La Fondation Louis Vuitton au Bois de Boulogne
présente en première mondiale
jusqu'au 20 février 2017 une réunion de 130 chefs d'oeuvre sur les 275 de la
collection d'art moderne du richissime industriel russe Sergueï Chtchoukine
(1854-1936) que les Soviétiques avaient saisie
après la Révolution de 1917.
Passionné d'art, Chtchoukine découvrit l'art
occidental grâce à ses frères
collectionneurs, Piotr, Dimitri et Ivan en achetant des tableaux de paysagistes anglais
et des préraphaélites avant de s'intéresser
aux Impressionnistes et les peintres avant-gardistes à l'orée du XXe siècle.
Nouant des contacts avec les marchands parisiens
Paul Durand-Ruel et Ambroise
Vollard, il fit l'acquisition d'oeuvres de Degas, Monet, Cézanne, Gauguin, Van Gogh,
Pissarro, Denis ou Puvis de Chavannes pour se
constituer une collection incroyable en une dizaine d'années.
Chtchoukine eut pour ambition de créer son propre
musée, ce qu'il fit en
1908 avec l'ouverture du palais Troubetskoï alors qu'il venait de perdre son fils, sa femme et
son frère Ivan.
Salué comme un collectionneur audacieux par les
progressistes mais moqué
par les bourgeois de son pays qui le considéraient comme un gogo sans comprendre qu'il avait raison
de croire en des pionniers de l'art comme
Picasso et Matisse qu'il rencontra en 1906 pour acheter au total 50 oeuvres au premier et 37 à
ce dernier.
En 1918, Chtchoukine fut contraint de quitter la
Russie avec sa seconde épouse
et leur fille pour s'installer à Paris en
abandonnant derrière lui sa
fabuleuse collection qui fut saisie par le gouvernement soviétique et placée au
musée d'Etat de l'art occidental moderne alors que 30 ans plus tard, elle fut dispersée
sur ordre de Staline en étant répartie dans les musées de l'Ermitage de
Saint-Pétersbourg ou Pouchkine de Moscou.
C'est donc un grand exploit d'avoir pu la réunir à
la Fondation Vuitton 8
Cézanne, 12 Gauguin( sur les 16 de la collection), 23 Matisse (sur 37), 8 Monet (sur
13), 29 Picasso (sur 50) et d'autres oeuvres
de Degas, Van Gogh, Braque, Derain, Courbet, Pissarro, Signac, Malévitch ou
Kliun et ce, après d'âpres négociations avec les autorités russes.