Le musée des beaux-arts de Houston s'est offert un tableau
redécouvert de Delacroix représentant des femmes d'Alger dans leur appartement
(1833-34), une première version de l'œuvre figurant au musée du Louvre.
Présenté en 2018 pour authentification par une particulière
au marchand Philippe Mendes, ce tableau qui avait disparu depuis sa vente en
1850 a finalement été authentifié par Virginie Cauchi-Fatiga, la spécialiste de
Delacroix.
Cette œuvre avait marqué un tournant dans l'évolution de la carrière du peintre peu après la conquête
de l'Algérie par la France en 1830, ce qui l'avait amené à joindre une mission
diplomatique conduite par le comte de Mornay qui la lui acheta avant de la revendre en 1850
sans qu'on puisse savoir sa destination.
A Alger et au Maroc, l'artiste s'était plu à dépeindre une
culture encore inconnue en Europe à travers des dessins et des tableaux souvent
consacrés à des intérieurs de famille juives ou musulmanes. Celui acquis par le
musée de Houston représente l'intimité d'un sanctuaire réservé à des femmes et
leurs servantes dans la résidence d'une personnalité algérienne qui lui accorda
un bref accès à ce lieu. On y voit à droite une femme portant un collier et des
bagues aux doigts assise sur le sol se
penchant avec le bras droit reposant sur un coussin avec une robe drapée tandis
que sa servante en turban se retourne comme si elle répondait à son appel.
Cette composition est reprise dans le tableau plus imposant du Louvre qui
comporte deux autres figures assises.
En fait, Delacroix ne demeura que quatre jours à Alger, une
brève période durant laquelle il produisit plusieurs études au crayon ou à l'aquarelle
avec des annotations sur les intérieurs ou les habits de ses sujets représentés
en réalisant à Paris les tableaux du Louvre et de Houston puis une autre
version peinte entre 1847 et 1849 qui figure dans les collections du Musée
Fabre de Montpellier.