ArtCult : Les actualités du marché de l'art .
Rechercher dans le site :
  Accueil
  Actualités
  Dossiers
  Marché de l'art
  Outils d'experts
  Communication
Recherche
Rechercher dans la page News :
Rechercher dans le site :

Citation
On finit par être pendu à son ordinateur à force de trop enchérir dans les ventes sur Internet. "j'E-Bay ou j'E.Bay pas ?"

Actuellement
Dernieres petites annonces
15/10: UN MOMENT DE DECOUVERTE ARTISTIQUE
UN MOMENT DE DECOUVERTE ARTISTIQUE SUR ferse.hubside.frA très bientot sur le site!!! ...
24/07: RECHERCHE OEUVRES MAJEURES
We are a consulting firm of Art and Antiques, whose main activity is themanagement of p...
08/04: RECHERCHE OEUVRES D'ARTISTES ROUMAINS
Collectionneur recherche oeuvres importantes d'artistes roumains: Pascin, Janco, Maxy...
> Passer une annonce
Estimation d'oeuvre d'art
Envoyez nous une photographie accompagnée d'une description afin de bénéficer de notre expertise.
Soumettre une estimation

Lettre d'information
Entrez votre email pour souscrire à notre lettre d'information :

News

Catégorie :
60 titres
Page précédente 59/60
Retour
L'ART ET LA POLITIQUE par Adrian Darmon
16 Août 2007
Catégorie : FOCUS

 

Les gens contemplent en général une œuvre d'art enfonction de son attrait esthétique en se demandant rarement si elle a ou a eu une signification autre qu'artistique, ce qui est somme toute une habitude dufait que ceux-ci manquent pour la plupart des clés de la connaissance en la matière.

Depuis  plus de 3000 ans, l'art a en fait joué un rôle majeur dans la volonté des peuples de célébrer leurs dieux, d'honorer leur religion ou de manifester leur domination et la gloire de leurs conquérants alors que désormais, il recèle souvent d'une connotation sociale ou politique.

Les Egyptiens, les Perses, les Grecs puis les Romains se servirent ainsi de l'art comme d' une arme redoutable pour démontrer d'une part la supériorité de leurs dieux et d'autre part, celle de leur civilisation.

Les représentations des dieux, suivies de celles de leurs gouvernants, n'avaient donc pas seulement un caractère artistique puisqu'elles servaient à conditionner leurs sujets et à  les impressionner, d'ailleurs tout autant que leurs ennemis sans compter que l'art se mit aussi naturellement au service de la propagation d'une multitude de  légendes.

Sans les pièces de monnaies et les  bustes aux effigies d'empereurs, l'histoire aurait bien été en peine de laisser  des traces tangibles au bout de plusieurs siècles. Qu'aurait-on su des règnes des pharaons, des rois perses, des exploits d'Alexandre, César, Auguste et  j'en passe. Qu'aurait-on pu apprendre des mœurs des Grecs ou des Romains sans les sculptures de leurs dieux, sans les vases peints de scènes mythologiques, sans les fresques de Pompéi et d'Herculanum, des bas-reliefs de nombreux temples et  édifices si cela n'avait pas existé ? Pas grand chose.

Ensuite, pour asseoir un peu plus sa  domination en Europe, la chrétienté monopolisa complètement l'art en le mettant au service exclusif de la religion et ce, jusqu'au moment où les princes italiens cherchèrent à asseoir  leur statut en faisant appel aux plus grands artistes de leur temps. Bien entendu, les rois ne furent pas en reste, Charles Quint et François 1er rivalisant sans cesse pour rendre leur règne plus éclatant.

Lorsque Louis XIV fit  construire Versailles, ce ne fut pas seulement pour promouvoir les arts mais  aussi pour glorifier sa splendeur alors que chaque pays voisin veillait alors à assssurer le développement de son domaine culturel. Parallèlement, les gens issus de la  noblesse et même de la haute bourgeoisie en vinrent aussi à s'intéresser à l'art, ce qui profita à bon nombre de créateurs à condition de demeurer plutôt  obséquieux à leur égard, une règle qu'un artiste comme Rembrandt ne respecta  plus après la mort de sa femme, ce qui le priva progressivement de commandes et  le mena à la ruine.

