Près de la moitié des ventes aux enchères d'art d'après-guerre et
contemporain ne repose que sur 25 artistes, d'après une analyse du site Arnet
qui a déterminé que leurs oeuvres adjugées durant le premier semestre de 2017
avaient totalisé 1,2 milliard de dollars, soit 44,6% des 2,7 milliards enregistrés
dans ce domaine.
Cela veut dire que les amateurs ne s'intéressent qu'à un groupe restreint
d'artistes qui représentent le haut du panier du marché, en particulier Warhol,
Lichtenstein, Cy Twombly, Gerhard Richter, Peter Doig, Christopher Wool, Mark Grotjahn,
Agnes Martin, Yayoi Kusama, Basquiat, Bacon, Cui Ruzhuo, Rudolf Stingel,
Dubuffet, Fontana, Calder, Sigmar Polke, Rauschenberg, Hockney, Guston, Haring,
Hirst, de Kooning, Zeng Fanzhi ou Norman Rockwell.
Cette étude a été menée d'après les résultats de 70,507 oeuvres vendues
par 420 maisons de vente dans le monde durant le premier semestre de 2017 pour
montrer que la tendance s'est accrue par rapport à la même période en 2016 où
le pourcentage des artistes concernés n'avait été que de 37,4 %, ce constat
n'ayant pas été le même que durant les années 1980 lorsque les amateurs
s'intéressaient plus à des artistes émergents.
Cette nouvelle tendance s'est accélérée après les crises de 2000 et 2008
lorsque les collectionneurs se sont rendus compte que seules les valeurs sûres
du marché pouvaient se vendre sans trop de souci alors que celui-ci pouvait en
outre compte sur l'arrivée de riches acheteurs d'Europe de l'Est , du Golfe ou
d'Asie attirés eux aussi par les grands noms de l'art.
Les gagnants parmi les artistes ont en commun d'être pour la plupart
blancs, dont 13 des Etats-Unis alors que les noirs, avec Basquiat pour chef de
file, et les femmes ont été en général en retrait. Plus que jamais donc, les
acheteurs sont attirés par des trophées et ne prennent pas de risques sur le
marché alors que certains grands artistes comme Lucian Freud ou Jasper Johns ne
figurent pas parmi les 25, ce qui s'explique toutefois par le nombre restreint
de leurs oeuvres proposées en vente.
Il y a également un autre facteur à prendre en compte, c'est à dire la
réduction de 17% des oeuvres majeures passées en vente? compensée néanmoins par
une augmentation de 25,6% des prix obtenus. Résultat: moins il y a de lots,
plus les prix montent. Par ailleurs, il suffit que l'oeuvre d'un artiste soit
adjugée à 25 millions de dollars pour qu'il figure dans le haut du panier, même
si ses autres productions se vendent pour bien moins tandis que certaines de
celles d'artistes chinois qui se sont envolées à des prix faramineux n'ont
jamais été payées par leurs acheteurs.
Cette étude n'a pas pris en compte les oeuvres vendues en privé ou par des
galeries qui représentent un pourcentage élevé dans le domaine de l'art
contemporain et profitent à des artistes dont les réalisations sont quasiment
absentes des salles de vente. Mais en règle générale, ce ne sont pas ces
derniers mais surtout les collectionneurs qui tirent leur épingle du jeu. Reste
à savoir si la tendance actuelle va perdurer parce que tôt ou tard, le marché
aura besoin d'aller au-delà des 25 noms qui sont privilégiés par les acheteurs.