300 millions de dollars par là, 390
millions par ci, les grandes ventes aux enchères organisées à New York ont fait
le buzz durant la première quinzaine de novembre en attirant surtout de riches
collectionneurs et peu de galeristes nullement désireux de payer des sommes
folles pour des oeuvres qu'ils auront le plus grand mal à revendre en privé.
Le nu couché de Modigliani adjugé chez
Christie's pour 170 millions de dollars en faveur d'un milliardaire chinois était hors
de portée pour les professionnels qui auraient vraisemblablement été traités de
fous en cherchant à le vendre à ce prix de gré de gré.
En fait, ce sont les ventes moins huppées
sur lesquelles ils préfèrent porter leur intérêt en enchérissant par exemple sur des oeuvres de
Mike Kelley ou Christopher Wool proposées aux alentours de 1,5
million de dollars avec l'assurance de ne pas se ruiner et surtout de faire des
profits alors que dans les grandes ventes, les vendeurs bénéficient de
garanties pour obtenir des prix prohibitifs aux yeux des galeristes.
Il faut aussi savoir que les professionnels
ne font pas seulement de l'argent avec les oeuvres qu'ils exposent mais aussi
avec celles qu'ils choisissent dans des catalogues de ventes moins prestigieuses où
certaines d'entre elles sont proposées avec des estimations attrayantes.
Les grands galeristes parviennent ainsi à
détecter de véritables joyaux qui mériteraient d'être mieux considérés par les
experts des grandes maisons de vente dont les vacations de prestige organisées
en soirée offrent en fait peu de surprises.
Par contre, les ventes de la journée avec
parfois plus de 500 lots au catalogue sont nettement plus intéressantes pour donner aux professionnels l'occasion de faire de bonnes affaires en profitant
d'estimations modestes et aussi de "trous" inexplicables entre les enchères.
Chez Christie's, on a vu des oeuvres de
Meyer Vaisman, Richard Artschwager, Susan Rothenberg, Rosemarie Trockel ou Mel
Bochner estimées entre 4000 et 10 000 dollars et d'autres, comme par Sol
Lewitt, proposées à 30 000, des prix très abordables pour des grands noms de la
scène artistique.
Certes, il y a à boire et à manger dans les
ventes organisées durant la journée par Sotheby's et Christie's mais surtout un
choix très diversifié pour contenter les galeristes sans qu'ils se mettent
financièrement en danger.
Pour conclure, il est intéressant de noter
que ces ventes totalisent souvent plus de 200 millions de dollars pour 500 lots
en donnant une image du marché bien plus exacte qu'une vacation se limitant à
70 lots considérés comme ce qu'il y a de meilleurs pour des collectionneurs qui
ne lésinent pas à la dépense sauf que ceux-ci devront conserver leurs
acquisitions durant un certain temps avant de songer en tirer un bénéfice, ce
qui n'est pas toujours gagné d'avance.