Considéré comme perdu durant trois siècles,un portrait peint par Diego Velasquez représentant Olimpia Pamphili, une des femmes les plus influentes à Rome durant le 17e siècle, va être vendu par Sotheby's avec une estimation d'entre 2 et 3 millions de livres le 3 juillet à Londres.
Belle-sœur et vraisemblablement la maîtresse du pape Innocent X, Olimpia Pamphili avait exercé une énorme influence au sein du Vatican en étant admirée des femmes du monde catholique mais haïe des hommes qui ne supportaient pas sa toute puissance. Ayant appartenu à la collection de Don Gaspar Mendez de Haro y Guzman, 7e marquis de Carpio, son portrait avait été répertorié en 1724 dans la collection du cardinal Pompeo Aldovandri avant de disparaître sans laisser de trace jusqu'au moment où en 1986, il avait été vendu à Amsterdam sans attribution comme une peinture de l'école hollandaise.
Apporté récemment au bureau de Sotheby's d'Amsterdam pour être examiné, le tableau intrigua les spécialistes de la maison de vente qui réalisèrent qu'il avait été peint par Vélasquez ,durant le second séjour de l'artiste à Rome en 1649-1650, en même temps que le portrait du pape Innocent X, qui influença plus tard profondément Francis Bacon en fondant leur conviction dans une gravure représentant Olimpia, laquelle avait vraisemblablement commandé son portrait au peintre espagnol
Née dans une famille noble de Viterbe en 1591, Olimpia avait été mariée et veuve à deux reprises, la dernière fois avec Pamfilo Pamphili, le frère aîné du cardinal Giambattista Pamphili, devenu pape en octobre 1644 puis vraisemblablement son amant après la mort de son époux. Elle eut une telle influence sur ce dernier que dès son élection, le cardinal Alessandro Bichi ne se priva pas de dire que le Vatican avait intronisé une femme à sa place.
En fait, Olimpia Maidalchini fut une sorte de star de son époque, saluée chaque fois à son passage en carrosse par des milliers de femmes admiratives de son ascension sociale et de son influence sur l'Eglise qui n'accordait aucun pouvoir à la gent féminine. Surnommée « la papesse », celle qui contrôlait de près les nominations à la cour papale accéda en 1645 au rang de princesse de San Martino, une position qui lui permit d'enrichir la famille Pamphili mais qui perdit de son poids lorsque le pape rappela d'Allemagne Fabio Chigi qui devint plus tard le pape Alexandre VII.
Ayant craint dans sa jeunesse d'être envoyée dans un couvent, Olimpia défendit avec acharnement la cause des femmes auxquelles elle donnait souvent de l'argent pour leur éviter un sort peu enviable. En outre, elle avait créé des institutions permettant à des jeunes filles pauvres de s'élever socialement pour échapper à la prostitution ou au couvent afin de trouver à se marier. Elle avait également permis à des prostituées de circuler dans des voitures portant son blason afin d'indiquer qu'elles étaient sous sa protection.
Par ailleurs, Olimpia avait aidé de nombreux artistes, musiciens et auteurs de pièces de théâtre et contribué en 1651 à la construction de la célèbre fontaine du Bernin sur la place Navone de Rome. Son portrait avait été peint par Vélazquez et avait figuré avec celui de son petit-fils, le cardinal Camillo Massimi, dans la collection du cardinal Aldovandri (1668-1752) de Bologne et de Rome. Le portrait de Camillo avait atterri plus tard en Angleterre mais celui de sa grand-mère avait disparu avant de réapparaître dans une vente à Amsterdam alors que derrière le châssis figurait une étiquette indiquant qu'il avait été exporté d'Italie en 1911.
Pour leur part, les spécialistes de Sotheby's découvrirent sur ce châssis une écriture en déterminant qu'il s'agissait de celle du marquis del Carpio, pour se rendre compte avec certitude que le portrait avait été peint par Vélasquez.
Sotheby's
proposera également avec une estimation se situant entre 500.000 et 700.000 livres
un rare dessin comprenant dix figures de l'artiste maniériste italien Rosso Firorentino qui vient d'êre redécouvert et dont les œuvres sont extrêmement rares après que Cristiana Romalli, sa
spécialiste, ait trouvé trace de son existence dans le livre de Girogio Vasari
sur les vies des artistes du 16e siècle.
Intitulé
« La Visitation », ce dessin à la craie noire, réalisé par l'artiste à la demande du peintre Giovanni Antonio Lappoli qui avait reçu une
commande en 1524 pour peindre un autel privé dans la chapelle de la famille du
riche arétin Cipriano d'Anghiari, est le premier de l'artiste à paraître dans
une vente depuis 50 ans.