Un carnet de dessins inédits du peintre Vincent Van Gogh a été présenté 15 novembre à Paris, deux jours avant sa publication simultanée en France et dans plusieurs pays sous le titre de "Vincent Van Gogh, le brouillard d'Arles, le carnet retrouvé".
Pratiquement rien n'a filtré sur le contenu de cet ouvrage de 288 pages édité par le Seuil et signé par la spécialiste de l'artiste Bogomila Welsh-Ovcharov, une des commissaires de l'exposition "Van Gogh à Paris" en 1988 au Musée d'Orsay.
"Ce carnet stupéfiant et fulgurant n'est connu que des propriétaires, de moi-même et de l'éditeur", avait indiqué il y a quelques mois Bernard Comment, éditeur de l'ouvrage vendu 69 euros
Détenu par un propriétaire privé retrouvé en 2008 par le commissaire-priseur de Monaco Franck Baille suite à une information donnée par un de ses amis, les 65 dessins de ce carnet forment un ensemble très impressionnant alors que leur authenticité est bien établie par un faisceau d'indices et de recoupements, a souligné l'éditeur en précisant qu'un travail scientifique avait été effectué pour démontrer qu'il avait bien été utilisé par Van Gogh durant sa période arlésienne lorsqu'il se trancha l'oreille le 23 décembre 1888 après une dispute avec Paul Gauguin.
Néanmoins, les spécialistes patentés du Musée Van Gogh d'Amsterdam n'ont guère été convaincus de l'authenticité de ces dessins après avoir envoyé paître Bogomila Welsh-Ovcharov lors d'une entrevue d'une heure qu'elle avait sollicitée avec l'appui du spécialiste de l'artiste Ronald Pickvance.
Le premier dessin contenu dans ce carnet marron est un cyprès sous le soleil, typiquement de la veine de Van Gogh alors que les autres résument parfaitement son séjour à Arles, peut-être un peu trop, à croire que l'artiste souffrait d'amnésie pour se sentir obligé de tout noter ce qu'il faisait pour ne rien oublier.
Bref, arrivé dans la ville en 1888, Van Gogh aurait récupéré pour faire ces dessins un vieux livre de comptes appelé "brouillard" utilisé par les épiciers ou les cafetiers, comme les Ginoux qui tenaient le Café de la Gare que l'artiste a représenté en y ayant ses habitudes.
Le premier dessin daterait de mai 1888 et le dernier de mars ou avril 1890, quelques jours avant son départ pour Auvers-sur-Oise et son suicide à 37 ans cette année-là mais en quittant Arles, il aurait confié le carnet et d'autres objets aux Ginoux qu'il appréciait.
Le carnet resta donc à Arles mais, mélangé à d'autres livres de comptes, il fut soi-disant oublié avant de réapparaître lors d'un bombardement américain suivant le débarquement de Provence en 1944 lorsqu'un aïeul de l'actuel propriétaire l'aurait ramassé et emmené dans le centre de la France durant un déménagement jusqu'à sa découverte en 2008 par Franck Baille.
On ignore si le parcours de ce carnet peut être vérifié avec minutie, auquel cas il pourrait être authentique mais on sait par contre que des faux Van Gogh ont été diffusés entre les années 1910 et 1930 alors que le musée Van Gogh a décrété que les dessins qu'il contient sont des imitations réalisées avec une encre que l'artiste n'utilisait pas entre 1888 et 1890.
La publication de "Vincent Van Gogh, le brouillard d'Arles, carnet retrouvé" ne fera donc qu'alimenter un interminable débat qui risquera de durer des années sans donner satisfaction au possesseur de ce carnet incroyable qui contient en fait trop de dessins pour avoir une chance de paraître 100% authentique aux yeux des responsables du musée d'Amsterdam.