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LE JOURNAL D'UN HOMME BLASE (4e chapitre) par Adrian Darmon
19 Mars 2019
Catégorie : News
Cet article se compose de 5 pages.
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Inaugurée il y a moins d'un mois, l'exposition Toutankhamon à la Grande Halle de la Villette a fini par faire l'objet d'une controverse plutôt ridicule  de la part d'un petit groupe d'individus dits «  antiracistes  » qui comme un autre a obtenu la censure des « Suppliantes »d'Eschyle à la Sorbonne.

Ce groupe a tout simplement demandé l'interdiction de cette exposition en reprochant à ses organisateurs de cacher l'origine africaine du pharaon qui, selon eux,  était noir, tout comme l'ensemble des habitants de l'Egypte ancienne. Une théorie bien connue des sites complotistes et des égyptologues français, qui ont observé depuis plusieurs années sa propagation en tentant de déconstruire ces théories abracadabrantesques sans cacher leur inquiétude face au recul de la raison.

Bref, selon les protestataires, les égyptologues auraient nié la supposée origine africaine de Toutankhamon en affirmant que le royaume d'Egypte était noir et que les nez des statues et des momies auraient été cassés pour dissimuler le caractère épaté de ces derniers, preuve de l'origine africaine des Égyptiens. 

Ce serait ainsi pour cette raison que le Sphinx fut abîmé à cet endroit précis, une théorie évidemment farfelue, car il y avait toutes les variantes de couleurs de peau possibles chez les Égyptiens, mais surtout dangereuse, car elle s'est répandue de façon alarmante dans la communauté noire depuis plusieurs années.

A présent, ce discours a été récupéré par des individus exprimant une espèce de violence identitaire dans le but de faire une sorte d'OPA sur l'Égypte ancienne en arguant l'Égypte ancienne a été étudiée en premier lieu par les Européens et qu'il fallait donc obligatoirement contester leurs travaux.Ces comportements se retrouvent aujourd'hui dans les salles de cours à l'université, certains étudiants accusant les professeurs de propager une vision blanche de l'histoire pour affirmer qu'ils n'ont aucune légitimité pour parler de la civilisation africaine et que les travaux et la pensée des spécialistes s'assimilent à du racisme. 

Il n'y a donc plus de dialogue possible, ce qui est à la fois terrible et dommageable pour toutes les parties alors que ces dernières années, beaucoup de découvertes sur le peuplement de l'Égypte ancienne ont montré qu'il était fait de gens venant de tous horizons car ce pays était un couloir, sans compter qu'il y avait des mariages mixtes dans la population. Accuser les égyptologues de vouloir blanchir les Égyptiens est donc une ineptie car ils n'ont jamais prétendu que ceux-ci  étaient blonds aux yeux bleus.

L'iconographie égyptienne ne représente pas la réalité, mais la conception qu'avaient les Égyptiens de leur monde avec un code de la couleur, jaune pour les figures féminines et rouge sombre pour les masculines que les égyptologues interprètent par l'idée de l'homme actif, en plein soleil, et la femme à la carnation plus claire, au foyer, à l'abri du travail des champs en plein jour. 

Malheureusement, la raison n'a pas lieu d'être, les détracteurs des spécialistes se sont montrés capables de toutes les manipulations d'images en se servant de photographies de statues noircies de Toutankhamon pour affirmer qu'il avait la peau noire. Même chose pour sa momie, alors que ce sont les résines de l'embaumement, déversées en très grande quantité, qui ont noirci. Or, on sait qu'il n'était pas un pharaon originaire d'Afrique et si d'autres statues ont la peau noire,  c'est simplement parce que c'était la couleur de la résurrection dans l'Égypte ancienne.

On a même accusé les égyptologues d'avoir blanchi la peau de Ramsès II. En rappelant que,les Égyptiens appelaient leur pays «  Kemet  »(«  la noire  »), pour démontrer l'africanité de l'Égypte alors que «  La noire  » signifiait la terre fertile, la couleur du limon, le désert étant surnommé «  la rouge  », la terre stérile, sur laquelle rien ne peut pousser.

Les égyptologues ont tenté de réfuter de tels arguments farfelus en présentant des images de pharaons qui par exemple écrasaient des populations nubiennes. Mais rien n'y a fait. Malheureusement ces gens-là ont intéressé un public friand de ces absurdités, car elles flattent une identité. Pourtant quand on regarde l'histoire de l'Afrique, la splendeur de royaumes tels que celui du Dahomey par exemple, cela rend incompréhensible ce besoin de faire de l'Égypte un royaume uniquement africain, un fait qui devient terriblement dangereux pour la science et pour le dialogue.

Récupérant des discours nauséabonds, ces groupes traitent les égyptologues de racistes, mais ce sont eux qui le sont alors que Jean Yoyotte, le plus grand égyptologue qu'on ait jamais eu en France, était antillais. On sent maintenant qu'il existe un courant qui veut interdire la réflexion et la pensée, ce qui est très inquiétant du fait que l'université a commencé à abdiquer et que nombre d'enseignants en sont venus à ne pas vouloir faire de vagues.L'épisode des Suppliantes d'Eschyle annulées au prétexte que les masques des acteurs et la coloration factice de leur peau s'apparentaient à un «  blackface  » s'est évidemment inscrit dans cette logique pour empêcher désormais de poser un regard plus neutre et apaisé sur l'histoire quand on se retrouve face à cette violence et à ces accusations. Pour leur part, les spécialistes égyptiens n'ont pas caché pas leur étonnement face à ces théories complotistes en soulignant que l'Égypte ancienne, comme l'actuelle, est issue d'un mélange. Reste à espérer que les  étudiants n'oublieront jamais en sortant des cours que la critique et le recul sont les deux armes qui leur permettront de défendre la science, mais aussi la liberté.

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