| | Citation |
| | |
|
Manquer d'énergie c'est ne plus produire de pet drôle (AD)
|
|
|
|
Photographie
MALGRE L'AFFAIRE MAN RAY, LE MARCHE DE LA PHOTOGRAPHIE SE PORTE BIEN: par Adrian Darmon
|
Le marché international de la photographie se porte bien malgré l'affaire des retirages illicites de Man Ray qui a fait beucoup couler d'encre au mois de mai dernier. Les collectionneurs ne craignent donc pas les effets néfastes de ce scandale et continuent d'acheter à des prix incroyables. Né il y a à peine une vingtaine d'années le marché de la photographie a connu un développement extraordinaire, surtout depuis le début des années 1990 où on a vu des tirages atteindre des prix faramineux dans des ventes. On s'attend d'ailleurs à enregistrer une enchère de 500 000 dollars pour un tirage avant même l'an 2000. En attendant, les ventes de la première semaine d'avril organisées à New York par Christie's, Sotheby's mais également Philips ont tenu toutes leurs promesses alors que le scandale Man Ray commençait à s'ébruiter. Les amateurs n'ont guère semblé s'en émouvoir en regard des prix incroyables enregistrés pour des photographies de la première moitié du XXe siècle. Ainsi une épreuve datant de 1908 et intitulée «Elephantiasis» du Français Pierre Dubreuil, connu seulement des initiés, a atteint 134,500 dollars chez Christie's le 8 avril 1998. Une autre photographie du même Dubreuil, «Premier round» a quant elle été adjugée 112,500 dollars. Le peintre américain Thomas Eakin (1844-1916) travaillait souvent à partir de photographies prises par lui-même. Ses clichés avaient un côté artistique certain et sont aujourd'hui recherchés par les amateurs puisque «The Swimming Hole», un tirage sur papier de 1883, a atteint 178,500 dollars chez Christie's. Et puisqu'on a parlé de Man Ray, signalons qu'un portfolio de 12 photographies titrées «Champs Délicieux» a été adjugé 244,500 dollars sur une estimation haute de 150,000 dollars chez Sotheby's le 7 avril. Encore chez Sotheby's, un tirage sur papier argentique d'Edward Weston (1886-1958), «la tente du cirque» a réalisé 266,500 US $ sur une estimation haute de 150,000 dollars. Par ailleurs, Christie's a obtenu 123,500 US $ pour «Photogramme», un tirage du célèbre Moholy-Nagy (1895-1946), un prix record pour ce maître du Surréalisme qui influença de nombreux artistes américains dans les années 1940. Durant la même semaine Philips vendait à New York, «Nu solarisé» de Man Ray réalisé en 1931 pour 156,000 dollars sur une estimation haute de 80,000 dollars. A noter que la photographie «Larmes de verre», une des plus célèbres de l'artiste surréaliste américain, avait atteint 266,500 dollars chez Christie's en 1997 alors que le record mondial en matière de prix se situe toujours à 398,500 dollars pour un cliché d'Alfred Stieglitz (1864-1946) pour les mains avec dé de couture de Georgia O'Keeffe vendu en 1993, toukours par Christie's. André Kertesz, autre garnd de la photographie, reste en deuxième position avec une épreuve sur papier argentique, «La pipe de Mondrian et ses lunettes» de 1926 vendue 376,500 dollars en avril 1997 chez Christie's. De nombreux collectionneurs sont issus des secteurs du show-business et du cinéma mais on s'attend à voir leurs rangs gonfler durant les dix prochaines années.
Il y a peu, les amateurs recherchaient les photographies des années 1840-1870 mais depuis cinq ans, le marché s'est déporté sur les tirages des photographes de la période 1900-1940 et ceux-ci, bien qu'en nombre sur le marché, se vendent de plus en plus cher. Cela ne signifie pas une baisse des prix pour les clichés du XIXe siècle, bien au contraire, mais plutôt un élargissement du marché. Les catégories sont ainsi plus structurées comme en témoigne l'attrait toujours aussi vif pour les daguerréotypes, surtout les nus et les paysages. Ainsi, un daguerréotype, vue panoramique de San Francisco, vers 1850, a atteint 134,500 dollars chez Christie's sur une estimation préalable de 30,000 US $. Les daguerréotypes, produits suite à l'invention de Daguerre qui s'inspira avant tout des travaux de Niepce, ne furent en vogue que durant une vingtaine d'années jusqu'en 1860. Nécessitant des temps de pose fort longs (plus d'une vingtaine de minutes) et ne pouvant être multipliés du fait de leur caractère unique, les daguerréotypes, furent vite remplacés par des tirages sur papier albuminé ou salé enfin reproductibles à l'infini et effectués avec des appareils de plus en plus performants. La photographie devint d'ailleurs vite populaire et ceux qui s'y adonnérent se multipliérent à l'envi mais bizarrement elle ne fut pas considérée comme un art et ce, jusque dans les années 1920. N'empêche, de nombreux artistes aux XIXe siècle, notamment Monet, Caillebotte et de nombreux peintres orientalistes, eurent recours à la photographie pour produire des tableaux considérés aujourd'hui comme des chefs d'œuvre.
|
|
|