Au 18e siècle, des  monarques comme Frédérick II de Prusse ou Catherine II de Russie donnèrent la part belle aux arts en étendant progressivement leur influence en Europe.

En France, les destructions d'œuvres d'art et la dilapidation du patrimoine vendu sans regret aux enchères pour effacer toute trace de la royauté lors de la Révolution furent le résultat  d'une volonté politique destinée à créer un nouveau courant. Au lieu donc de  préserver nombre de chefs d'œuvre, les révolutionnaires s'évertuèrent  à les remplacer par des représentations artistiques plus conformes à leurs goûts, ce qui ne les empêcha pas au passage de piller les trésors artistiques de l'Italie en imitant en cela  certains ancêtres ou prédécesseurs de Louis XVI. La  politique voulue par Robespierre ne dura guère, car en dehors de l'avènement du  néo-classicisme, qui eut jacques-Louis David pour chef de file, la prise du pouvoir de Bonaparte devenu Napoléon empereur des Français eut pour effet de revenir en grande partie à celle du passé en mettant  toutefois un accent appuyé sur le culte de la personnalité.

L'avènement  de la bourgeoisie imposa de nouveaux canons dans l'art après une brève  immersion dans le romantisme, ce qui fit que les goûts changèrent progressivement quoique les styles restèrent liés au conformisme académique. Cela  étant, il y eut un intérêt accru pour la peinture en plein air qui permit au  final l'éclosion des Impressionnistes lesquels furent cependant écartés des  grands salons durant de nombreuses années.

Le règne de  Louis-Philippe donna lieu lui aussi à un contrôle assez strict sur les arts, notamment dans le domaine des caricatures et de la photographie, tout en  favorisant les goûts des bourgeois. Celui de Napoléon III ne fut guère  différent avec cependant la manifestation d'un nouvel intérêt très particulier  pour le monde rural et les scènes domestiques glorifiant le travail et la famille.

La  révolution industrielle suscita également un mouvement vers la représentation  des scènes citadines et du progrès mais au plan national, tout resta  consciencieusement verrouillé au point que les Impressionnistes et d'autres  artistes comme Cézanne, Van Gogh, Gauguin, Toulouse-Lautrec ou même Degas  durent attendre la fin du XIXe  siècle pour devenir prisés en France alors qu'ils  étaient déjà mieux connus dans certains pays étrangers.

Ce qui se  passa artistiquement en France au XIXe siècle ne fut pas totalement différent  ailleurs et il fallut attendre le tournant du XXe siècle pour que les artistes  se libèrent enfin des carcans de l'académisme imposé avec force dans toutes les  capitales dans un but évidemment politique.

Des  artistes comme Cézanne avaient ouvert la voie. L'accélération du développement économique et social fit le reste. Déjà, à la fin du XIXe siècle, des artistes  français, anglais, allemands et russes avaient choisi de traiter le thème du  monde ouvrier sortant d'une sorte d'esclavagisme sous la houlette de syndicats  nouvellement créés alors que le mouvement anarchiste ne manqua pas d'attirer  certains d'entre eux.

Le début du  XXe siècle fut tonitruant pour les arts après l'émergence de nombreux  mouvements ayant suivi l'Impressionnisme. Il y eut les Nabis puis les Fauves, les Expressionnistes et les Cubistes qui imposèrent leur présence brutalement  au grand dam des tenants de l'académisme qui n'avaient cependant pas désarmé si on en juge par les nombreux articles virulents qui fleurirent avant  1914.

Il convient  de souligner que dès 1900, l'Europe était comme une cocotte-minute laissée sur  le feu qui allait exploser un jour ou l'autre sous la pression des masses  populaires fatiguées de demeurer sous la férule de monarques décadents, comme ce  fut surtout le cas en Russie. Il y eut donc une brèche par laquelle  s'engouffrèrent nombre de mouvements artistiques qui ne demandaient qu'à  s'exprimer librement alors que la France était de son côté soumise à une instabilité d'un autre ordre due à des changements de gouvernement répétés, à la séparation  de l'Eglise et de l'Etat, à l'affaire Dreyfus, qui divisa le pays et donc nombre d'artistes, à la modernisation et au désir constant de revanche contre les Prussiens.

