L'artiste croate Mladen Stilinovic est décédé
à l'âge de 69 ans des suites d'une longue maladie.
Né en Serbie en 1947, Stilinovic avait émergé
en Yougoslavie sous l'ère du président Tito en produisant des oeuvres à connotation
politique avant de devenir à Zagreb une figure de proue de l'art croate au sein
du groupe avant-gardiste des Six Artistes avec Vlado
Martek, Boris Demur, Željko Jerman, Sven Stilinović et Fedor Vucemilovic durant
la seconde moitié des années 1970.
Après la chute du
Rideau de fer et l'éclatement de la Yougoslavie, Stilinovic avait développé son
étude du langage qui joua un rôle central dans son oeuvre d'inspiration sociale
avec l'utilisation de la couleur rouge.
En 1993, il publia son
texte en hommage de la presse dans lequel il fit une comparaison des défis
offerts aux artistes du bloc de l'Est face à ceux travaillant en Occident.
"Les artistes
occidentaux ne sont pas fainéants et ne sont pas en conséquence des artistes mais
plutôt des producteurs. Leur implication vis-à-vis de choses de peu
d'importance comme la production, la promotion, le système des galeries, des
musées et de la compétition, leur préoccupation à l'égard des objets, tout cela
les conduit en dehors de la paresse dans le domaine de l'art. En fait, tout
comme l'argent est du papier, une galerie n'est qu'un espace.
Les artistes de l'Est
étaient paresseux et pauvres car le système des facteurs insignifiants
n'existait pas. En conséquence de quoi, ils avaient du temps pour se concentrer
sur l'art et la paresse. Et même lorsqu'ils produisaient de l'art, ils savaient
que c'était en vain et que ce n'était rien", avait-il écrit dans son
livre.
Stilinovic produisit
ses oeuvres les plus fameuses entre 1984 et 1990 en exécutant sa série
"Exploitation du Mort" qu'il exposa souvent à l'étranger. Dans
celle-ci, il s'évertua à alterner des éléments et à les réorganiser
différemment à travers des répétitions infinies en explorant la façon dont les
objets se plaçaient sur un plan historique pour perdre leur signification
au fil du temps et être vus autrement.
"Si la mort doit
être exploitée artistiquement, c'est donc définir un acte violent et nous devons
alors en mesurer les conséquences", avait-il déclaré.