Prêté au Metropolitan
Museum de New York par le Musée du Moyen
Âge de Cluny jusqu'au 12 janvier 2020, le trésor de Colmar découvert en 1863
illustre les persécutions subies par les juifs durant l'ère médiévale et
notamment le sort tragique de la communauté de cette cité alsacienne à l'époque
du Saint Empire romain durant la peste noire qui ravagea l'Europe.
L'origine de ce
trésor trouvé durant des travaux de rénovation dans un bâtiment qui abritait un
atelier de confection était longtemps restée un mystère après que des ouvriers eurent
abattu un mur de soutenant où était caché un pot en terre cuite contenant des
objets et des monnaies en or, de magnifiques bijoux ainsi que 384 pièces d'argent.
Il avait fallu des
années de recherches pour comprendre qu'une splendide bague en or émaillé portait l'inscription en hébreu « Mazel
Tov » (félicitations) et une autre de mariage ayant la forme du temple
perdu de Jérusalem provenaient en fait d'une riche famille juive.
L'examen d'autres
objets datant d'entre le 12e et le milieu du 14e siècle ne laissa d'ailleurs guère de place au doute
puisque le pot contenait aussi une clé en argent qu'une femme portait à son cou
pour mettre les autres clés de sa maison dans une boîte lors du shabbat, une tradition
liée à l'interdiction de manipuler des objets en ce jour sacré. Par ailleurs,
une bague en onyx portait l'inscription en latin « avdi vidi » (j'ai
entendu et vu) en référence à une superstition juive selon laquelle cette
pierre pouvait permettre une communication en rêve avec des êtres chers
disparus. Il y avait aussi un florin en or et d'autres monnaies plus petites
qui servaient probablement au paiement de la dîme annuelle due par les riches
juifs à l'empereur.
Aujourd'hui, il y a
peu de traces d'une présence juive à Colmar. La synagogue et d'autres bâtiments
religieux ont disparu depuis longtemps alors que les juifs avaient été jugés
responsables de la peste noire qui avait ravagé l'Europe au Moyen Âge. On a d'ailleurs
estimé que la moitié de la population juive du Saint Empire romain avait
disparu entre 1348 et 1351 à cause de la peste ou des persécutions dont ils
avaient été victimes.
Selon les archives
relatives à Colmar, on sait qu'un juif arrêté le 27 décembre 1348 avait
confessé sous la torture qu'il avait empoisonné les puits de la ville et qu'en
janvier 1349, les juifs qui y vivaient avaient été assassinés ou brûlés vifs
tandis que des pogroms avaient eu lieu dans le reste de la région où les
propriétés juives avaient été confisquées tandis que l'empereur Charles IV
avait accordé son pardon aux sujets responsables de ces meurtres, à condition de
pouvoir se faire octroyer une part des biens des victimes.
De ce fait, le trésor
de Colmar avait été probablement caché durant ce milieu du 14e
siècle par une famille juive avant qu'elle ne soit massacrée. Il porte donc en
lui un souvenir tragique de la vie juive en Rhénanie et ses environs à cette époque.