Magdalénien qui suivit le Solutréen il y a 15 000 ans que les hommes développèrent le travail de l'os, de l'ivoire ou du bois de cerf et où l'art pariétal atteint son apogée. Les premiers tracés sur les parois des cavernes il y a 30 000 ans étaient encore maladroits. Ceux de Lascaux, datant de 22 000 ans environ témoignent de formidables progrès. Ce ne fut qu'en septembre 1940 que la grotte de Lascaux fut mise à jour fortuitement par trois enfants partis à la recherche de leur chien tombé dans un trou. En allant le chercher, ils découvrirent une salle extraordinaire considérée à présent comme la Chapelle Sixtine de la préhistoire. En 1963, après avoir reçu des centaines de milliers de visiteurs, la grotte dut être fermée au public après avoir subi des dommages dûs au gaz carbonique dégagé par leur respiration et à la lumière trop fréquente des lampes qui causa la pousse de lychen sur les parois. On construisit alors une réplique, Lascaux II, visitée par plus de 2000 personnes chaque jour. On signalera que l'histoire de Lascaux risque de connaître une nouvelle étape avec la découverte de cette faille rocheuse située au Régourdou 500 mètres plus loin et qui ne serait rien d'autre que l'entrée de cette fameuse grotte. Grotte de Lascaux - Bizon étripé,homme renversé et oiseau (peinture)
De nombreux sites ont ainsi été répertoriés dans le Périgord et le Quercy comme la grotte de Rouffignac avec ses chevaux et ses mammouths peints ou gravés datant d'il y a environ 10 000 ans, la grotte de Pech Merle non loin de Cahors découverte par deux garçons de 14 ans, l'abri du Cap Blanc, la caverne des Combarelles avec plus de 300 figures de chevaux, rennes ou bisons visibles, la grotte de Bernifal, le Mas d'Azil, la grotte de Lombrives, la Grèze datant de plus de 24 000 ans ou celle du Font de Gaume qui a malheureusement subi de nombreuses déprédations ou encore la caverne de Bara-bahau près de Le Bugue, les grottes de Cougnac au Nord de Gourdon avec des peintures proches de celles de Pech Merle, le site de la Madeleine, le gisement de Laugerie Basse le long de la Vézère, les grottes de Lacave près de la vallée de la Dordogne, la grotte Chauvet récemment découverte et la petite grotte des Merveilles à Rocamadour. On n'oubliera pas la Provence avec la grotte Colquère, du nom de son découvreur, dont l'entrée, autrefois proche du rivage, était immergée sous la mer. Celle-ci, inaccessible au public, contient de superbes fresques dont certaines seraient vieilles de 25 000 ans. On terminera ce tour d'horizon en insistant sur le fait que la préhistoire est une discipline qui n'a qu'une centaine d'années à peine puisqu'elle est née à la suite de la diffusion des théories de Darwin sur l'évolution des espèces et que ses pionniers ne furent qu'une poignée, notamment Gabriel de Mortillet (1821-1898) suivi à la fin du XIXe siècle par les abbés A. et J. Bouyssonie, Lemozi, Cartaillac, R.Lantier et Breuil (1877-1961) qui contribua énormément à faire connaître les découvertes de l'art pariétal en France, le Dr Capitan et MM. Peyrony et Rivière et dernièrement André Leroi-Gourhan (1912-1986). Sans nul doute reste-t-il à découvrir de nombreuses cavernes restées inviolées durant des millénaires. Celles-ci recèlent probablement de merveilleux trésors qui nous en apprendront encore plus sur ces hommes qui ont représenté un jalon important dans l'histoire de l'humanité et dont ne sait finalement toujours pas grand chose. Ce sont eux qui nous offrent le plus de devinettes auxquelles nos réponses sont souvent hypothétiques. Le Périgord, le Quercy et toutes les Pyrénées sont des régions à haute vocation touristique. Chargées d'histoire, elles offrent d'extraordinaires itinéraires pour les vacanciers qui peuvent découvrir des sites grandioses et goûter une gastronomie qui ajoute à la légende des endroits visités. Ces régions ont été parcourues par les hommes préhistoriques, les Romains, les barbares ou les Maures. Elles ont aussi été le théâtre de guerres durant la période médiévale, puis de celle de 100 ans ou encore entre les Catholiques et les Protestants aux XVIe et XVIIe siècles sans oublier les troubles de la Révolution. A présent, elles s'offrent dans toute leur splendeur à des centaines de milliers de touristes qui y viennent chaque année. La découverte de nouveaux gisements préhistoriques promet donc d'ajouter à leur si belle aura. Maintenant, quant à savoir le pourquoi de la disparition des hommes de Neandertal, on peut supposer que le nombre de ceux-ci diminua au fil du temps et que leurs rapports avec les Homo sapiens sapiens furent peut-être conflictuels sans compter la possibilité de virus mortels transmis par ces derniers qui les décimèrent, comme ce fut le cas avec l'arrivée en Amérique du Sud des conquérants espagnols qui propagèrent des maladies au sein des populations autochtones qu'ils massacrèrent par ailleurs.
Adrian Darmon
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