Le levier  politique en art était devenu bien moins fermement tenu depuis la chute de  Napoléon III, ce qui n'était pas le cas en Allemagne ou encore moins en Russie  où la révolution était en train de germer. Durant le dernier quart du XIXe  siècle, les seul cas patents qu'on puisse signaler, en dehors des caricatures de la presse, avaient été la mise en exergue de Jeanne d'Arc,  une héroïne surgie du passé et hautement idéalisée et les scènes militaires  rappelant un glorieux passé, ce qui permit à des artistes comme Meissonnier de  recevoir des commandes plutôt princières de la part de l'Etat. Toutefois, dès le début du XXe siècle, le registre patriotique avait fini par s'appauvrir  étrangement alors que la guerre pointait, ce qui démontre que les mœurs avaient  changé et que le progrès, devenu vertigineux, avait bousculé des traditions  solidement ancrées auparavant.

On imagine  mal à quel point un mouvement comme le Cubisme prit de court les gouvernants de l'époque qui semblèrent figés dans des convictions surannées au sujet  de  l'utilisation des arts dans leur politique. C'était comme si ceux-ci n'avaient  rien vu ou fait en sorte d'ignorer ce qui se passait, ce qui permit par contre  aux artistes de se montrer plus libres et plus audacieux quand bien même ils  pouvaient être traités de fous mais ce ras-le-bol manifesté au sein des  académies, qui fit longtemps rire les gens bien-pensants, devait finir par  emporter tout sur son passage une fois la guerre survenue.

Les  souffrances, les destructions, les excès du capitalisme eurent raison des pouvoirs  en place en Russie et en Allemagne où l'art se transforma en instrument de  propagande pour les nouveaux maîtres du Kremlin et pour ceux qui tentèrent  d'instaurer une nouvelle ère révolutionnaire à Berlin. Les entreprises des uns  n'eurent cependant pas des résultats identiques pour les autres, les héritiers de Lénine parvenant à museler les arts à leur seul profit alors que les partisans de Karl  Liebknecht et de Rosa Luxemburg allèrent à l'échec en laissant leur pays tomber  ensuite sous le joug des nazis qui, eux, ne se privèrent guère de remettre de l'ordre  à leur façon en imposant un art strictement national-socialiste.

En France,  la période de l'entre deux guerres fut propice au développement de nombre de  courants artistiques, les Français voulant surtout panser les plaies du conflit  au point de se laisser bercer dans un pacifisme de bon aloi, ce qui n'empêcha pas  la presse française de manifester de plus en plus sa xénophobie à l'encontre de  centaines d'artistes venus travailler à Paris, considérée alors comme une ville  lumière. Ce n'était plus la police qui veillait au grain ni les jurys des  Salons qui s'érigeaient en censeurs mais plutôt la presse dont les articles  prirent un tour plus que scabreux au milieu des années 1930,  préparant ainsi inconsciemment le terrain pour les rafles et les persécutions qui allaient  survenir durant  l'Occupation.

A la fin de  la Seconde Guerre Mondiale, alors que la propagande soviétique battait son  plein à travers des œuvres glorifiant Staline et les acquis ou bienfaits du  Communisme, ce fut au tour des Etats-Unis d'utiliser les arts pour mettre leur  culture en avant. Comment ? Tout simplement en faisant campagne contre les  artistes européens, tous plus ou moins suspectés d'être liés aux communistes,  ce qui amena la CIA à inciter les musées et les grandes galeries d'outre-Atlantique de faire avant tout la promotion d'artistes américains, d'où l'émergence brutale des Expressionnistes-Abstraits sur le marché. Sur ce point, peu de gens ont idée de l'étendue d'une pareille campagne qui eut pour effet d'ostraciser les artistes européens et de donner  ainsi la primauté à l'art moderne américain sur le marché de l'art. on ne peutq ue le constater aujourd'hui.

Pour en  revenir à la France, il ne se passa pratiquement rien jusqu'à la fin de la IVe  République surtout que les différents gouvernements étaient occupés à accélérer  la reconstruction et la modernisation du pays tout en étant confrontés à la  guerre en Indochine et à l'instabilité en Algérie. Ce ne fut donc qu'avec  l'arrivée de De Gaulle au pouvoir et la nomination d'André Malraux au ministère  de la Culture que les choses commencèrent un peu à bouger sauf que Paris était  déjà entrain de perdre son statut de premier centre d'art du monde au profit de  New York.

