Il reste qu'une seule des œuvres connues de Sandro Botticelli (1445-1510) entre les mains d'un collectionneur privé : le Portrait de Michele Marullo Tarcaniota, qui sera mis en vente à Londres au début du mois d'octobre.
Universitaire grec, soldat et poète à la cour des Médicis, Michele Marullo Tarcaniota vécut à Florence et participa à plusieurs croisades en Crimée et en Italie. Principalement connu pour ses poèmes romantiques, ses hymnes et ses épigrammes autobiographiques, il mourut prématurément en 1500, à l'âge de 41 ans, noyé lors de la traversée d'une rivière à cheval en pleine bataille. Les historiens estiment que sa femme, Alessandra Scala, fille du chancelier de Florence, avait commandé le portrait à Botticelli après sa mort.
Selon Trinity Fine Art, qui orchestrera la vente à Frieze, il a fallu plus de 300 ans avant que l'œuvre ne soit répertoriée officiellement. Celle-ci avait été offerte par un marchand d'art à Eugène de Beauharnais, le fils de l'impératrice Joséphine de Beauharnais, mais elle était alors attribuée à un autre artiste. À la fin du XIXe siècle, il fut finalement authentifié et rendu à la main de Botticelli. Après plusieurs années passées au sein d'une collection allemande, l'œuvre entrée en possession du politicien espagnol Francesc Cambó i Batlle en 1929, où elle pendant plus de 90 ans, avant d'être prêtée au musée du Prado à Madrid dès 2004.
Le chef-d'œuvre sera présenté à Londres lors de Frieze, dans le pavillon Frieze Masters, du 3 au 6 octobre 2019. Proposé pour environ 30 millions de dollars, le tableau pourrait tripler le record mondial de l'artiste établi à 10.8 millions de dollars en 2013 chez Christie's pour la Madone et l'enfant avec le jeune saint Jean-Baptiste, surnommé la « Madonna Rockefeller » qui avait appartenu à l'illustre collectionneur de 1931 à 1981.
Étant donné que les œuvres de Botticelli sont rarement présentées aux enchères, même les œuvres qui ne lui sont pas officiellement attribuées par des experts attirent l'attention des acheteurs. Cela a été le cas de Portrait d'un jeune homme, dit « dans le style de Botticelli », vendu aux enchères cet été pour 7,5 millions de dollars, soit plus de 900 fois son estimation, fixée entre 5 000 et 7 000 dollars.
Si ce chef-d'œuvre ne sera pas mis aux enchères au sein d'une grande maison, c'est parce qu'il est actuellement sous une licence d'exportation temporaire, a révélé le journal The Art Newspaper. Son acquisition doit d'abord être approuvée par le gouvernement espagnol avant de pouvoir quitter officiellement le pays. En dépit de cette réglementation, l'opportunité d'acquérir la dernière œuvre privée de Botticelli demeure forte.