Les
ventes aux enchères de tableaux anciens qui se sont tenues à Londres au début
du mois de juillet 2015 n'ont pas donné lieu à des résultats stables tant chez
Sotheby's que chez Christie's.
Un
tableau de Lucas Cranach le Vieux a atteint 9,3 millions de livres chez
Sotheby's qui a totalisé 39,3 millions de livres pour sa vente pour devancer
Christie's qui n'a enregistré que 18,9 millions pour la sienne alors que
l'estimation globale dépassait 30 millions, ce qui démontre que les tableaux
anciens qui ont représenté 8% de la part du marché en 2014 contre 10% pour
l'année précédente sont devenus plus difficiles à vendre.
A cela,
deux raisons. 1) les amateurs sont moins nombreux qu'il y a 25 ans lorsque les
tableaux de maîtres anciens représentaient 15% du CA du marché de l'art. 2) Les
collectionneurs se sont multipliés pour le domaine des tableaux modernes et
contemporains plus en phase avec leurs goûts.
N'empêche,
la vente de Christie's a été inférieure de 58% par rapport à celle de juillet
2014 avec 31 lots vendus sur 48 et deux oeuvres de Pieter Brueghel II estimées
chacune à 6,5 millions de livres qui n'ont pas trouvé preneur en l'empêchant
d'atteindre son estimation globale.
Pour sa
part, Sotheby's s'en est mieux tirée avec cependant un recul de 42% par rapport
à sa vente de 2014 qui avait rapporté 68,3 millions de livres en ne vendant
cette fois que 37 lots sur 57 tout en enregistrant des records de prix pour 5
artistes, notamment Cranach dont le précédent record datant de 1990 se situait
à 4,8 millions de livres.
Peinte
entre 1525 et 1528 son oeuvre titrée "The Bocca della Verita" (la
bouche de vérité) montre une femme accusée d'adultère mettant sa main dans la
gueule de la sculpture d'un lion afin de savoir si elle ne ment pas et
l'estimation de celle-ci a évidemment dit sa vérité en convainquant plusieurs
enchérisseurs de s'y fier surtout qu'il s'agissait d'une des dernières grandes
oeuvres de la Renaissance restée en mains privées.
Cela dit,
le fossé entre les maîtres anciens et les artistes contemporains ne cesse pas
de s'élargir si on considère que lors de la vente de Sotheby's organisée la
même semaine à New York a vu un tableau de Takashi Murakimi s'envoler à 15,2
millions de dollars alors que d'un point vue esthétique et historique une
oeuvre de Cranach dépasse de loin les pastiches du peintre japonais.
Un autre
résultat assez satisfaisant pour les anciens a été enregistré pour un portrait
du roi Henri VIII par Hans Holbein le Jeune qui a atteint 965,000 livres,
toutefois dans la fourchette de son estimation. Datant de 1542, ce portrait
figurait parmi les 4 tableaux de la collection du célèbre domaine de Castle
Howard proposés à la vente par Sotheby's. Il avait été peint la même année de
l'exécution de Catherine Howard, la 5e femme du monarque.
Provenant
de la même collection, le portrait d'un jeune garçon d'environ 8 ans, donné
pour être le fils de Ferdinand Bol que celui avait peint en 1652 a été adjugé
en favuer d'un amateur de Hong Kong au prix de 5,2 millions de livres pour
dépasser de 2 millions le précédent record établi pour l'artiste.
Par
ailleurs, parmi 9 objets provenant également de la collection Howard, un vase
en granite de l'époque romaine a presque doublé son estimation de 600,000 livres pour
atteindre 1,1 million, le reste ayant totalisé 11,6 millions, soit mieux que
l'estimation globale de 10,8 millions tandis que Christie's, la meilleure
enchère a été enregistré pour une vue côtière de Richard Parkes Bonington qui a
été adjugée pour 2,5 millions de livres, un record pour l'artiste qui n'aura
toutefois pas consolé la maison de vente.