Il suffit de quelques minutes pour réaliser le bloc moteur d'une voiture usiné à la chaîne. Il faut par contre des journées de travail pour réaliser un bronze qui ne sera tiré au maximum qu'à une vingtaine d'exemplaires.
Grâce au procédé de réduction mécanique A. Colas, inventé sous Louis-Philippe, les fondeurs purent passer d'une activité artisanale au stade de la production en nombre suite à un fort accroissement de la demande pour les bronzes, devenus enfin populaires après 1830 sous l'impulsion de grands artistes comme Barye, Mène, Frémiet, Pradier, Carpeaux et d'autres grands noms de la sculpture. Les fonderies se mirent à essaimer mais le travail des fondeurs, s'il fut facilité par le procédé de réduction mécanique, resta pratiquement le même.
La plus grande fonderie durant la seconde moitié du XIXe siècle fut celle de Barbedienne qui produisit des bronzes animaliers et décoratifs en quantité. Il y eut également Susse Frères et d'autres fondeurs de renom comme Hébrard, Rudier ou Valsuani au début du XXe siècle mais à partir de la fin des années 1930, la plupart éprouvèrent des difficultés à subsister ce qui entraîna des faillites en chaînes au milieu des années 1970. Valsuani et même les Fonderies de la Plaine ne résistèrent pas à la crise économique et aujourd'hui, il ne reste que quelques fondeurs disséminés à travers l'Hexagone pour perpétuer une tradition séculaire en dépit des difficultés inhérentes à un art dont le principal défaut est de ne pas être bon marché parce que le métal n'est pas donné et que les journées de production sont longues pour parvenir à la perfection.
La technologie a certes pu faciliter le travail des fondeurs qui disposent de fours performants et de méthodes modernes pour réaliser des moules (souvent en élastomère) mais grosso-modo les techniques de fonte restent pratiquement les mêmes qu'au temps des Romains, notamment pour fondre des modèles selon la technique dite à la cire perdue et réaliser des ciselures et des patines. Pour ce faire, il faut de l'expérience et du doigté, une science de la fonte et un oeil averti, ce que possède un maître fondeur comme M. Pepino de la Fonderie Rosini qui avant de se mettre à son compte, a travaillé pour Valsuani et les Fonderies de la Plaine.

Cet homme là est non seulement un véritable amoureux de son métier mais également un technicien hors pair qui regrette au passage que les compétences des anciens sont difficiles à retrouver. Il n'est donc pas étonnant que les meilleurs sculpteurs actuels fassent appel à ses talents pour produire des épreuves de très grande qualité.
M. Pepino pourrait vous parler durant des heures de son extraordinaire métier, celui d'un alchimiste aux mains d'or qui à partir d'un modèle en plâtre sortira de ses fours un bronze magnifique qu'il travaillera ensuite avec art pour en faire un chef d'oeuvre en priant pour que l'artiste qui lui aura fait confiance soit entièrement satisfait. Son rêve serait de pouvoir réaliser des meubles artistisques en bronze à l'image de ceux produits il y a plus d'un demi-siècle par Diego Giacometti ou aujourd'hui par Lalanne, histoire de relancer un domaine où les pièces recherchées par les amateurs ne sont pas légion.

M. Pepino n'est rien d'autre qu'un magicien dont les réalisations en bronze méritent une médaille d'or et dont l'atelier invite au rêve...
Fonderie Rosini 21/25 rue de Stalingrad 93000 Bobigny Tel: 0148308904. Fax: 0148308994
e-mail: fonderierosini@wanadoo.fr