Il fallut  cependant attendre le septennat de Georges Pompidou pour assister à un réel changement, ce dernier accordant enfin une place plus visible aux arts et  désirant laisser une trace de son passage avec la création du Centre Beaubourg qui porte son nom sans oublier la mise en activation de centres  régionaux d'art qui permirent à de nombreux artistes de se faire connaître ou  du moins subsister. Elu Président ,Giscard d'Estaing fut un peu plus frileux  que son prédécesseur alors que François Mitterrand puis Jacques Chirac se montrèrent enfin plus entreprenants pour leur part en favorisant le développement des arts et la construction de musées ou d'édifices majeurs.

L'art au  service de la politique n'a donc pas été un fait mineur au XXe siècle, bien au  contraire, puisque Mao Tsé Toung en fit un instrument incontournable du Communisme en Chine, imité en cela par ceux qui prirent le pouvoir au Vietnam  et d'autres pays communistes comme Cuba. Il n' y eut qu'une exception de taille  avant la fin de cette ère :le Cambodge où le régime de Pol Pot ignora la  portée de cette arme de choix en s'évertuant a-contrario  à effacer les traces de la  culture khmère pour se livrer à la politique du génocide afin de créer une  nouvelle civilisation. Au début du 21e siècle, l'émergence des  Talibans en Afghanistan fut à nouveau la cause d'un désastre culturel avec la destruction  ordonnée par ces derniers d'immenses statues de Bouddha, vestiges d'une  civilisation haïe par les islamistes. C'est dire à quel point l'art a été redoutable comme instrument jusqu'à devenir dérangeant.

Aujourd'hui, ce sont les artistes qui se servent de plus en plus de l'art comme instrument politique. En cela, ils sont les héritiers des Dadaïstes qui manifestèrent des  idées plutôt anarchistes à la fin des  années 1910 puis des Surréalistes  qui se moquèrent de la société et tentèrent de donner  au rêve une place  marquante dans leurs œuvres sans cependant éviter un côté morbide et désabusé.Il y eut aussi Wifedro Lam et d'autres artistes pour manifester un sentiment  politique dans leurs œuvres sans oublier également les créateurs du Pop Art ou  du Nouveau Réalisme qui dénoncèrent la société de consommation à divers degrés.

Aujourd'hui  donc, les connotations politiques, humaines, sociales et autres sont de plus en  plus présentes dans les œuvres parce que d'une part, le thème de la religion semble dépassé ou qu'il vire vers de nouvelles interprétations, comme celle de la kabbale, ainsi que vers d'autres préoccupations actuelles comme l'obscurantisme et que  d'autre part, les problèmes majeurs de notre temps, comme la mondialisation,  ont fini par occuper et même tourmenter les esprits, ce qui démontre que  l'homme a décidé de se prendre en main et que les régimes en place dans le  monde ont de moins en moins la possibilité de monopoliser les arts. Par contre, il est devenu patent que les grandes maisons de vente ont développé une politique de promotion à outrance de l'art contemporain au point  de bouleverser les donnes sur le marché et de réduire le rôle que tenaient les grandes galeries jusqu' à la fin des années 1980.

Finalement, si l'art n'est plus l'instrument politique tel qu'on l'a conçu jusqu'à la fin de la guerre froide opposant deux blocs bien définis, c'est parce que ce changement de situation est dû essentiellement au progrès qui fait que les distances sont raccourcies, aux rapports entre humains qui se sont multipliés rapidement, aux  mouvements migratoires qui ne sont plus jugulés, au brassage constant des populations et au fait que le monde est devenu bien plus instable. Or, qui dit  instabilité dit préoccupation, ce qui fait que les artistes, en plus de leur  talent, ont fini par posséder la faculté de voir le monde à leur façon, à  travers justement leurs préoccupations, notamment comme Anselm Kiefer, qui a  ressassé le thème de la culpabilité allemande concernant l'Holocauste, un drame  qu'il a maintes fois mis en scène. Ce qui fait que l'art est le miroir de nos propres  interrogations, que l'on s'en aperçoive ou non.

Adrian Darmon
Mentions légales Conditions d'utilisation Rédaction Annonceurs Plan du site
Login : Mot de passe ArtCult - Réalisé par Adrian Darmon